Couronne de lierre et de lauriers autour de la pierre angulaire de l'église de St.-Martin à Wyck-Maestricht. Looverkrans, gestrengeld om den grondsteen van St.-Martenskerk te Wijk-Maastricht(1857)–Aug. J.Th.A. Clavareau, J. Duitz, André van Hasselt– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 71] [p. 71] Le Vieillard et l'Ange sur les ruines du temple de Saint-Martin a Wyck-Maestricht. C'était l'heure où la nuit, tendant ses sombres voiles, Ramène le silence et le calme en tous lieux: De leur pâle clarté quelques rares étoiles Guidaient vers les remparts mes pas silencieux. Je côtôyai longtemps la rive solitaire Que la Meuse en son cours vient baigner de ses flots, Et je vins sur ces bords où Saint-Martin naguère Elevait triomphant ses superbes arceaux. J'approchais des débris des enceintes divines, Tristes restes, hélas! des ravages du temps, Quand une voix plaintive, animant ses ruines, Fit redire aux échos ces lugubres accents: ‘ô Des travaux humains fragile destinée!.. Saint-Martin! Saint-Martin! objet de ma douleur, Je ne verrai donc plus la foule prosternée Dans tes parvis sacrés adorer le Seigneur! [pagina 72] [p. 72] En vain sur les débris de tes anciens portiques Mon désespoir s'exhale en regrets superflus: Tes murs, sont renversés et tes voûtes antiques De nos hymnes d'amour ne retentiront plus! Qui viendra m'arracher à ma sombre tristesse!... Où sont, ô Dieu! tes soins jadis si paternels? Hélas! n'ai-je vieilli que pour voir la détresse Et pleurer le malhenr de tes fils sans autels? ô Cruels souvenirs!.. Quand ta sainte demeure, De son faîte orgueilleux dominait sur ces bords, Que de fois tes enfants, en ces lieux où je pleure, Exaltèrent ton nom dans leurs joyeux transports! Que de fois on les vit, sous ta vaste coupole Accourir empressés, dociles â ta loi, Au feu vivifiant de ta sainte parole Réchauffer leur amour et raviver leur foi! Et maintenant, hélas! (regrets vains et stériles...) Semblables au troupeau sans abri, sans bercail, On les voit se confondre en plaintes inutiles Sur les débris épars de ton divin portail!..’ Mes sens troublés semblaient m'enchaîner à la rive Où j'attendais la fin de ce lugubre chant. Je tins longtemps encor mon oreille attentive, Mais je n'entendis plus qu'un long gémissement. [pagina 73] [p. 73] Tout-à-coup un éclair vint sillonner la nue Et percer de la nuit la sombre obscurité. Un ange radieux apparut à ma vue, Entraînant avec lui de longs flots de clarté. J'étais tremblant, saisi d'une frayeur mortelle.... Près d'un noble vieillard, assis sur les débris, Le Messager du Ciel vint replier son aile; Puis, attachant sur lui ses regards attendris: ‘Pourquoi, dit-il, pourquoi cette douleur amère? Pourquoi ces vains regrets, ce sombre désespoir?... Le Dieu que vous servez, n'est-il plus votre Père, Et de sécher vos pleurs n'a-t-il plus le pouvoir? S'il veut dans le malheur éprouver ceux qu'il aime, Jamais il ne les livre à l'aveugle destin: Au milieu des revers, le mal fût-il extrême, Il sait leur préparer un remède certain. Sous vos yeux il permet que son temple s'écroule: En faut-il présager un funeste abandon Quand, pour le rebâtir, il enflamme la foule D'un zèle et d'un ardeur, dignes de Salomon? Eh! qu'importe, mortels, pour commencer l'ouvrage, S'ils n'ont point du grand roi les immenses trésors, Mais si Dieu qui m'envoîe, admirant leur courage, A promis le succès à leurs nobles efforts? [pagina 74] [p. 74] A l'oeuvre donc! Suivez leur magnanime exemple; Apportez avec eux votre pierre au saint lieu. Songez qu'au haut du ciel St-Martin vous contemple, Et qu'il s'en souviendra près du trône de Dieu!’ Il dit, et prit son vol vers la voûte étoilée. J'aperçus le vieillard s'éloignant à pas lents, Et je restai pensif, l'âme triste et troublée, Comme un homme qu'un charme a prive de ses sens. H.N. Lepièce. Saint-Trond, le 10 avril 1857. Vorige Volgende