Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Supplément
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij54.
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Ga naar margenoot+sion qui m'a empesché de vous aller trouver avec le Sr de Bernicourt, qui a esté le conseil que m'ont donné vos Commissaires Stenzel et PompéjeGa naar voetnoot1 d'attendre ici vostre commendement de m'acheminer vers le dit Sr Prince de Condé pour vostre service, dont ils me disoient vous avoir escript par le [domican]; ce que je fays il y a ung moys avec despense, qui m'est ung peu pesante. Et comme je voy que, si la volonté de v. Exc. est telle, qu'il est plus que temps d'y pourvoir, j'ose bien entreprendre, Monseigneur, de vous en faire resouvenir par ceste-cy, et mesmes vous advertir de ce que je n'ay encore peu escripre à v. Exc. à la vérité, pour n'avoir d'advis certain des desseins et préparatifs du dit Sr Prince de Condé, sinon depuis quinze jours, depuis lequel temps je n'ay trouvé messager seur que cestuy-cy, par lequel je vous osasse mander chose de telle importance. C'est, Monseigneur, qu'avec l'auctorité et par le commandement de v. Exc. estant quelcun auprès du dit Sr Prince de Condé pour vostre service, je voy grande apparence qu'avec la faveur de Messeigneurs l'Électeur Palatin et le Duc Casimir, desquels il dépend entièrement, on pourroit obtenir de luy pour le commencement de la négociation, qu'il print son chemyn en Picardie par le Païs-Bas, qui luy seroit aussy propre, aussy aisé et aussy court, pour bien fère ses affaires, qu'aultre chemyn quelconque; comme il est facile de luy remonstrer par les mêmes raisons que j'ai aultreffoys discourues à Monsieur le Comte Ludovic, mon maître, lorsqu'il promist d'aller en France, moyennant la somme de deniers que ceux de Languedoc luy avoit promis d'envoyer pour fère la levée; dont j'ai encore le discours que j'en dressé par son com- | |
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Ga naar margenoot+mendement: duquel passage v. Exc. recepvroit presque aultant de commodités, que si la levée étoit faicte exprès pour vostre service. Car, en premier lieu, l'ennemy seroit contraint d'abandonner encores ung coup la Holande et les villes qu'il environne. Puis après ceste armée, en passant, feroit ung tel dégast de vivres, qu'indubitablement il s'en ensuyvroit une grande disette au païs toute l'année. Tiercement, s'il y avoit quelques gens de pied et de cheval prestz pour vous aller trouver, ceste armée leur feroit si bonne escorte qu'ilz passeroient jusqu'à vous sans danger. Davantage, s'il estoit expédient, v. Exc. et le dit Sr Prince de Condé se pourroient entrevoir près de St Gertrudebergh et conférer ensemble de ce qui seroit nécessaire pour le bien des affaires de France et du Païs-bas, qui sont communes. En quatre, v. Exc. pourroit obtenir du dit Prince en passant dix ou douze enseignes d'harquebuziers Françoys, plus ou moins, selon le nombre qu'il en auroit avec luy. Et pour la fin, on luy pourroit persuader (comme je crois que son intention n'en est pas loing) qu'il feist la guerre en Picardie, qui est son Gouvernement, et jusques à Paris, qui seroit ung moyen infallible de contraindre vostre ennemy d'envoyer une bonne partie de ses forces sur les frontières. J'ai conféré de cela, sans faire semblant de rien, estant auprès du dit Sr Prince, il y a six semaines, avec quelques gentilzhommes, qui ont beaucoup d'authorité auprès de luy pour [sondre]Ga naar voetnoot1 quel il y faisoit, qui ne l'ont pas mal gousté. J'en ay aussi depuis communiqué avec autres gentilzhommes, qui passoient par ceste ville pour aller trouver le dit Sr Prince, lesquels le trouvoient encore meilleur et m'ont promys d'en faire ouver- | |
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Ga naar margenoot+ture, s'il vient à propos. Mays le meilleur seroit, comme je l'ai escript à vostre Commissaire, pour en advertir v. Exc., qu'il y eust un homme avec charge de v. Exc. et bien instruict auprès du dit Sr Prince de Condé, pour négotier dextrement ce faict là, en quoy il seroit besoing d'user de diligence pour prévenir les rendez-vous que le dit Sr Prince ordonnera à ses troupes d'Alemaigne, de Suisse et de France, ce qui sera en bref, comme j'entends. Qui est cause, Monseigneur, qu'encores que je ne doubte que vostre commissaire n'auroist faict faulte de vous en advertir, que je n'ai voulu faillir pourtant, à ceste commodité de porteur, m'acquiter en cela de l'obligation que j'ay au service de v. Exc., comme je ferai tant qu'il me sera possible auprès dudit Prince de Condé, s'il vous plaist m'y envoyer, tant en ce premier faict, qui est de mon invention, qu'en beaucoup d'aultres points que je sçay pouvoir apporter beaucoup d'ayde à vos affaires, par une bonne intelligence et correspondence entre v. Exc. et le dit Sr Prince de Condé. J'avois aussy au bout de chacune de mes lettres supplié v. Exc. me vouloir faire cet honneur de me retenir pour [sbug]Ga naar voetnoot1 de vos très-humbles serviteurs et secrétaires, ainsy que mon dit Sr le Comte Ludoviq m'en avoit asseuré, et depuis encore Monsieur le Comte Jean votre frère, qui vous en a écrit à ceste fin par le dit Sr Bernicourt, et pareillement des deniers que j'ay employés, tant en affaires de v. Exc. que au service de mon dit Sr le Comte Ludovicq, suivant l'estat joinct à ces lettres, dont je vous supplie très-humblement, Monseigr, me vouloir dresser et récompanser des services que j'ai faicts à v. Exc. et à mon dit Sr le Comte, par l'espace de quatre ans, dont je n'ay jamais | |
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Ga naar margenoot+rien receu. Me reposant tousjours de cela sur l'affection qu'il lui plaisoit me porter et la promesse qu'il m'avoitfaicte de m'en assigner sur vos terres au Duché de Bourgongne, à quoy je vous supplie de vouloir satisfère et me commender au reste ce qu'il vous plaist que je face pour vostre service, auquel je m'estimeray très-heureux et honoré d'employer le reste de ma vie aussy fidellement, affectueusement et diligemment que j'ay faict jusques icy. Et sur ce je supplieray Dieu qu'Il vous donne, Monseigneur, en parfaicte santé, très-longue et très-heureuse vie. A Colongne, ce 10e jour de juillet 1574. Votre très-humble et très-obéissant petit serviteur, La Huguerye. |
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