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Souvenir.
A mon ami Adolphe Mathieu.
Sehn wir uns auch im Leben selten wieder,
Wir sind uns nah im Zauberreich der Lieder.
Voici, voici bientôt quatre mois et demi,
Qu'après trois ans entiers je te revis, ami,
A Mons qui, se dressant dans ses murs hauts et forts,
Regarde avec amour son cortége de forts
Et les tours qu'elle étale.
C'était un soir. Du haut du ciel rouge et vermeil,
Vers l'horizon doré descendait le soleil,
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Comme un roi de son trône;
Et sur son front charmant, du printemps parfumé,
Juin tressait les jasmins, diadême embaumé,
C'était un soir. Tous deux, le long des bleus remparts
Dont ta vieille cité se ceint de toutes parts,
Nous allions, du passé réveillant les beaux jours,
Nous racontant nos voeux et nous parlant toujours
Et marchant sur les herbes.
Ta voix se répandait en gracieux récits;
Car, la nuit, un Génie, à ton chevet assis,
Et dans la poésie une fée aux doux chants,
Comme en un songe heureux tout plein d'accords touchans,
Et moi je te disais mon voyage à Paris,
Ville sombre jetant des rumeurs et des cris,
Comme un bruit sourd de vagues
Aux rives de nos mers, parmi les longs roseaux
Où murmure le vent, quand surgit sur les eaux
La lune aux lueurs vagues;
Le vieux Louvre, pareil à quelque antre profond;
Le Panthéon qui vit Rousseau descendre au fond
La Colonne d'airain, piédestal d'un géant,
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Et les sphinx de granit venus de l'Orient,
Et les frais boulevards où l'on voit, le matin,
Passer, dans les wisky, des femmes de satin,
Riant sous leurs ombrelles,
Beautés qu'en vain l'amour mettrait sous mille clefs,
Et qui parlent, baignant dans leurs cheveux bouclés
Leurs mains blanches et frêles;
Et, parmi tout cela, le froid ennui toujours,
Horizon monotone où se traînent mes jours,
Ecueil où chaque voeu se brise en écumant,
Prison où la pensée expire, et lentement
Puis, quand, la nuit venue, il fallut nous quitter,
(Tant les heures s'en vont qu'on voudrait arrêter),
Triste et la voix muette,
Tu lâchas, me laissant suivre mon long chemin,
Ma main brûlante encor des serremens de main
O! bien souvent, depuis, assis à mon foyer,
En regardant ma houille ardente flamboyer
Et les flammes danser, en mobiles réseaux
Se croisant, comme, aux bords des étangs, les roseaux
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Quand mille souvenirs, dès long-temps effacés,
Espoirs évanouis, songes si tôt passés,
Je pense à ce beau soir où nous allions causant,
Aux rayons du soleil qui mourait en luisant
Octobre 1830.
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