Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 353] [p. 353] Chant des Fantômes. (Fragment). Rasch tanzen um Grâber Und morsches Gebein Wir luftigen Schweber Den sausenden Reihn. Matthisson. Sur l'obscure cité que l'assaut environne La lune luit, ainsi qu'une pâle couronne; Les échos endormis se taisent et les vents. Seuls, nous voici, cachés aux regards des profanes, Fantômes revêtus de vapeurs diaphanes, Comme l'enfer nous livre au monde des vivans. Notre tâche commence; accourez, il est nuit. Noirs esprits des combats, hâtez-vous, l'heure fuit! Il n'est pas loin, le jour qui nous rendra nos fêtes. La verveine magique enlace sur nos têtes Ses rameaux dont les fleurs éclosent sous le sang. [pagina 354] [p. 354] Ainsi qu'on voit lutter un homme contre un homme. Nous verrons, au matin, lutter l'Asie et Rome, Jésus et Mahomet, la croix et le croissant! Notre tâche commence; accourez, il est nuit; Noirs esprits des combats, hâtez-vous, l'heure fuit! Quand au loin la vallée est en proie au silence, Notre vol dans les airs, invisible, s'élance; L'écho redit tout bas notre chant adouci; Et, quand nos doigts de fer ont marqué nos victimes, A nos banquets joyeux nous invitons les crimes; Convives infernaux, ils viennent: ‘Nous voici!’ Notre tâche commence; accourez, il est nuit; Noirs esprits des combats, hâtez-vous, l'heure fuit! Allons jeter l'effroi dans le sommeil des mères. Nos ris se mêleront à leurs larmes amères, Et nous verrons la mort saisir leurs coeurs glacés; Et les petits enfans, sans que notre oeil les pleure, Périr, comme des lis effeuillés avant l'heure, Par le souffle du vent sur leur tige brisés. Notre tâche commence; accourez, il est nuit; Noirs esprits des combats, hâtez-vous, l'heure fuit! O! quand s'avancera la vague des batailles, Nous sentirons trembler la ville en ses murailles; Les chevaux tomberont avec les cavaliers; [pagina 355] [p. 355] Le meurtre rougira les chars du sang des guides, Et nos poings s'en iront, d'un long carnage humides, Aux bras des comhattans briser les boucliers. Notre tâche commence; accourez, il est nuit; Noirs esprits des combats, hâtez-vous, l'heure fuit! Hâtez-vous, hâtez-vous! A nos pieds, sans défense, Nous verrons à la fois la vieillesse et l'enfance Mourir; et l'incendie, - ainsi que ce flambeau, Ce flambeau dévorant qui brilla dans Sodorae, Enlaçant chaque toit, enlaçant chaque dôme, - D'un peuple tout entier éclairer le tombeau! Notre tâche commence; accourez, il est nuit; Noirs esprits des combats, hâtez-vous, l'heure fuit! Septembre 1828. Vorige Volgende