Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 43] [p. 43] Liége. Here he dwelt For many a cheerful day. Chaucer. Bruxelles, notre capitale, Etale Ses palais, ses palais royaux; Louvain a sa clef féodale Qu'il compte parmi ses joyaux; Namur, de nuit, crie à sa garde: ‘Prends garde!’ Dans ses tombeaux gris et caducs, Bruges, la ville noble, garde La poussière de ses vieux ducs; Gand mêle en dédale ses rues Courues; Mons est fier de ses bastions; [pagina 44] [p. 44] Anvers soulève avec ses grues Les vaisseaux de vingt nations. Mais toi seule (Dieu te protége, O Liége!) Fais bondir mon coeur chaque fois Que, dans la brume qui t'assiége, Au mois d'automne, je revois Au haut d'un mont ta citadelle Fidèle Qui, se hérissant de canons, Jaune comme un nid d'hirondelle, Regarde la ville aux deux noms; Tes noires maisons que la houille Barbouille; Tes toits coupés en escaliers; Tes églises que l'âge rouille Et qui rampent sur leurs piliers; Tes forges qui trempent leurs lames Aux flammes, - Et surtout, surtout les beaux quais Où tu répands tes jeunes femmes En groupes comme des bouquets, Tes femmes dont on suit les traces, Tes grâces Dont j'aime à voir, dès le matin, [pagina 45] [p. 45] Le long de tes fraîches terrasses, Frémir les tailles de satin. Car j'en connais, j'en connais une, Si brune Et si blanche tout à la fois. On dirait, au clair de la lune, Qu'un ange parle par sa voix. Le sultan lui dirait: ‘Sultane! Sultane, Sois la reine de mon sérail!’ Et c'est moi, sous le vert platane, Qu'endort sa bouche de corail. Aussi tu fais (Dieu te protége, O Liège!) Bondir mon coeur toutes les fois Que, dans la brume qui t'assiége, En automne je te revois. Octobre 1829. Vorige Volgende