Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Supplément
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij[1572]35.
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Ga naar margenoot+Entrée par bonne moderation (ne n'eust despleu aux mesmes subjects bons) et changer en ce que convenoit le pied et forme de négotier sur les aydes; mais il se pouvoit faire par ce chemin mieulx que sans prendre ce moyen, en user comme l'on faict, et sur ce que passe aujourd'huy l'on n'a pas la mesme occasion, puisque tous les aultres Estats sont en ce du xesme en la mesme contradiction, et vous avez toutefois donné fort bon conseil aux abbez de Brabant, qui parloient du serment réciproque du prince et des subjects, et mériteroient un rigoureux chastoy ceux qui osent ouvrir la bouche pour parler de telle sorte, et je crains plus telles gens et corbeaux de si peu de respect et le consentement du pays universel, que je ne fais les François, quia vana sine viribus ira, et, si bien ilz ont bien mauvaise volonté, ilz ont pour le présent, grâces à Dieu, peu de moyens.’ 23 juin. Morillon au Cardinal. ‘Les propos furent fort doulx, comme est tout ce que sort de la bouche de ce bon PrinceGa naar voetnoot1, qui démonstre une merveilleuse affection au service de nostre Roy et de ce povre pays, qu'il at bien grande envie de redresser et remectre en meilleur estat, véant en quelles misères qu'il est tombé par nonchailloirGa naar voetnoot2 et rude traictement, et il l'estime, pour estre tel et si beau pays comme il est, et tant important au Roy nostre maistre, disant que c'est son ancien patrimoine. Il luy desplut merveilleusement de veoir et entendre que les cueurs sont tant aliénez à cause du xme et xxme et le [rebusto] du centiesme, que s'effectue encores pour l'heure présente plus fort que oncques.’ 8 juillet. Morillon au Cardinal. ‘Albe semble être tombé en [délirre], ne veuillant changer sa façon de fère. Il s'est par trop fié sur son sçavoir et expérience, que nous couste jà cher.’ 13 juillet. Morillon au Cardinal. Il espère que sous le Duc de Médina-Céli les affections du peuple ‘retourneroient; ce que ne se fera jamais soubs Albe, estant il trop abhorré et réputé pour un homme qui n'a ny foy ny loy, et certes il ne fault espèrer rien de bien de luy; la présomption et l'orgueil est trop grand. Il ne veult croire aulcun conseil.’ 11 août. Morillon au Cardinal. ‘Je veoidz ledit seigneurGa naar voetnoot3 fort | |
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Ga naar margenoot+informé et considérer mieulx l'importance de ce qu'avons perdu que ne font aulcuns aultres, mesmes de Vlissingue, et dit avoir escript quant et quant à Ruy Gomes, et qu'il a dit à Vargas que la trop grande rigeur, l'insolence d'aulcuns capitaines et soldatz qui ont gatté les villes, et le xme sont cause de tous les maulx et non pas les hérésies et rébellions.’ 13 août [Naples]. Le Cardinal à Morillon. ‘Vous sçavez si mes opinions ont esté sanguinaires ou doulces, et combien j'ay procuré le repos et seurté du pays, et en si long temps avez peu cognoistre mes entrailles, et si je suis ny ambitieux, ny vindicatif, ou tel que ces malheureux me veuillent peindre; [l'escrit] n'yra plus loing; celuy pour persuader au Roy de France de se déclarer à ce coup, n'est moings pernicieux, et me doubte qu'il soit quelque chose de la promesse donnée au Comte Ludovicq et au Prince son frère.’ 18 août. Morillon au Cardinal. ‘Le Duc de Médina-Céli me dit avec visaige fort allègre qu'il avoit reçu fort amiables et prudentes lettres de v.i.S.... et que son intention estoit de suivre vostre conseil, et de procéder avec doulceur et miséricorde, de laquelle il estoit plus que temps d'user, disant que au temps des communidades d'Espagne l'on s'en estoit bien trouvé, et que l'Empereur Charles V avoit faict à Gand ung court chastoy et de peu de gens ... Je luy dis que .... cela seroit désarmer le Prince d'Oranges et le mectre en grande diffidence et perplexité, pour ce que plusieurs .. l'habandonneroient ... Il me dit qu'on avoit fort mal fait de bannir tant de gens, et de ainsi enaigrir les villes .. et que, si quelcun trouvat ses propres moutons pasturans ses bledz verds, que s'il les blessoit ou tuoit, il perdoit ses bleds et ses moutons, qu'estoit une similitude bien apte et que je ouyz fort volontiers .. Il considère fort l'importance des villes maritimes.’ 19 août. (Naples). Le Cardinal à M. de Champagny. ‘Dieu doint que, avec la suspension et abolition du 10e et 20e, nos affaires se portent mieulx, et sur ma foy, je vouldrois pour beaucoup que jamais l'on n'y eust pensé ny soustenu avec si grande poursuite chose qui à la vérité ne convient au pays, ny n'estoit le service de sa M., puisque de cela procédoit la perdition du commerce... Les Allemands ne vouldront longtemps fournir aux frais du Prince | |
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Ga naar margenoot+d'Oranges, quelque parents et amis qu'ilz soient; car ils n'ont plus grand ami que la bourse.’ 15 sept. (Salins). ChavireyGa naar voetnoot1 au Cardinal. Si l'acte fait en France à l'amiral et ses complices n'eut bien succédé, les Commissaires Impériaux eussent peu fait à Besançon. 28 sept. (Vaucelles) Chavirey au Cardinal. Beaucoup de Huguenots quittent Besançon, pour aller demeurer en lieux hérétiques, aimant mieux perdre leur bien que leur religion. 14 oct. Viron au Cardinal. ‘Le Prince d'Oranges a passé la Meuze et rompu son camp, comme homme perdu, et dit-on qu'il se retire à Dillenbourg. L'on tient pour certain quele Conte Ludovic son frère est mort au dit Ruremont, qu'est un grand bien, car, tant qu'il eusse vécut, n'eusse faict que guerroyer, pour estre addonné à cela, ayant esté estimé par les François qu'estoient à Mons, le meilleur soldat et capitaine qu'ils ont jamais congnuz. Je tiens ne fault plus avoir peur du dit Prince, car sa vaillance est abollye avec celle de son frère, ayant démonstré à ceste journée son petit coeur et qui s'en est retourné avec honte, n'ayant faict que piller et robberGa naar voetnoot2 le pays et ennimerGa naar voetnoot3 contre luy ceulx qui luy portoient quelque bonne volonté, dont il n'aura jamais le moyen de retourner, et tiens que sa vie ne sera longue, car il est fort desrompu et triste.’ 29 oct. (Naples). Le Cardinal à Morillon. ‘J'entends que le Roy de France a envoyé au Prince d'Orange et au Palatin un Frégose, pour s'excuser de la mort de l'admiral et d'aultres. Il y a bien à faire de s'entretenir avec Dieu et le diable.’ 13 nov. (Dôle) JacquemetGa naar voetnoot1 au Cardinal. Le massacre de l'Amiral et ce qui s'en est ensuivi est de grand profit et repos à la Chrétienté. Mais il ne voit pas qu'en ce pays on soit fort assuré, aussi longtemps que le Prince d'Orange vivra, pour les intelligences qu'il y conserve. 30 nov. Morillon au Cardinal. ‘Granvelle at fort bien escript au Duc d'Albe, qui pense s'estre fort bien justifié par tout le monde, mais j'entendz que le Roy se contente peu de l'appoinctement de Mons et qu'il enraige du sacq de Malines. Ce que le Roy de France cherche d'entretenir l'amitié d'Angleterre, des Allemandz, et du | |
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Ga naar margenoot+Prince m'est fort suspect, et que ce soit pour faire cy-après ce qu'il n'at peult faire ceste année; s'il fut entrevenu, nozGa naar voetnoot1 estions perduz, et j'ay opinion que, tant que le Prince vivera, il ne fauldraGa naar voetnoot2 de noz faire des venues touttes les foiz que l'occasion se donnera; la mauvaise conduicte du Duc d'Albe l'at fort servi ceste fois.’ 16 déc. Morillon au Cardinal. ‘ElbertusGa naar voetnoot3 at compté à Morillon les propos que luy at tenu le Prince d'Oranges, tant à Louvain qu'à Malines, et qu'il se plaindoitGa naar voetnoot4 que l'inimitié de Granvelle lui avoit cousté chier, et que Viglius luy avoit aussi grandement nuict; que touttefois il avoit desadvoué ung livret fameux, pour ce qu'il y avoit grande injure contre Granvelle, que aulcuns avoient faict imprimer sur son nom, de luy Oranges; sur ce que le dit Elbertus dit avoir répondu que l'on avoit tousjours rapporté beaucoup de choses de Granvelle à Oranges. Il dit qu'il est misérable et que ses gens luy commandent plus tost que luy à eulx, et qu'il s'advança de luy dire que à la longue il ne se polroit soubstenir, et qu'il luy confessa que cela sçavoit-il bien, et que, s'il polroit obtenir la grâce de son Roy et du pape, qu'il se mectroit à deux genoulx pour recepvoir tous leurs commandementz; et, ad ce que je veoidz, il se feroit catholicque pour ravoir son bien, lequel nous couste desjà chier et, si l'on n'y pourveoit, coustera encores dadvantaige, car il trouverat tousjours gens pour noz1 facher et ne polrons tenir une armée perpétuelle, et le Roi devient sur eaige et ses enffans jeusnes; je prie Dieu luy ouvrir les yeulx.’ 23 déc. Morillon au Cardinal. ‘Le docteur Elbertus3 at fort en teste de faire une course à Rome, soubz couleur d'obtenir absolution de nostre St. Père à ceulx de Louvain, sur ce qu'ilz ont traicté avec le Prince touchant la religion, mais son intention seroit de passer oultre vers Granvelle, pour parler sur ce dudit Oranges, et que delà il vouldroit aller à Espagne; je luy déconseille le voiage d'Italie.’ 30 déc. Morillon au Cardinal. ‘[Armentières] at tenu long propos avec [del Ryo] que luy at dit piz pendre du père et du fils [d'Albernos].. Il at aussi parlé avec Roda, qui s'est fort eslargi disant qu'il at peu espoir que les affaires se rémédieront par le Roy, qui ne se | |
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Ga naar margenoot+soucie que de son cloistre, et qu'il semble qu'il crainct le Duc d'Albe. Ainsi plusieurs de pardeçà sont en opinion, pour veoir le Duc d'Albe cheminer, qu'il at pouvoir absolu pour fère ce qu'il veult sans rendre compte, et qu'il tiendra le Roy hors tant qu'il porrat.’
Discours sur l'estat des Pays-Bas et son redressement, donné au Duc de Medina Celi, lorsqu'il partit des dits pays vers l'Espagne en 1572, par le Sr de Champagney. - On y lit: ‘Les gens industrieux et, quoique pour cela interessablesGa naar voetnoot1, de bonne part et de bonne foi, mais qu'on la leur garde; faciles à amitié... Mad. de Parme, ayant laîssé ces Estats paisibles aux mains du Duc d'Albe, rien ne s'est esmeu que après que le Conseil des troubles commença à troubler tout. L'entremise de Armentières du temps de Mad. de Parme et ses semblables fut cause de gran maulx, et je tiens de mesmes que la plus grande de nos pertes d'à présent, ce a esté l'admission de plusieurs au Conseil d'Estat et Finances non assermentez ny advouez par sa M.; pour venir au remède, je proposeray à tout, comme de raison, la religion, qui entièrement, quasi peult on dire, a esté postposée durant ce temps, et plus soustenue [de mesme est]Ga naar voetnoot2 apparence pour l'ostentation que d'effect; pour laquelle les Évesques conviennent fort, mais ce n'est pas tout, s'ils ne font leur debvoir; à quoy il fault que le bras séculier aie l'oeil... Et pour venir à l'estat politicque, il fault en premier lieu restablyr la foy et crédict perdu, tant vers les subjectz, que les voisins; chose qui ne se fera jamais, tant que le Duc d'Alve et ses facturesGa naar voetnoot3 et despendans seront par deçà; puisqu'il fault dire la vérité; car elle est tellement altérée de ce costé là qu'il n'est au Roy de [l'avouer], encore que le dict Ducq fit miracles, pour estre trop descheu de bonne opinion, non seulement vers les meschans, mais vers les meilleurs. Après, avant toutes choses, il fault abolir à plat le xme et xxme denier et en effacer la mémoire, si possible est, imputant à cela tout le mal advenu.... Quant au Prince d'Oranges, puisque nous voions l'estimation qu'il a acquis entre ces peuples avec l'appuy d'Allemagne, et que les affaires sont à telz termes et par mer et par terre, que, à quelque- | |
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Ga naar margenoot+pris que se soit, il samble qu'on doibt tascher de les remettre une fois, avant que le chancre nous aille minant le tout petit à petit, et l'argent mesme, qu'est si cher maintenant et nécessaire en tant d'endroits, qui s'engouffre icy par maints millions avec peu d'avantage, au respect de l'assiette et obstination des villes maritimes et en Pays-Bas, et [plus] pour oster le chef à ceste faction, il semble qu'on pourroit aussy rendre son bien à son filz, à l'intercession de l'Empereur, ou par quelque tel moyen honneste, pourveu qu'il fust conduit par les manboursGa naar voetnoot1 et tuteurs qu'on luy a donné à son proffict, et par gens catholicques assermentez, comme dessus, que le pourroit descharger, et je croy, selon le naturel du père crainctif et peu amis de hazard, avec ce qu'il doit estre matéGa naar voetnoot2 des travaux passez, qu'il se rangeroit, mesmes quand on luy desmembreroit sa suyte, si les peuples et les villes estoient certains de rentrer chascun au propre et à leur franchises et libertez, asseurez de leur estat et vies, selon que par deçà je les voys amis de leur proffict particulier et de quiétude. Aussi bien, tost ou tard, les successeurs du dict Prince d'Oranges par le moyen de l'Empire viendront à demander justice aux biens de Brabant, qui sont les principaulx et sera tousjours une occasion et querelle mal asseurée.’ |
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