Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 243] [p. 243] La Solitude. A un ami. O wie mich vor allem Bezirk des Erdreichs Jener Ort anlacht! J.H. Voss. Que je regrette, ami, ces trois courtes semaines Où, joyeux de sortir des querelles humaines, J'oubliais à la fois Ce tourbillon vivant qu'on appelle le monde, Et les mille clameurs de la foule qui gronde Avec ses mille voix! Au lieu de tous ces cris tonnant en bruits stupides, C'était, aux bords moussus de tes ruisseaux limpides, Le calme heureux des champs, Et dans son nid, hamac de fleurs, sur les falaises, La fauvette berçant aux branches des mélèses Ses amours et ses chants. [pagina 244] [p. 244] C'était ce frais loisir que ma paresse envie, Et cette paix profonde où s'écoulait ma vie A l'aise en tes forêts, Et ce silence où l'ame à toutes ses chimères S'abandonne, oubliant tant de larmes amères Et tant de longs regrets. Hélas! comme un seul jour ont fui ces trois semaines. Et me voici rentré dans les choses humaines, Dans ces obscurs sentiers Où le printemps jamais n'épanche ses corbeilles, Où ni jasmins dorés n'invitent les abeilles, Ni pâles églantiers. Mais je ne sais, ami, quelle pente rentraîne Sans cesse tous mes voeux vers la sphère sereine Où luit ton doux matin, Vers ce Tibur tranquille où je te vis naguère, Comme Horace, bien loin du profane vulgaire, Heureux de ton destin, Enlacer de tes doigts cette belle couronne D'amour et de bonheur dont ton front s'environne, Et suivre pas à pas, (Laissant la tourbe aveugle et les folies images De grandeur et d'orgueil qu'appellent ses hommages), Ta route d'ici bas; Et, souriant, t'asseoir sur le banc de pelouse Près de ta femme blonde et mère si jalouse [pagina 245] [p. 245] De sou enfant dormant, A midi, sous le toit de pervenches fleuries, Où vont se prolongeant vos molles causeries Et plus d'un mot charmant. Ce beau songe revient sans cesse en ma pensée. Aussibien, que chercher dans la foule insensée Qui hurle et crie: ‘Allons!’ Dans ce bruyant désert d'horames que vais-je faire? Au tumulte grondant des villes je préfère La paix de tes vallons. Juillet 1830. Vorige Volgende