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Aux Français.
Es ist ein Kreuzzug, 's ist ein heil'ger krieg!
Körner.
Nous disions:-‘Ils n'ont plus de coeur dans la poitrine,
Plus d'orgueil généreux qui gonfle leur narine
Et plus de force aux bras.
Trois jours ont essoufflé leur belliqueuse envie;
Ils laissent sous leurs yeux égorger Varsovie,
Pourtant qu'hier la France était sublime et belle,
Quand, brisant sous les coups de sa hache rebelle
L'oeil en flamme et la bouche écumant de colère,
Hurlante, elle sonnait au beffroi populaire
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Quand, réveillant d'un cri l'Europe qui bouillonne,
Elle allait bondissant ainsi qu'une lionne
Avec ses crins aux vents,
Et, de ses noirs canons rallumant la tempête,
Prenait les rois au col et leur broyait la tête
Mais déjà juillet cache en une brume immonde
Son soleil qui devait illuminer le monde
Et le coq, plus honteux que l'aigle fraternelle,
Las du premier combat, laisse pendre son aile,
Sans haleine et sans voix.
La grande nation tremble devant son oeuvre,
Elle qu'on vit rouler, gigantesque manoeuvre,
D'un siècle décrépit rajeunir la vieillesse,
Et mener, vingt-cinq ans, l'univers à la lesse
Tour à tour Metternich ou Palmerston la joue;
Et chaque fois qu'un d'eux lui soufflette la joue,
Sa nuque dans la poudre en mâchant sa colère.
Le Vésuve se change en fosse tumulaire;
Et voici qu'il éclate et rompt sa chaine esclave!
Et sa gueule de feu jette, comme une lave,
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Ses tambours, ses canons,
Ses drapeaux que portaient nos princes feudataires,
Et ses jeunes soldats, et ses vieux militaires
Dont nous savons les noms.
Ah! c'est la France enfin dont les guerriers fidèles
Renversent, en passant, villes et citadelles
Les forts croulent au bruit de vos pas dans la plaine;
Vous éteignez avec votre puissante haleine
Le volcan s'est enfin réveillé sous sa braise!
Et maintenant allez, comme, en quatre-vingt-treize,
Couraient sur l'étranger avec des cris de fête,
Et pour premier boulet lui lançaient une tête,
Allez! Leur gloire brille au front des Pyramides;
Des forêts d'Irmensul aux steppes des Numides,
Leur glaive a tout soumis.
Et toujours, de vos bras dénouant les entraves,
La victoire a donné pour linceuls à vos braves
Allez! L'Europe s'ouvre à vos pas et l'Afrique.
Ajoutez une scène à ce drame historique
Qu'ils vous ont fait si beau.
Dans les brumes du Kord, sous les feux des Tropiques,
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Voua savez où flotta sur leurs carrés épiques
Leur bannière en lambeau.
Allez ressusciter tous ces champs de bataille
Qu'arpentaient de leurs pieds ces géans dont la taille
L'antique royauté chante ses funérailles;
Et de sa Jéricho tomberont les murailles
Vous n'avez pas pour chef, comme eux, l'homme-prestige
Qui d'un regard donnait au monde le vertige,
Qui bâtit, pour mieux voir du Tibre à la Tamise,
Comme un phare, au plus haut de l'Europe soumise,
Mais c'est la liberté qui vous guide et vous mène.
Rendez aux vieux autels de la vierge romaine
Leur vieux culte proscrit.
Versez l'eau du baptême aux peuples qui sont vôtres.
De l'évangile saint vous êtes les apôtres,
La France rouvre au vent ses ailes colossales.
Allez émanciper les nations vassales
Qui vous tendent les mains.
Au cri de votre coq la nuit au jour fait place.
Décembre sur le Rhin vous jette un pont de glace,
Pour marcher aux Germains.
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Allez! Afin qu'on dise un jour, quand l'épopée
Aura gravé vos noms, du bout de votre épée,
‘Héros, vous effacez ceux d'Athène et de Rome.
Vos pères remuaient la terre pour un homme,
Décembre 1832.
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