Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 107] [p. 107] A mon ami Napoléon de L. Du fragst, was meine Seele füll? von Selge. Oh! pourquoi réveiller par tes beaux chants, ami, Un nom depuis long-temps en mon ame endormi, Et toutes ces pense'es Dans mes ennuis toujours si promptes à venir, Célestes visions, douces de souvenir Et d'amour insensées? Pourquoi troubler mon coeur du charme de tes vers, Et rouvrir à mes pas ce magique univers, Monde de poésie, Frais Eden où sourit la Muse au front vermeil Qui venait autrefois enivrer mon sommeil De vers et d'ambroisie? Ami, nul astre heureux ne luit à mon destin. Mais toi, dont chaque jour passe comme un festin, Comme un joyeux délire, [pagina 108] [p. 108] Poète! chante avec ta voix de bengali; Apprends-nous, apprends-nous l'espérance et l'oubli, Et dis-nous sur ta lyre Ce soldat-empereur, le César de nos jours, Qu'on maudit, qu'on admire et qu'on chante toujours, Qui pesa sur la terre, Parmi les nations brilla comme un flambeau, Pour n'avoir plus à lui l'espace d'un tombeau Sur un roc solitaire; Chénier, si jeune eneor, qu'on vit sur l'échafaud, Fier d'une ame que nul n'a trouvée en défaut, Ployer sa tête altière; Le sol des Grecs enfin libre en dépit des rois, Et Byron se cherchant une tombe, une croix Dans ce grand cimetière; Lisbonne où resplendit la hache des bourreaux, Ou l'Italie en deuil qui sent de ses héros Frémir la cendre esclave; L'aigle russe planant sur le front du Balkan, Et l'Europe livrée aux fièvres d'un volcan Prêt à vomir sa lave. Dis-nous les vieux castels aux magiques jardins, Où gémit, dans la nuit, le cor des paladins; Et la Sambre aux flots jaunes, Où le soleil, luisant en mobiles réseaux, Filets aux mailles d'or déployés sur les eaux, Brille à travers les aunes; [pagina 109] [p. 109] Le bois de Géronsart aux transparens détours, Où des chênes d'un siècle, aussi hauts que des tours, Se baignent dans les nues; Et ses échos, plus doux de soupir en soupir, Qui semblent, quand le jour est près de s'assoupir, Des voix du ciel venues; Et ce mot qui souvent me trouble malgré moi, L'amour, - souffle de feu qui nous remplit d'émoi, Chaîne aux anneaux de flamme, Désert vide de tout ce que mon coeur rêva Rose aux corolles d'or qui, feuille à feuille, va Au branle de la lame! Octobre, 1829. Vorige Volgende