Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 125] [p. 125] Adieu. I recalled her looks at that crisis of our separation, when neither of us had power to say adieu! Sterne. ‘Les heures, lui disais-je, à l'horizon vermeil, Dans un nuage d'or emmènent le soleil; Le dernier bruit du jour expire. Viens; dans l'azur du ciel brille l'astre du soir, Et le lychnis s'entr'ouvre, odorant encensoir, Prison où le sylphe soupire. Sur l'aile de la nuit le silence descend. Tout se tait; la fraîcheur au souffle caressant Relève l'épi sur sa tige; Et les saules, pareils aux voiles des nochers, Penchent leurs longs rameaux sur le bord des rochers Où l'épervier tourne en vertige. [pagina 126] [p. 126] Comme un écho lointain venant des bois touffus, L'Ourte à nos pieds gémit en murmures confus, Roulant ses ondes agitées Qu'émaillent de fleurs d'or les étoiles des cieux A travers le rideau flottant et gracieux Du tremble aux feuilles argentées. Plus loin, l'ombre noircit ces gothiques remparts, Pleins du nom de Thierry, mais sur la mousse épars, Inclinant leurs sombres murailles, Où, de brume voilés, les mouvans peupliers Apparaissent ainsi que d'anciens chevaliers Attendant l'heure des batailles. L'oubli, l'oubli s'assied sur leurs obscurs frontons, D'où le lierre s'élance en mobiles festons, Et jaillit en vertes cascades; Et leurs murs dépeuplés ont pour derniers vassaux Le grillon au cri rauque, et les errans oiseaux Qui voltigent sous les arcades. - Ma Muse, tu le sais, aime ces vieux débris, Où l'églantier, berçant ses longs bouquets flétris, Attache ses frêles racines; Où le ramier, cachant dans l'ombre son amour, Dérobe, au sein des fleurs, son nid aux feux du jour Et chante au milieu des ruines. C'est là que, douce et belle, apparue à mes yeux, Tu me fis oublier le monde et croire aux cieux; [pagina 127] [p. 127] C'est là que tu me dis: “Je t'aime”, Et que souvent mes bras ont recueilli ta peur, Alors qu'un feu-follet, lumineuse vapeur, Nous demandait l'eau du baptême.’ Nous restâmes assis bien avant dans le soir. - De sa voix qui mourait me disant: ‘Au revoir’, Un soupir remplit le silence; Sa blanche main tremblait reposant dans ma main, Et ma voix n'osait pas lui répondre: ‘A demain’, Ni lui rendre un peu d'espérance. Moi, je la regardais; et de ses yeux baissés Une larme coulait sur nos beaux jours passés, Mouillant sa paupière attendrie. La nuit tombait plus noire; et, quand revint le jour, J'avais quitté ces bords où je connus l'amour, - Hélas! pour revoir ma patrie. Octobre 1828. Vorige Volgende