Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 115] [p. 115] A mon ami Ferdinand. Noch rauscht der schwarze Flügel des Todes nicht! Drum hasch' die Freuden, eh' sie der Sturm verweht. Hôlty. Ami, qui te retient, - dans tes Ardennes vertes, Aux vieux forts endormis, Sur tes roches de tours et de châteaux couvertes, Dans tes grandes forêts à mille oiseaux ouvertes, - Si loin de tes amis? Si loin de tes amis dont chacun te réclame Et t'attend parmi nous, Et sent qu'une voix manque entre leurs voix de flamme, Hélas! qui te retient? - Ah! sans doute, une femme Te garde à ses genoux, [pagina 116] [p. 116] Heureuse de te voir en silence près d'elle Au comble de tes voeux, Enivré d'un bonheur qui fuit à tire-d'aile, Et sentant palpiter pour toi son coeur fidèle Qui s'épanche en aveux; Belle qui dans tes yeux lit tout ce qu'elle espère, Semant au vent tiédi Quelque rose cueillie au tombeau de son père, Sous le saule incliné dont la fraîcheur tempère La chaleur du midi; Et, penchant sur ton sein sa tête de Madone, De ses accens de miel Te charme, et, dans son coeur plein d'amour, te pardonne Ce délire sans nom qu'une femme nous donne En nous parlant du ciel. - O! reste, jeune amant, reste, reste auprès d'elle, Et jouis bien long-temps De ces jours embaumés dont chaque heure infidèle Nous échappe, et s'en va du vol de l'hirondelle A la fin du beau temps. De ces jours gracieux le flot est si rapide; Mire-t'y, jeune amant, Comme l'iris des lacs dans son onde limpide. Ce flot entraîne tout dans sa course rapide, Sourires et serment, [pagina 117] [p. 117] Et ces instans si doux où la belle qui t'aime, En un trouble charmant, Enlace sur ton front des fleurs de xéranthême, Et te nomme tout bas de ton nom de baptême, Et rêve en te nommant; Et prolonge, à ton bras, ses lentes promenades Où, seule, elle a moins peur, Quand chantent les oiseaux leurs molles sérénades, Et qu'au bord des rochers, taillés en esplanades Et voilés de vapeur, Glisse, en son vol errant, le feu-follet qui leurre Le voyageur perdu, Le voyageur qui marche, et dont l'amante pleure Et l'accuse, en pleurant, de laisser passer l'heure, Le coeur tout éperdu. Et quand s'est écoulé le flot insaisissable Éteint en un vain bruit, Il ne laisse après soi que limon et que sable. - O! vois s'y peindre encor mainte fleur périssable Et l'or de maint beau fruit! A le regarder fuir, que ton coeur nous oublie! Va ton riant chemin, Ami, ton frais chemin d'amoureuse folie; Promets un siècle encore à ta blonde jolie, A nous le lendemain. Septembre 1829. Vorige Volgende