Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 273] [p. 273] A mon ami Edouard. Dir blüht kein Frühling, wann du gestorben bist. Hôlty. Qu'un autre, sans repos dans ses veilles amères, Ne rêve que la gloire et ses folles chimères; Et, cinglant vers un but qui recule toujours, D'un Océan trompeur affronte les orages, Et les gouffres pleins de naufrages, Et les profondes nuits dont l'éclair fait des jours. Sous le ciel enflammé de la zone torride, Par le semoun brûlant et par le sable aride, De l'immense désert qu'il tente le chemin Vers l'oasis charmante, au décevant ombrage, Qu'au loin dessine le mirage En temples de verdure, en dômes de jasmin. [pagina 274] [p. 274] Là, des bosquets tout pleins, tout pleins de doux murmures, Avec des bengalis sous leurs fraîches ramures; Là, des vallons remplis de soupirs amoureux, Et des lacs enchantés, où l'errante nacelle Sous le vent embaumé chancelle Comme un berceau de fleurs qu'entraîne un souffle heureux. Là, les Péris cachant, à l'ombre des platanes, Sous les plis d'un turban leurs regards de sultanes; Et les Almés, dont l'oeil aurait peine à saisir Les bras nus enlacés de soyeuses écharpes, La molle danse au son des harpes Et les seins palpitans tout dressés de plaisir. Mais, vers les kiosques d'or et les tièdes bocages, Qu'il marche! Il ne verra que d'impurs marécages, Pleins de reptiles noirs dans la fange nourris, Lézards et basilics, monstres de toutes formes, Crocodiles aux fronts difformes, Et chakals dont le soir entend grincer les cris; Que lacs aux flots fumans où Sodome se mire; Que lambeaux dispersés de l'antique Palmyre, Chapiteaux de granit sur le sable rampans, Vieux murs, où, dans la nuit, se rassemblent les fouines Sur les colonnes en ruines Qui figurent à l'oeil des tronçons de serpens. Voilà, voilà la gloire et ses folles chimères! Qu'un autre la poursuive en ses veilles amères, [pagina 275] [p. 275] Se courbe sur la rame et se lasse les mains. Nous, livrons à l'amour nos ames peu rebelles; L'amour a des heures si belles, Et des myrthes si frais dans ses rians chemins. Respirons jusqu'au bout cette rose enivrante. Ne livrons pas au vent sa dépouille odorante, Avant que les chaleurs n'en fanent la beauté, Et que l'ardent midi sur les mousses brûlées N'en sème les feuilles hâlées Et les boutons jaunis sous le soleil d'été. De blonds cheveux épars sur de blanches épaules, Ainsi que les rameaux autour du tronc des saules; Deux paupières fermant sur deux beaux yeux troublés, Avec de longs regards d'où tant de grâce émane, Quand ils s'ouvrent sur l'ottomane Comme ces fleurs d'azur qui croissent dans les blés; Un aveu plein d'amour qu'une lèvre brûlante Murmure, sans finir sa parole plus lente; Un seul mot dont on veut toujours se souvenir; Un soupir languissant, sur une bouche aimée Qui meurt sous les baisers pâmée, - En disent plus, ami, qu'un nom dans l'avenir. Décembre 1829. Vorige Volgende