Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 341] [p. 341] Ballades. [pagina 343] [p. 343] L'Esprit de la Bruyére. (Imité de l'Allemand.) Dark, dusky, howling is night, cloudy, windy and full of ghosts! The dead are abroad! Ossian. Le ciel est noir, et longue est la bruyère; Sur son cheval qui s'incline à demi, Le voyageur tient, disant sa prière, Son fils malade en ses bras endormi. - Ne vois-tu pas, ô mon père! cette ombre Qui me sourit et tend vers moi la main? - Je ne vois rien, mon fils, que la nuit sombre Et les rameaux qui bordent le chemin. ‘Viens, bel enfant, oh! viens dans ma famille. Viens, bel enfant, tu vivras parmi nous; Tu dormiras aux chansons de ma fille, Sous ses baisers, bercé sur ses genoux.’ [pagina 344] [p. 344] - N'entends-tu pas ces magiques paroles Dont la douceur, ô mon père! séduit? - Je n'entends rien, mon fils, rien que les saules Dont le murmure expire dans la nuit. ‘De ton berceau des fleurs seront les voiles; Tu verras l'or briller dans mon palais; Et, quand le soir allume les étoiles, Nous y dansons avec les gais follets.’ - N'entends-tu pas cette voix qui m'appelle Et retentit, mon père, à nos côtés? - Je n'entends rien, mon fils, que la voix grêle Des bouleaux noirs dans la brume agités. ‘De l'arc-en-ciel tu verras les merveilles; Ton vol suivra dans les airs le soleil; Récits joyeux enchanteront tes veilles; Songes rians joûront dans ton sommeil.’ - N'entends-tu pas cet accent qui m'invite A te quitter, mon père? Il est si doux! - Je n'entends rien, mon fils; nous allons vite, Et c'est le vent qui souffle autour de nous. ‘Viens, bel enfant! La molle poésie Dans mes jardins arrête les beaux jours; Des coupes d'or y versent l'ambroisie; Ta mère y dit: Où restent mes amours?’ - Ne sens-tu pas la main froide et glacée Qui me saisit? Mon père, la sens-tu? - Je ne sens rien que la rêne baissée De mon cheval de fatigue abattu. [pagina 345] [p. 345] La nuit obscure alonge la bruyère. Mais, à travers les branches de l'ormeau, Au loin déjà scintille une lumière; Le voyageur retrouve son hameau. Il a revu le seuil de sa chaumière, Tenant son fils endormi dans ses bras. ‘Re'veille-toi, mon fils, voici ta mère! Réveille-toi!’ - Les morts n'entendent pas. Septembre 1828. Vorige Volgende