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Amour.
Ich führe dich in's Zauberland der Liebe.
Körner.
Si tu voulais me dire un de ces mots de flamme
Qu'on prononce tout bas sous le vert peuplier,
Un de ces mots d'amour que mon amour réclame,
Ineffables soupirs, échos de l'ame à l'ame,
Une fois dans mes yeux si tes yeux voulaient lire,
A tes voeux si mon nom se mêlait une fois,
Quel serait mon bonheur, ma joie et mon délire!
Ton nom serait le seul dont parlerait ma lyre,
L'Athos te jetterait des lis du haut des nues;
Les montagnes d'Hybla te verseraient leur miel;
J'aurais, pour te servir, des esclaves venues
Des bords d'où vient le Nil, aux sources inconnues,
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Ma Muse te créerait un monde de féerie,
Quelque monde idéal inconnu des humains,
Frais jardin où la rose au lilas se marie,
Et plein d'oiseaux-chanteurs en son ombre fleurie,
De myrthe en ses chemins;
Quelque Alhambra royal des temps chevaleresques,
Avec ses vitraux peints qui rayonnent au jour,
Avec des croissans d'or sur ses dômes moresques,
Et le saint nom d'Allah luisant parmi les fresques,
Elle te chanterait une touchante histoire
Qu'on aime près du feu, le soir, en cercle assis;
Ou te raconterait quelque antique victoire,
Ou la plainte d'une ame au fond du purgatoire,
Que l'Arabe, au désert, prolonge sous la tente,
Les vaisseaux enchantés qui cinglent sur les flots,
Les Djinns sifflant au bord de la nue éclatante,
Ou deux amans heureux sur une île flottante,
Oasis de parfums et de fleurs arrosée,
D'où l'on entend, de loin, venir des bruits charmans,
Quand l'esprit du matin, de son aile rosée,
Va secouant l'iris où la blanche rosée.
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Elle t'emporterait vers ces rives fleuries
Où règnent des hivers plus doux que nos printemps,
Où Venise, fermant ses lagunes taries,
Voit les Germains dompter ses cavales meurtries,
Tu verrais Rome où siége, en sa toge pourprée,
Le Pape dont les mains tiennent la clef des cieux;
Et Sorrente, berceau du Tasse, d'où Caprée
Monte, entre ses écueils, d'orangers diaprée,
Bysance qui languit sans discordes civiles,
Bagdad dont chaque toit s'aplanit en jardin,
Damas la fière où luit le fer des Cheiks serviles,
Et la molle Corée avec ses trois cents villes,
Bassora qui s'endort parmi les chants de fête,
Bethléhem où du Christ s'alluma le flambeau,
Le Caire dont les tours au ciel plongent leur faîte,
Et Médine qui veille aux cendres du Prophète
Et toujours sa voix douce, où tant d'amour respire,
Promènerait tes jours de festins en festins; -
Mais il faudrait m'aimer beaucoup et me le dire,
M'apprendre le bonheur, et de ton frais sourire
Janvier 1830.
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