Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 19] [p. 19] A madame.... .... In the sweet solitude, embraced By the soft windings of the silent Muse. La princesse Charlotte. Lorsque, pâle et rêveuse, assise au bord de l'onde, L'âme triste et livrée à d'intimes combats, Et votre tête blonde Penchée entre vos mains, vous écoutez tout bas Se mêler en accords mille notes lointaines Du choeur des séraphins qui passent en chantant, Au bruit de ces fontaines Dont chaque flot s'émeut comme un sein palpitant; Ou lorsque, chaste Muse aux vers pleins de magie, Vous soupirez, à l'heure où l'angélus s'est tu, Quelque molle élégie Sur le luth tiède encor des larmes de Tastu; [pagina 20] [p. 20] Comme une vision de grâce et d'harmonie, Vous enchantez nos coeurs, vous enchantez nos yeux; Nous croyons qu'un génie Parmi nous sur la terre est descendu des cieux. Car vous avez goûté le miel et l'ambroisie. Les anges, en riant, vous prennent par la main; La belle poésie, Comme un astre d'en haut, luit sur votre chemin. L'ombre des morts vous parle en plaintes étouffées; Morgane vous ouvrit son magique jardin, Et l'haleine des fées Fait éclore pour vous les roses de l'Eden. O! loin de leurs gazons où nul pied ne les foule, Dans la ville n'allez point égarer vos pas, Ni chanter dans la foule Pour des indifférens qui ne comprennent pas. N'allez point profaner votre voix dans nos fêtes. Le monde est sans écho pour ces divins concerts Qu'entendaient les prophètes Passer et repasser dans le vent des déserts. Il faut la solitude aux hymnes du poète; Il lui faut le silence et le calme des champs. Dans les cités muette, La lyre trouve aux bois les plus beaux de ses chants. [pagina 21] [p. 21] Qu'ici donc à loisir votre luth frais et tendre S'épanche en mélodie; et bien souvent, le soir, Nous viendrons, pour l'entendre, Au milieu des parfums, près de vous, nous asseoir; Et, tout en écoutant, nous laisserons fuir l'heure, Et dans nos coeurs tout bas nous nous demanderons: ‘Oh! cette voix qui pleure, Est-ce le rossignol parmi les liserons? ‘Ou la fauvette, - au sein du crépuscule pâle, - Qui veille dans son nid, soupirant ses douleurs Sous les bouquets d'opale Du bel acacia dont nous aimons les fleurs?’ Juin 1832. Vorige Volgende