Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 75] [p. 75] La Jeunesse. A mon ami Fr.... O schône Zeit!...... Was du mir gabst, gab spâtrer Stunden keine. C. Winkler. Oh! ne regardez pas avec un oeil d'envie Ce monde qui de loin vous charme et vous convie! Ami, ne cherchez pas à devancer le temps. De votre frais jardin d'amour et de chimères Cueillez les roses éphémères Et les myrtes en fleurs qu'y dore le printemps. [pagina 76] [p. 76] Car le soleil d'avril n'y mûrit point d'orages, Et le temps est bien court, sous ses tièdes ombrages, D'écouter en leurs nids s'ébattre les oiseaux, Et, sous les berceaux verts, bruire les cascades Qui brodent, limpides arcades, En tissus de cristal leurs transparentes eaux; De voir passer au ciel les brumes incertaines Et leurs reflets nager dans l'azur des fontaines, Et de suivre en leur vol les papillons errans, Et, le long des flots bleus, les églantines blanches Que le vent, en berçant les branches, Sème, neige embaumée, aux sillons des courans. Oh! ne regardez pas avec un oeil d'envie Ce monde qui de loin vous charme et vous convie! Jeune, on croit y marcher dans des sentiers fleuris. On se le fait si beau, plus beau même qu'un rêve; Mais le réveil vient qui l'achève, Et le royal palais n'est plus qu'un noir débris. D'abord on pense voir quelque château d'Alcine, Avec ses grand vitraux où l'aube en feu dessine Des éclairs flamboyans de pourpre et de vermeil, Et ses dômes à qui le ciel ne peut suffire, Et ses tourelles de porphyre Qui font étinceler leurs flèches au soleil. Et long-temps on regarde et long-temps on admire Le palais idéal qui dans le lac se mire, [pagina 77] [p. 77] Les magiques balcons pleins d'odorans lilas, Et les girouettes d'or au haut des cheminées, Et les vitres illuminées Des rayons du matin. - Mais qu'on approche, hélas! Ce ne sont que vieux murs aux parois ébréchées, Que colonnes au loin sur la terre couchées, Que marbres en lambeaux démolis par les ans, Que plafonds répandus dansles salles croulées Saus abri contre les gelées, Sans nid pour les oiseaux, sans toit pour les passans. Ainsi tout nous sourit par ton prisme, espérance! Mais quand l'or devient sable, et le bonheur souffrance, Quand les illusions tour à tour à nos yeux, Comme des fleurs d'automne, effeuillent leurs merveilles, On est à pleurer dans ses veilles, A se plaindre du monde, en regardant les cieux. Puis enfin dans la vie on ne sait plus quo faire; On se sent mal à l'aise en cette étroite sphère Où tourne dans l'ennui le cercle de nos jours; Et, pauvre oiseau frappant à coups de bec sa cage, On implore le vert bocage Où notre aile voudrait nous emporter toujours. Décembre 1829. Vorige Volgende