Primevères(1834)–André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 9] [p. 9] A mon ami Ferdinand P. Deine Tage Fliessen hell, wie Tage des Blüthenmondes. Matthisson. Ami, le ciel t'a fait un sort digne d'envie. Loin du bruit des cités s'écoule en paix ta vie, Ainsi qu'au Labrador Un ruisseau qui se joue à travers la savane, Sur son sein bleu berçant quelque iris qui se fane Ou quelque bouton d'or; Qui, toujours d'un flot pur inondant son arène, N'effleure que gazons, ne porte pour carène Parfois qu'un vert roseau, Ou qu'une feuille au vent tournant comme en vertige, Que l'aile d'une abeille a ravie à sa tige Ou le bec d'un oiseau; Qui baise, en folâtrant, ses rivages de mousse Et les cailloux dorés où rejaillit la mousse [pagina 10] [p. 10] De ses perles d'argent; Et que jamais nocher, à midi, ne s'égaie A troubler sous les coups de sa ronde pagaie, Ni reptile nageant. - Sans chercher un écho parmi la foule immonde, Sans égarer ta nef sur l'océan du monde Aux grondantes rumeurs, Sans poser ton pied libre en nos routes serviles, Sans mêler ton haleine à l'air impur des villes, Ta voix à nos clameurs; De silence et d'oubli voilant tes destinées, Roses que nul orage encore n'a fanées, En ton heureux vallon Tu vois tes jours se suivre ainsi que de beaux rêves, Tellement que pour toi les heures sont trop brèves; Et leur cours m'est si long! Tous les biens d'ici bas, un Dieu te les défère. - Ah! si j'avais aussi quelque souhait à faire, Quelque sort à choisir, Ou, comme aux anciens temps, si quelque bonne fée Venait à mon chevet, d'une voix étouffée, En un riant loisir, Me dire: ‘Que veux-tu? J'ai tout dans mes richesses, Couronnes de barons et perles de duchesses, Diadêmes de rois, Joyaux aux flammes d'or luisant aux fronts des reines, [pagina 11] [p. 11] Et magiques châteaux troublant les nuits sereines Du bruit de leurs beffrois;’ Ami, je ne voudrais ni champs couverts de gerbes, Ni palais dans les airs lançant leurs tours superbes Et leurs puissans donjons, Ni demeures de marbre, aux rayonnantes dalles, Qu'étreignent en carré murailles féodales Et fossés pleins de joncs; Mais rien que l'humble abri de quelque humble chaumine Sur la pente d'un roc séculaire, où chemine Un tournoyant sentier, Blanche et mirant son toit, où des pigeons roucoulent, En un ruisseau d'azur dont les flots errans coulent Sous un vert églantier; Et qu'une voix de femme au parler mol et tendre, Comme en mes nuits souvent mon coeur a cru l'entendre, Qui me parlât du ciel, Et sur mon ame en deuil, par tant de maux froissée, Laissât tomber, ainsi qu'une fraîche rosée, Ses paroles de miel. Juillet 1830. Vorige Volgende