Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 253] [p. 253] A Théodore. Fried' und Freud', und traulichen Handschag! Fr. von Stolberg. Ami, chaque nuage au ciel plus vite glisse, Et les oiseaux s'en vont ainsi que des bannis, Et le pâle colchique entr'ouvre son calice Au fond des prés jaunis. Ce n'est plus le printemps semant de ses corbeilles Tulipes d'or, oeillets peints de mille couleurs, Ou lis qui n'ont subi ni piqûre d'abeilles Ni mortelles chaleurs. Et ce n'est plus juillet avec ses frais lauroses, Et ses tièdes zéphirs dont les souffles légers Mêlent, dans nos jardins, au doux parfum des roses L'odeur des orangers. [pagina 254] [p. 254] C'est l'automne froissant les branches dépouillées Qu'égayait le bouvreuil de chants au jour levant, Et leurs bouquets flétris et leurs feuilles rouillées Qui tournent dans le vent. Et bientôt ce sera l'hiver aux nuits neigeuses, L'hiver sombre qui lâche, ainsi que des vautours, Ses bises secouant leurs ailes orageuses Et sifflant sur les tours. Pendant ces tristes nuits, - où chaque heure, trop lente Pour qui n'attend plus rien du monde d'ici bas, Se traîne, prolongeant sa route nonchalante Et marche pas à pas, - Ami, pour vous la joie, en des salles dorées, Au bruit de la musique, aux rayons des flambeaux, Anime jusqu'au jour les valses adorées Et les festins si beaux; Et vous vous enivrez de douces causeries, De sourires de femme, et de ces mots charmans Qu'on aime voir trembler sur deux lèvres chéries, A l'âge des amans. Car vous êtes bien jeune encore; et nul orage N'a, voilant votre front de deuil et de pâleur, Fait crier votre esquif heurté par le naufrage Sur l'écueil du malheur. [pagina 255] [p. 255] Sur son golfe d'azur votre nef sans secousse Cingle, se balançant comme un nid de roseau, Nid d'alcyon, bâti sur son chantier de mousse, Vert asile d'oiseau; Et déploie, à son mât, ses vives banderoles Et sa voile qui gonfle au vent son dôme blanc, Et berce, au bleu penchant des flots, vos barcarolles, Et bondit en cinglant. Tel un cygne parti d'Égine ou de Mégare, Navire ailé qui nage au riant Archipel, Et, comme en un jardin, d'île en île s'égare A chaque doux appel. - Qu'à vos destins toujours luise un astre propice, Vous que le ciel bénit, - un astre flamboyant Qui veille, ainsi qu'un phare, au bord du précipice Où tombe se noyant Plus d'un nocher perdu, plus d'un errant pilote, Incliné sur sa rame et le front dans sa main, Cependant que sa proue au courant vire et flotte, Sans trouver le chemin! Novembre 1830. Vorige Volgende