Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 83] [p. 83] A mon ami Constant Materne. Raffe den Tag, nicht um ein Haar trauend dem folgenden. J.H. Voss. Comme le voyageur, quand le soleil décline, Se repose un moment au bord de son chemin Et regarde, appuyé sur sa main qui s'incline, Les nuages dorés au front de la colline, Et le val où demain Ne repassera plus sa marche aventurière, Et l'horizon en flamme où l'astre va plongeant, Et les îles de mousse au fond de la bruyère, Et la source qui glisse à travers la clairière Comme un serpent d'argent; Qui n'a, tournant la tête avec joie en arrière, De ses beaux jours éteints rallumé le passé, Et de ce monde clos entr'ouvert la barrière, Et refait ses espoirs écroulés en poussière, Plus d'un nom effacé, [pagina 84] [p. 84] Et toute son enfance, - âge de poésie, Où la vie à nos yeux offre un charme divin, Où l'amour à loisir donne, en sa fantaisie, A celle qu'on attend et que l'on s'est choisie Pour l'adorer sans fin, Les traits de Béatrix que le Dante eut pour Muse, De Laure dont Pétrarque, au luth de séraphin, Guidait les pas chéris aux grottes de Vaucluse, De Tindaris qu'aimait le chantre de Blanduse, Ou de Lénore enfin Que le Tasse suivait sur ces rives sereines Où, comme un grand vaisseau venu de l'Orient, Naples, qui porte au lit de tous les rois des reines, Repose à l'ancre au fond du golfe des syrènes Qui nagent en riant? Qui n'a mouillé de pleurs son chevet solitaire, A les voir tour à tour dans sa nuit revenir Ces anges qu'autrefois il aima sur la terre, Fantômes adorés tournant avec mystère Leur doigt vers l'avenir? - O! c'est ma joie à moi de renouer la trame De ces heures d'ivresse aux souvenirs charmans, Et de mener, baignant dans chaque flot ma rame, Sur le lac du passé la course de ma prame Vers ces heureux momens [pagina 85] [p. 85] Où, bornant mes désirs à l'enclos d'un village, Epuisant le bonheur d'un siècle dans un jour, Plus joyeus que l'abeille et moins qu'elle volage, Comme une fleur d'avril j'effeuillais mon bel âge Au souffle de l'amour. Vingt-cinq ans sont venus en fouler les corolles, Trésor frêle et vermeil qu'une fée au doigts blanes, De son souffle embaumé, de ses molles paroles, Berçait, en soupirant ses fraîches barcarolles, Sous les rameaux tremblans. Car l'enfance est un songe; - et, plus tard, cher Materne, Quand s'en vont au hasard nos voeux irrésolus, Quand notre ame est ainsi qu'un astre pâle et terne, Ou comme une eau croupie au fond d'une citerne Où l'on ne puise plus, C'est le réveil après le songe qui s'achève. Et le coeur, las de tout, même de l'avenir, Comme un fleuve écoulé qui débordait sa grève, Au limon de ses bords laisse à sec chaque rêve Et chaque souvenir. Mars 1831. Vorige Volgende