Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 179] [p. 179] A mon ami Léon R. Wunderseliger Mann, welcher der Stadt entfloh! Hôlty. Léon, si, dans ma nuit, de quelque douce étoile, L'éclat inattendu venait luire à ma voile Ou briller sur mes pas, Dans les palais des rois rien n'aurait mon envie, Rien sous les toits dorés des riches, et ma vie Ne demanderait pas Si la terre, invoquant sa liberté prochaine, Compte anneau par anneau la longueur de sa chaîne Et chaque espoir déçu; Si le vieux Metternich avec sa main glacéc, De la trame du monde entre ses doigts placée, Embrouille le tissu; [pagina 180] [p. 180] Si la guerre ou la paix va sortir de la tente; Si les peuples émus respirent dans l'attente, Ou si le fils des Czars Tour à tour sur l'Europe et l'Asie alarmées, Ainsi qu'un ouragan, déchaîne ses armées, Ses coursiers et ses chars; Si l'Orient regarde, en sa morne impuissance, Flotter le drapeau russe aux dômes de Bysance; Ou, dans ses cris amers, Si l'Anglais, à ses nefs rappelant ses pilotes, De ses chantiers bruyans pousse ses noires flottes Dont s'ébranlent les mers. - Loin des courans du monde et des clameurs des villes, Loin des sourires faux, loin des hommes serviles Et de leurs vils séjours, Comme l'oiseau des bois loin des cités s'exile Et sous les frais ormeaux se choisit un asile, Je cacherais mes jours. J'aurais, au bord d'un lac, quelque blanche retraite Où fuirait, à doux flots, ma vie humble et secrète: Quelque sombre manoir, Toit d'un baron de fer, refuge de colombe, Qui, du haut d'un granit, sur un vallon surplombe Avec son donjon noir; Quelque abri du passé, croulant et solitaire, Où l'amour dérobait ses pleurs dans le mystère; [pagina 181] [p. 181] Ou quelque vieille tour, De mousse revêtue et de lierre enlacée, Féodal monument d'un autre âge, et placée, Comme un nid de vautour, Au front d'une colline où l'alouette grise Vole jetant sa plume et ses chants à la brise, Et d'où l'on puisse voir Les cieux se déployer comme d'immenses landes Et les étoiles d'or, se tressant en guirlandes, Dans la nuit se mouvoir; Un foyer chaud, l'hiver; l'été, de longues veilles Pleines de vieux récits et d'antiques merveilles, Quand les oiseaux muets, Parmi les blés jaunis qu'un souffle errant balance, Jusqu'aux rayons du jour, sommeillent en silence Dans leurs nids de bluets; Puis une jeune femme aux épaules de neige (Tel un ange d'en haut dont l'aile nous protége) Qui me donnât la main, Qui me fût douce et bonne, et qui me dît: ‘Je t'aime’, Et rougît en semant des fleurs de chrysanthème Le long de mon chemin. Août 1829. Vorige Volgende