Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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50. Aan zijne oudersGa naar voetnoot1). (K.A.)*Ik ben nu veel beter, al is de wond niet geheeld. ‘Le drole chirurgien qui est un homme rude et grossier, au reste empirique, de grande prattique et fort recerché de touts costez, m'a si bien livré mon compte devant hier qu'il m'a fallu luy payer 20 schell. sterl. d'avance, à moitié besoigne, selon la coustume d'icy de suppler l'autre moitié à la fin de la cure, qui feront deux belles livres sterl. pour somme. Voila que c'est de tomber entre les mains de cette vilaine race Hippocratique en un païs ou l'argent vole à si bon marché. Et encor je ne veux nullement entrer en contestation avec moy mesmes sur l'exces de la despence, considerant combien me doibt valoir en païs estrange ma santé que, par la grace de Dieu, j'en ay racheptée. Ce que j'ay eu de bon en cette petite affliction, c'a esté de me trouver au logis d'un hoste qui, à la verité, n'a nullement dementi sa courtoisie ordinaire envers les estrangers en mon endroit, ne manquant presques point de me venir veoir luy mesmes touts les jours une ou deux fois en ma chambre, outre la bonne charge qu'il en laissoit à ses serviteurs et domestiques, incliné, comme je trouvois, d'un soin et commiseration paternelle envers moy. Je ne sçaurois trouver le diable à moitié si noir, comme l'on me l'avoit peint, et m'asseure que parmi tant d'aultres je seray l'unique presques qui pourray me vanter d'avoir sceu passer et discretement mespriser les caprices d'un homme le plus enormement fantasque et facheux de la terre, au contrepoix des courtoisies et faveurs dont il a accoustumé d'obliger le monde, ceux principalement de sa nation. Chose, à mon advis, fort aisée, si les gents pouvoyent tant soit peu s'accommoder aux humeurs de leur hoste. Mais certes un Joncker BarneveltGa naar voetnoot2) et ses semblables n'y duisoyent point, par quoy il faut peu estimer les rapports que telles gents font tantost de son accueil et tantost de son mesnage et traitement. S'il est vray ce que ses serviteurs me content de son gouvernement en privé, je seroy insencé de l'approuver. Mais ce sont choses dont il ne me chaut nullement pour ce peu de temps que j'y seray; j'accepte par provision en mon endroit les courtoisies dont il m'honore, qui m'obligeront à luy en sçavoir gré toute ma vie; aille du reste comme voudra, ick woon op een camer. Pour vous dire combien à propos je me suis remis sur le pied, vous sçaurez, s'il vous plait, que Lundi passé qui fut le 9e stile nouveau, Mons.r de Schoonewalle estant allé en cour à Greenwich pour certaines affaires qu'il avoit avec le Lord Chamberlaine, y apprit par ordre du Roy, que sa Majesté avoit desseing de l'aller veoir en sa maison icy à Lambeth le lendemain Mardi, selon qu'il a accoustumé de faire quasi touts les ans environ la saison des cerises meures, pour en venir manger ici au jardin, ou y en a bonne quantité et de son goust. Sur quoy Mons.r Caron, revenant donner l'alarme au logis, et ayant mis ordre à toute chose, le Roy presques encor le surprit venant de meilleure heure qu'on n'avoit pensé, en intention de disner encor à WimbeltonGa naar voetnoot3) - qui est la maison de Mons.r Cecill apres la mort de son pere - et | |
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de coucher la nuit à OtlandGa naar voetnoot1), à quelques 16 ou 17 lieues de la. Voila donc comme il vint petitement accompagné, sçvoir du Prince Charles, du Conte d'ArondelGa naar voetnoot2), Mylord MongommeryGa naar voetnoot3), les Marquis de BuckingamGa naar voetnoot4) et d'HameltonGa naar voetnoot5), trois carosses et quelque vingtaine de chevaux, revenant de la chasse. Entré vistement au jardin, il monta sus un cerisier qu'il a trouvé bon autrefois, y estant dressé un escalier tapissé à propos. De la en toute haste s'en retournant au logis, il fust mené dans la sale en haut ou il prit collation quelque quart d'heure, dont apres s'estre pourmené quelque temps à la grande belle galerie à speculer aux peintures qui y sont, avant que remonter en carosse, à l'instance de Mons.r Caron il s'arresta à recevoir les baisemains de plusieurs gentilshommes estrangers apostez à ceste occasion, avec d'autres Flaments, quorum pars ego quotacumque. Comme il estoit à table et touts nous autres retirez au bout de la sale, Mons.r Caron l'entretenant prit occasion de luy parler de moy - comme il m'avoit promis, desirant qu'en tout evenement je tinsse un lut prest - et me faisant approcher de la table, ou il n'y avoit que le Roy et le Prince, luy servant à genoux, il luy dit - tout au plus ample - comme j'estois fils du premier secretaire de nostre Estat, et qu'au reste j'avois acquis si bonne perfection sur le lut qu'il s'asseuroit que sa Majesté, prenant la patience, je pourrois luy donner du contentement. Sur quoy - comme il estoit en fort bonne humeur - il fit aussi fort bonne mine, et loua beaucoup d'exceller en un si bel art - ce sont à peu pres ses propres paroles - sans toutefois estre du mestier, comme Mons.r Caron - à ce que je l'avois prié - luy fit assez entendre que ce n'estoit nullement de ma profession. La dessus il dit que, si le temps le permettoit, il seroit fort aise d'entendre ce que je scavoye, mais que, pressé qu'on le voyoit, il desiroit qu'on le differast pour quand il viendroit à BackshutGa naar voetnoot6), qui est le parc et la maison dont il a fait present à Mons.r Caron, ou il l'asseurat de coucher le deux ou troisiesme jour de son progres qui sera le 20e de ce mois, viel stile, dont apres je vous sçauray à conter la ratelée. Entre autres choses il parla du duël de nos voisins à la Haye, et dit avoir en sa pochette la copie des cartels; chose ridicule autant qu'estrange, et dont on parle drolement par ici. Je desire que mon frere me face un peu participant du resté de ces particularitez. Les affaires de Lake iront mieulx que plusieurs n'avoyent esperé, à ce qu'il semble. Il va jouer un grand coup de partie, c'est qu'il a procuré en mariage à son fils la fille d'un des intimes amis de Mylord BuckingamGa naar voetnoot7), l'unique mignon du Roy, favorite beaucoup plus encore que jamais ni SomersethGa naar voetnoot8), ni autres ont estéGa naar voetnoot9). Par ou je pense que Mons.r Carleton | |
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ira songer au retour, et desja on me dit qu'il fait estat de partir dans quelques 14 ou 15 jours. Personne me s'en asseure, mais je sçay de bonne main qu'il avoit commencé à y former les humeurs et la bienveuillance de l'Archevesque de CanterberryGa naar voetnoot1), qui luy veut du bien et a beaucoup de pouvoir. Mais je desire qu'il ne soit point divulgé, comme venant de moy ..... De Lambeth, ce 4e de Juillet 1618, viel stileGa naar voetnoot2). |
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