Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 183] [p. 183] A un Poète. Junger Aar! Dein königlicher Flug Wird den Druck der Wolken überwinden. Burger. L'aigle ne bâtit point dans les villes son aire. C'est quelque mont frappé des vents et du tonnerre Qu'il choisit pour séjour, Quelque pic obscurci par l'ombre de ses ailes, Et d'où son oeil, chargé d'ardentes étincelles, Voit de plus haut le jour. Sous lui gronde et mugit la tournoyante foule, Vaste mer dont soulève une éternelle houle Les flots noirs et béans, Et qui jette, du sein de son onde écumante, Mille sourdes rumeurs que mêle la tourmente En clameurs de géans. [pagina 184] [p. 184] Mais ce bruit grand et fort qui monte de la terre, De l'aigle n'atteint point la zone solitaire, Le palais de granit; L'oiseau royal ne voit qu'à travers nos nuages, Du monde remuer les immenses rouages Qui craquent sous son nid. Ainsi, chantre divin, quand ton essor sublime Effleure de l'Horeb la rayonnante cime Et les astres de feu, Et qu'un cercle dansant de séraphins et d'anges Ouvre à ton vol la nue aux lumineuses franges, En disant: ‘Gloire à Dieu!’ Quand ton ame, au concert ineffable, attentive, Ecoute au loin mourir en hymne fugitive Les harpes et les chants, Tu n'entends pas gronder, dans la région haute Où les esprits du ciel t'admettent comme un hôte, Les clameurs des méchans. Nul écho d'ici bas n'y va troubler ta fête. Et quand parle à son tour ta harpe de prophète Qu'on écoute à genoux, Quand se fond ton extase en paroles brûlantes Dont la lave descend de tes lèvres tremblantes Et déborde sur nous, Que t'importe qu'un cri dans la foule insensée Retentisse, et, raillant ton coeur et ta pensée, [pagina 185] [p. 185] Parte de ces bas lieux? Notre faiblesse plie au souffle de ton aile. La voix humaine expire à ta voix solennelle, Sans vibrer dans tes cieux. La muse de Sion te versa le baptême. Oh! laisse s'enivrer de rire et de blasphême Tes zoïles obscurs, Et, loin des parvis d'or où ta gloire se joue, Se tordre dans leur fange et grouiller dans leur boue Ces reptiles impurs. Avril 1833. Vorige Volgende