Briefwisseling van Hugo Grotius. Deel 6
(1967)–Hugo de Groot– Auteursrechtelijk beschermd2286. 1635 september 20. Aan H. WolffGa naar voetnoot1.Monsieur, J'ay esté bien aise d'apprendre par la vostre du 9/19 d'aougst que quelques-unes des miennes sont parvenues à vos mains. Je n'en ay pas manqué d'escrire iusques à ce que tous les chemins ont esté bouchez, lesquels nous espérons que maintenant se rouvriront par les armes de monsieur le landgrave, qui, comme ie croy, ont donné l'escorte à la vostre. Nous ne sçavons rien de certain de ce qui se passe asteure prez du Rhin, pource que les Lorains nous empeschent les chemins de Strasbourg, contre lesquels le royGa naar voetnoot2 va avec vingt régiments et neuf mille Suisses. Sa Majesté est encore à Châlon empesché par la goutte de s'approcher plus à cette frontière, où commandent deux braves chefs, le duc d'AngoulesmeGa naar voetnoot3 et le mareschal de la ForceGa naar voetnoot4, qui tiennent assiégez trois mille et cinq cens Lorraine à St. Michel. Il faudra bien qu'ils se rendent à discrétion, ou bien que le ducGa naar voetnoot5 vienne à une bataille, chose désirée par les François. Nous avons quelquefois des advis de Mets, mais qui à cause de la distance des lieux où les grands affaires passent, ne nous donnent pas grande certitude, mais sont croyables en ce que(?) nous font espérer la conjonction des forces de monsieur le landgrave et du cardinal de la ValetteGa naar voetnoot6 qui a avec luy le duc BernhardGa naar voetnoot7, et ayant passé le Rhin a forcé GallasGa naar voetnoot8 de faire autant. C'est icy grand mal que l'accord de la ville de Francford a anticipé le grand effort, laquelle asteure sert de retraitte et de passage aux ennemies. Si i'eusse peu continuer, monsieur, l'envoy de mes lettres, ie vous eusse mandé les affaires du Pays Bas, là où après une bataille gagnée l'espérance a esté bonne, mais Dieu en a disposé autrement, pour monstrer que les plus belles apparences ne sont pas tousiours suivies des plus grands effects. Après que la licence militaire a donné des très mauvais exemples à ThienenGa naar voetnoot9, nos amis ont failli à prendre Louvain à faute de vivres pour nourrir l'armée, et par mesgarde ont perdu le fort de SchenckGa naar voetnoot10. Mais le prince d'OrangeGa naar voetnoot11 a apporté du remède à ce mal, ayant faict d'autres forts de touts costez pour blocquer cestuy-là, excepté le costé du Wael là où l'ennemi 'sestoit mis avec son armée, mais laquelle par la difficulté d'avoir de vivres sera forcez de se retirer, si elle ne l'a faict desià, et nous ouvrir le chemin pour rentrer dans le fort perdu si non durant l'hyver, pour le moins au printemps. | |
Encore Dieu ne nous a pas oublié tout à faict de ce costà-là, puisqu'il [a] osté aux Espagnols un grand homme d'estat et de guerre, aymé des peuples et des soldats, qui est le marquis d'AytonaGa naar voetnoot1, la mort duquel vaut bien la victoire d'une ville, Mais plus grand bonheur nous a acquis cette année le duc de RohanGa naar voetnoot2, lequel ayant battu deux fois bravement les gens de l'espagnolGa naar voetnoot3 et de l'empereurGa naar voetnoot4, a osté d'entre leurs mains la Valteline toute entière, le comté de Bormio et le val de Monasterio, et a faict trembler le Tirol. Il fait aussi un fort contre celuy de Fuentes. Ainsi les armes du roy et des Grisons touchent d'un bout l'estat de Milan, cependant que le mareschal de CréquyGa naar voetnoot5 l'attaque du costé du Montferrat, ayant prins Villatta et allant à Valence, accompagné outre les troupes du roy de celles des ducs de SavoyeGa naar voetnoot6, MantoueGa naar voetnoot7 et ParmeGa naar voetnoot8, et favorisé de Vénise, desquels commencements il faut espérer de plus grands succès. Ce m'est un plaisir incroyable que d'apprendre par toutes les lettres de monseigneur le grand chancelierGa naar voetnoot9 la grande estime qu'il faict de la grande constance et vertu de vostre landgrave, presque le seul prince alleman trouvé à l'espreuve de la fortune. Je n'ay manqué d'en faire rapport au[x] ministres du roy icy et principalement à Mons. le cardinalGa naar voetnoot10: comme ie ne manqueray pas aussi en prendre le temps pour faire valoir vos propositions louables. Je vous prie de me faire part tant de fois que pourrez, de ce qui se passe en vos quartiers et des choses que vous iugerez de pouvoir mettre en oeuvre pour advancer le bien public, ie demeureray à iamais, monsieur, vostre serviteur. | |
Le 10/20 Septemb. 1635. |
|