Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Supplément
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij36.
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Ga naar margenoot+le premier, n'ayant le Prince jamais offensé sa Maj. ny ses subjects et moings donné occasion de le tenir pour ennemy, ains estans comprins à son édict de pacificationGa naar voetnoot1, sa M. ne peult entreprendre le désarmer par force, joinct qu'il seroit besoing d'une armée de mer pour ce fère; à laquelle sa M., attendu ses affaires, ne peult pour cest heure entendre. Quant à le fère désarmer volluntairement, l'occasion s'en présente, s'il plaist au Roy Cath. l'embrasser, comme sa M. luy conseille, pour le bien de ses subjects et la liberté du commerce par la mer. Car le Conte Ludovicq, frère du Prince d'Oranges, qui a tousjours esté avecques la Royne de Navarre depuis la paix de ce Royaume, a mandé au Roy par personne expresse qu'il fera désarmer tous les vaisseaulx du Prince d'Oranges, toutesfois que le Roy Cath. les vouldra recepvoir en sa bonne grâce et les laisser jouyr de leurs biens, absens de ses pays, puisqu'il n'a pour agréable qu'ilz y soyent habitans; ayant le Conte requis très-instamment sa M. s'emploier envers le Roy Cath. pour obtenir ce que dessus, et [à cest fin] luy permettre de venir en ceste Court, afin de y demeurer pleige et caution de ce qu'il promettoit au nom de son frère.... Chose que le Sr St. Goard pryra le Roi Catholicque ... bien poiser.... Ayant sa M. permis cependant au Conte Ludovicq venir en ceste Court avecques la Royne de Navarre,... sa M. fera ce qu'elle pourra envers le Conte pour commencer à le faire désarmer; combien que ce soyt chose que l'on estime qu'il fera difficillement, s'il n'a quelque espérance de la bonne vollonté du Roy Catholicque.’ 4 févr. St. Goard au Roi. ‘Le Roy Cath. est très-mal satisfait du Duc d'Alve. Dieu veuille que v.M. ayt bien tost le désire de ses bonnes intentions, qu'elle puisse à bonne heure establir ses affaires en son royme, à cette fin que, à son ayse et commodité, elle puisse prendre les occasions, lesquelles je voy par force luy debvoir venir aux mains.’ 22 févr. St. Goard au Roi. ‘Ils ont aussi, à ce que j'entends, quelque alarme qu'il se face quelque menée de ligue du Roy de Dannemarc, en bénéfice et faveur du Prince d'Oranges, et qu'il luy | |
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Ga naar margenoot+ayde d'argent; et que pour ceste occasion le remuement se face plus gaillard avecques les protestans.’ 14 mars. St. Goard au Roi. ‘Je me délibéray, et ainsi que je suis informé que le Sieur Roy prand plaisir à telle forme de néguotier, à luy faire bons mémoires de ce que je prétendois luy faire entandre de la part de v.M.’ 30 mars. St. Goard au Roi. ‘Le Duc d'Albe continue de se plaindre que l'apparence [que] celuy de Medina Cely avoit donné de la doulceur, avoit bien empesché l'exploict de ses desseings, rendant les ungs par ces moyens plus paresseulx et les autres plus insollentz, et luy de plus en plus odieulx ....; et ce temps pendant le Roy Cath. ne travaille pas peu à remédier toutes ces affaires, combatant luy tout seul [ces partz], faisant et ordonnant toutes les expéditions luy mesme.’ 14 avril. St. Goard à la Reine-mère. ‘Le segrétayre [Caias] m'est venu visiter, lequel n'a failli me parler du mariage de Madame et de Monsieur le Prinse de Navare, le blamand infiniemand et se atachand bien ford à la Renne de Navare, se ébéisandGa naar voetnoot1 conmand une si sage Prinsese comme vous, n'avoid plutaust voullu ellire pour parti de son Altese un Roy tel que estoid seluy de Portugal, que non seluy dond il n'i advoid nulle comparaison, et de plus tous les subsons que tel biens et onneurs ne luy donnast moien à l'avenir de faire pis que jusques à sète heure il n'avoid faict; se eschofand extrêmemand sur sète matière, et me disand que se estoid afection qu'il portoid à vostre majesté et au Roy; à quoy je luy voulus respondre Madame, que sertenemandGa naar voetnoot2 je croioes qu'il avoid bon [sett], mais ausi que je voioes qu'il n'estoid pas informé que vostre Magesté, traictand avecque toute vérité et intégrité se mariage, elle y advoid esté trompé, et que le Roy le connoisand s'en estoid désdigné, mesme conme de nouveau il aparésoit en la dernière pratique qui en avoid esté, escripvand le Roy Catollique à vostre Magesté par le père Jésuiste, qui ne touchoid que les mesmes et premières pratiques, se donnand entandre que le Roy de Portugal ne se pouvoid marié de dis ans, chause qui se devoid tenir pour ridi- | |
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Ga naar margenoot+cule, vue l'eage de son Altèse, valeur et beauté. Il se esbaït que telle chause hustGa naar voetnoot1 esté dite, et me dict que jamais le Roy son maistre n'avoit donné telle charge.’ 26 avr. St. Goard au Roi. ‘Le Duc d'Albe est, ainsi que l'on m'a asseuré, rappelé, mais il faict instance et prie qu'on ne le sorte jusques au mois de septambre; ils veulend ausi, ainsi que j'ay seu, entrand le Grand Commandeur en Flandre, faire publier le pardon général. Je le tiens pour homme qui ne se accommodera pas mieulx que le Duc: il est en réputation de meilleur néguosiateur que de grand souldad, et avecque toud sela il est plin de fumée et présomption, et panse que aultre ne le vaille.’ 21 mai. St. Goard au Roi. ‘J'ay faict aussy entendre au Roy Catholique la résolution du mariage de Madame et de Monseigneur le Prince de Navarre, et que toutes choses estoient passées à l'honneur de Dieu et le grand contantement de vostre majesté. A quoy il me respondist aussy tost, Sire! puis que les choses estoient ainsy passées, qu'il prioit Dieu que ce fust à la gloire, honneur, proffict et contantement de vostre Majesté, ne m'en pouvant dire plus sur ceste nouvelle ... Comme ce mattin je suis allé veoir le secrétaire Cayas pour avoir encores le moien d'aprendre quclque cas, il m'a aussy tost demandé sy les Alemans protestans estoient entrés en la ligue avecques vostre Majté et la Royne d'Angleterre; je luy ay dict que j'avois satisfaict le Roy son maitre de ce qui c'estoit traicté entre vostre Majesté et la dicte Royne, qui n'estoit nullement à son préjudice, ni de nul aultre Prince voysin, allié ou amy. Il me demanda sy je n'avois point les articles du traicté, et que sy je les avois, il estoit mieux informé que ce que je disois; mais qu'à la fin ils sçavoient tout ce qui se passoit en ces négoces, comme aussy bien que la Royne d'Angleterre avoit envoié vers le Conte Pallatin et Marquis de Brandebourg, que la ligue avecques elle est contre le Roy son maistre; quelque chose que l'on dict, il fauldroit qu'il armast, nous trouvant mal d'accord.’ 31 mai. St. Goard au Roi. ‘Vostre Majesté se pourvoira là dessus selon le bien de ses affaires, et me commandera comme il luy plairra que je m'estende ou retienne en cest affaire, luy asseurant | |
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Ga naar margenoot+qu'il n'y a pas peu d'affaires à les garder de mettre toutes choses au pis, et encores plus quant le Duc d'Alve sera deçà, qui en tous ses déportemens monstre nous voulloir attacher l'un l'autre à la guerre. Il y a icy des partz lesquelles, si elles n'estoient corrigées du Roy mesmes, qui sçait plus que tout son Conseil, je croy que toutes choses n'iroient trop bien, et semble que le Cardinal va ung peu diminuant de ceste grande aucthorité, ne luy communicquant le Roy tant sur les grâces comme il soulloit. Si vostre Majesté pouvoit ung peu tenir les cartes et regarder leur disension, se seroit leur rendre la pareille. Je n'estime point moings que cela ne soit, mais que le Duc d'Alve soit par deçà; car l'on le charge avoir peu suivy l'intention du Roy de par delà, mais du tout sa fantaisie. Il vouldra icy conseiller la guerre et je m'asseure que l'on vouldroit la paix; mais il les presche tant que vous avez mauvaise volunté, et sur ceste méfiance ils font tant de sortes de provisions et praticques, qu'il seroit à craindre que, se voyant bien accommodez à quelque belle entreprise, qu'ils ne la fissent.’ 18 juin. St. Goard au Roi. Désappointement dissimulé du Roi d'Espagne, en apprenant l'élection du Roi de Pologne. 22 juin. St. Goard au Roi. ‘J'ai dict au Roy Cath. le pouvoir asseurer v.M. n'avoir esté en tous les troubles de vostre Royaume si marry que en la tromperye que luy a faict le Cte Ludovicq, contre sa parolle et promesse, et à quoy v.M. n'avoit aussytost failli pourvoir avecques toutes sortes de bons remeddes, tant pour fère retourner ceulx de vos subjectz qui avoyent suivy le Conte, que de mettre bon ordre sur les passaiges.... J'avois remis les ministres d'Espaigne bien fort contans et extrêmement satisfaicts des déportementz de v.M., monstrans se voulloir bien fort fier à ce que je leur disois, mais le faict du Conte Ludovicq m'a tellement descrié, que m'estant bien fort empesché de faire réussir ce que vostre Majesté m'avoit commandé pour ses affaires, et de nouveau monstré le fruict qu'elle espéroit de [laGa naar voetnoot1] tenir auprès d'elle pour l'empescher de n'aptenter plus riens contre ledit Sr Roy, et l'ayant faict obliger de désarmer ses vaisseaulx, disent que soubz telles parolles je les ay voullu tromper; mais je ne me rendz pour cella, puisque vostre Majesté m'a com- | |
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Ga naar margenoot+mandé de les asseurer n'estre de sa volunté que telles choses se soient faictes par ledit Conte, et que tousjours elle est de vivre en paix et amitié avecques eulx. Ce que j'ay faict sonner par tout, n'aiant jusques à cette heure, Dieu mercy, manqué de raisons et respons à ce qu'il m'objectoit au contraire, pour les advis et aparences qu'ilS ont en ce qui qui s'est passé en l'entreprise dudit Conte. Sire! je croy véritablement qu'il ne vouldroit rompre avecques vostre Majesté, mais il est tant sollicité de toutes sortes de soubçons que cella faict à craindre que, pour le danger en quoy il voit son Bas Pais, et sollicité par ceste escapade du Conte Ludovicq, il ne feust conseillé, avecques les grands moiens qu'il se trouve à ceste heure aux mains, d'attacquer quelque cas du vostre pour divertir autre part vos forces, et aussi qu'il se doubte que le Roy de Dannemarc favorise l'entreprise des geulx; et qu'il donne des gens et argent au Conte de [ChalsebourgGa naar voetnoot1] pour leur mener.... Je sçay de fort bon lieu que l'on a faict commandement au Duc d'Alve de n'adtenter riens contre vostre Majesté, sans bien grande occasion ou autre exprès commandement. Ils disent publicquement qu'ils n'ont peur que leurs affaires ne réuscissent bien, mais qu'ils ne soient trompés de vostre costé. Vostre Majesté choisira le meilleur party pour ses affaires, et ne mesprisera l'advertissement que je luy faictz de leurs grands apareils et provisions, à cette fin de ne rompre que à propos. Quant à ce qu'il plaist à vostre Majesté me mander que en tous événements je prenne garde à moy, estant où je suis, je ne puis faire autre chose que d'attendre patiemment ce qui me viendra, n'aiant peur de moy, mais que les affaires de vostre Majesté passent bien, n'estimant ma vie que pour la sacriffier pour son service.’ 9 juillet. St. Goard au Roi. ‘Mme de Lorraine la Douairière a envoié ung courier ...; quelque conjectures me font croire qu'elle traicte quelque cas de la réconciliation du Prince d'Oranges.’ 5 sept. St. Goard au Roi. ‘Je fus conduit en ceste audiance pour les soubçons de leurs déportements et préparatifs, et aussi de les veoir continuer celluy qu'ils ont, pour les advertissements que l'on leur faict de voz armements. J'avois sçeu, Sire! ce que Don Diégo avoit demandé, durant que vostre Majesté fust à sa | |
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Ga naar margenoot+maison de Charleval, à la Royne sa mère sur le faict de Genlys, et qu'il avoit aussi légièrement escript de ce faict et de la venue de Mr l'Admiral à la court, ayant par mesme donné advis que vostre Majesté avoit descouvert quelque bande par ceulx de la Relligion nouvelle, tendant grandement la surprise de voz villes de Péronne et Laon, touteffois interprétant fort mal la volunté dudit Sr Admiral, n'aiant autre considération que le mal qui est aparent en leurs affaires de Flandres, si vostre Majesté l'entreprend; de manière qu'ils donnent, pour la peur qu'ils ont, les plus eschauffés advertissements du monde à leur Mté; tellement que bien souvent ils le mectent à la party, ou que cest [que] la peur qu'ils ont leur donne les alarmes et les lève de tout jugement, ou qu'il le face à expresse malice. Ils tiennent leur Maté en extresme meffidence. Si est-ce que pour tout cela, estant plus sage que tous eulx, il ne veult rompre légièrement, et suis bien trompé s'il n'y entre plus tard qu'il pourra, quelque grand aparat qu'il se voye. Toutesfois Sire, il est besoing que vostre Majesté ne s'i fie, et qu'elle se pourvoie très-bien à celle fin qu'elle ayt les deux remeddes prests, ou de la paix ou de la guerre.’ 12 sept. St. Goard au Roi. ‘Sire, je remertie Dieu et Le loue de ce qu'il Luy a pleu que vostre Maté, avecques la prudance et après tant de dangiers, elle se soit deslivrée de la main des tirans; danger à la vérité si grand qu'il ne se peult dire, si n'est que Dieu l'a voullu faire par elle et non par d'autre; encores que l'apparence luy apporte nouveaux labeurs, si fault-il espérer en ceste bonté, qu'elle ne le laissera non plus qu'elle a faict par le passé, ayant rendu de telle sorte tous les potentats Chrestiens qu'il n'y a celluy qui ne soit plus obligé à luy en donner la louange qu'elle mérite, et à emploier tout ce qui deppend, tant de leurs Estatz que de leurs vies, pour luy en donner la gloire du triumphe deu à une tant saincte et belle entreprise, si bien et si heureusement conduicte. Vostre Maté me fera ceste grâce, si ung bon et fidelle subject et serviteur la mérite de son Roy et de son maistre, trouver bon le plaisir que j'ay de ses prospéritez et me permectre luy dire que je n'ay jamais ceddé à autre, de quelque qualité qu'il soit, à l'aimer et servir, ne désirant jamais riens, si ce n'est de précipiter ma vie en toutes sortes d'occasions pour son service; la supliant très-humblement me ra- | |
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Ga naar margenoot+peller auprès d'Elle, à celle fin que je puisse mourir à ses piedz deffendant sa vie et son Estat; et envoier icy quelqu'un qui sçaura mieulx faire ceste charge que moy, et qui peult estre demeureroit aussi plus inutille que je ne seray avecques ung cheval, une lance, ou ung corselet et picque. La nouvelle des événements du jour St. Barthélemy est arrivée en ce lieu au Roy Catholique, par ung courrier depesché par Don Diégo, le samedy au seoir septiesme de ce mois, et ayant le Roy ceste nouvelle, il a monstré contre son naturel et coustume tant d'allégrieGa naar voetnoot1, qu'il la faict plus magnifeste que de toutes les bonnes advantures et fortunes qui luy vindrent jamais, aiant apelé ses familiers pour leur dire qu'il cognoissoit que vostre Majesté estoit son bon frère, et qu'il voioit qu'il n'y avoit au monde qui en méritast le tiltre de très-Chrestien qu'Elle. Et quant et quant leur donna part de l'occasion qui l'avoit si soudainement meu à [tenir àGa naar voetnoot2] tels propos contre tout ce qu'il avoit pansé, veu l'estat des choses du monde, et aussi tost m'envoia ledit Sr Roy son secrétaire Cayas m'aporter le parabienGa naar voetnoot3 de ceste nouvelle et advertir que à mesme heure le Roy son maistre passoit à St. Hiéronime pour y rendre toutes sortes de grâces à Dieu, et le prier tenir à vostre Maté la main à ses affaires de si grande conséquences. Et ne voullant faillir à la dilligence de ce qui m'a semblé, comme son Ambassadeur je devois faire, je luy envoié demander l'audiance pour le landemain au matin, laquelle il me accordast fort libérallement, et me manda qu'il auroit fort grand plaisir de me veoir. De manière Sire, que je le feus trouver dimanche matin au dit St. Hiéronime, et estant arrivé auprès de luy, il se prist à rire, et avecques démonstration d'un extresme plaisir et contantement, il me commança à louer vostre Maté du tiltre de très-Chrétien, me disant qu'il n'y avoit Roy qui se peult faire son compaignon, ne an valleur ne en prudance. Premièrement louant la résolution prise et la longue dissimulation de si grande entreprise, n'estant tout le monde ensemble capable de la pouvoir comprendre, l'aiant mise si à propos et contre toutes aparences et espérances; tous les gens de bien jouissoient de la paix que tout le monde avoit perdue, mourant desja les ungs de la peur d'une si calamiteuse guerre, les autres se préparant à | |
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Ga naar margenoot+la licence qu'elle aporte, qui est aux mauvais de rassasier leurs ambitions et aux bons la patience aux événements; mais que Dieu l'avoit voullu faire protecteur de la Chrestienté et rampart contre les misères signifiées par tant de conspirateurs tirans, lesquels s'estoient élevez contre les Roys qui deffendoient Son honneur et Sa loy avecques les Estats desquels il les a faicts gardiens. Je luy dits Sire, que je louois et remerciois Dieu et me réjouissois avecques luy de ce qu'il Luy avoit pleu que vostre Majesté eust si bien paié le maistre de son aprentissage, et s'estre monstré si à propos de mériter le nom de Roy très-Chrestien et très-véritable; et que, si par le passé il avoit pansé que je traitasse avecques peu de vérité, que de ceste heure il estoit obligé à en faire pénitance, et me donner pour l'advenir telle foy et crédit qu'il ne falloit révoquer en doubte chose que je disse de la part de vostre Majesté; et que je désirois qu'il me l'acquist à tous ceulx qui ont voullu faire les mauvais interprêtes d'un si grant Roy, qui tellement a esté traversé en ses sainctes entreprises, et que je me esbahissois comme Dieu ne les avoit jà punis. Et que au reste il falloit qu'il confessast qu'il debvoit à vostre Maté ses Pays-Bas de Flandres.’ 19 sept. St. Goard à la Reine-mère. ‘Madame, je remertie et loue Dieu de ce qu'il Luy a pleu garder voz Majestez et Messieurs de la main des tirans et nouveaux conjurateurs, avecques le chastiment mérité à ceulx qui s'eslevent contre leurs Roys, ne demeurant jamais impugnis de leurs déméites; leur donnant Dieu tousjours nouvelles pénitences à leurs vieux péchez. Ce faict amesne icy une telle mutation en l'aparance où estoient auparavant les affaires, que riens ne ressemble à ce temps là; estant vostre Majté louée de-telle sorte que touts les travaults qu'elle a passés durant le bas eage du Roy, sont à ceste heure comptez pour miracles; s'esbahissant tout le monde comme il est possible que ce faict ait si bien succeddé, et d'un jour, et quant l'on a le moings espéré, il soit advenu chose de si grande importance pour tout le bien de la Chrestienté. Ce faict a esté aussi bien pris de se Roy comme on le peult penser, pour luy estre tant profitable pour ses affaires; toutesfois, comme il est le prince du monde qui sçait et faict le plus profession de dissimuler toutes choses, si n'a il sceu celler en ceste-cy le plaisir qu'il en a | |
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Ga naar margenoot+reçeu, et encores que je infére touts ses mouvements procedder du bien que en recepvoient ses affaires, lesquelles il voioit pour desplorer sans ce seul remedde, si a il faict croire à tout le monde par ces aparensGa naar voetnoot1 que c'estoit pour le respect du bon succez que voz Matez avoient eu en si haultes entreprises, tantost louant le filz d'avoir une telle mère, l'aiant si bien gardé durant son bas eage de tant de dangiers, puis la mère d'un tel filz, qui a sçeu avecques tant de patiens et prudence exécuter choses qui aportent tant de bien à toute la Chrestienté.’ 19 sept. St. Goard au Roi. ‘Je dis au Roi que le Roi de France avoit proceddé avec ceste détermination contre les exécutez, pour avoir cognu nouvelle conjuration contre sa personne réalleGa naar voetnoot2, n'entendant rompre son édit de paciffication. Néanmoins encores que la cognoissance feust bien requise, si est-ce qu'elle deffendoit tous presches pour se commancement, veu la quantité de gentilhommes, ou de chasteaux et maisons, ayant aparence, si on n'y remédioit avecques prudans et dextérité, ils s'eslévroient, tant pour la deffens de leur relligion que de leurs vies; chose qui la faisoit aller ung peu plus retenu pour ung temps, à celle fin d'accommoder toutes choses en son lieu; et que ce temps pendant il estoit raisonnable et plus que nécessaire que ses ministres usassent à l'endroit de vostre Majesté de toutes sortes de respects et bons déportements; à celle fin que chacun cogneust la fraternelle, mutuelle, et bonne intelligence qui est entre voz Majestez, et dont dépand l'exécution perfaicte de ce beau commancement; n'estant seullement besoing de lever toutes occasions de meffidansGa naar voetnoot3 d'un costé et d'autre, et favoriser l'un l'autre, comme vostre Majesté fera de son costé en toutes sortes d'occasions, se deslibérant avoir à cest effect bien tost de bonne forces ensemble; et de plus je le voullois bien advertir que estoit demeuré entre les mains de ses ministres de la deffaicte de Genlis plusieurs gentilshommes de ceste faction, lesquelz seroient pour faire assez de mal s'ilz estoient en liberté, comme aussi ceulx qui sont dans la ville de Montz, cognus pour les plus factieux des Pais Bas; estant l'un des plus grands services que se puisse faire pour la Chrestienté, que de la prendre et passer tout au fil de l'espée, | |
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Ga naar margenoot+et qu'il escrivist et commandast au Duc d'Alve de n'en donner à ses considérations liberté aux prisonniers qu'il a de la dite deffaicte, par ce que ce seroit autant fortiffier les ennemis commungs, et qu'il se gardast bien de ce fier en chose quiGa naar voetnoot1 luy dissent ou promissent, par ce qu'il ne se trouvera qu'ils aient jamais gardé aucune foy, qui est le propre à tous genres d'héréticques. Et aussy que je luy voullois bien dire que, pour n'avoir esté le Prince d'Oranges combatu les troubles passées, il s'en est ensuivy le mal qu'il vat en ces Païs Bas, aiant j'estime, ou pour le moings l'aparance y est, que les aiant remis au Roy [maitre] de France estoit assez, mais qu'il n'estoit sorty, ce qui seroit bien pis sans le remedde de vostre Majesté qu'elle a voullu mectre. En considération de quoy il estoit obligé pourveoire que pour l'advenir telles choses ne advinssent, et se résouldra d'avoir la fin d'un tel ennemy, et ne le garder plus à recommancer telles insolances, quant l'occasion et le temps luy en redonnoient les moiens; luy disant luy avoir voullu remonstrer et dire ce que dessus, sachant que c'est l'intention de vostre Majesté de se pourveoire si bien que, quand il ne seroit assisté comme l'on doibt faire, se trouver accommodé non seulement à deffendre sa frontière, mais elle cherchera par tout le monde les ennemis communs du repos publicq pour les combatre. Et qu'il luy souvienne combien de fois vostre Majesté les avoit combatus et deffaicts; me semblant que ne reste plus pour la perfection de l'oeuvre que à fournir ce pettit reste; où il estoit besoing qu'il y mist la main avecques la bonne intention que je sçavois qu'il avoit; et qu'il commandast à ses ministres qu'ilz y allassent avecques toute sincérité, mettant à part toutes sortes de dissimulations qui en vouldroit user; et que en faisant ainsi, il estoit aisé à présumer, comme chose trop aparante, le Prince d'Orange n'avoire que tenir, n'estant fondé que sur le moien et bource de ceulx qui les luy fermeront bien tost, voiant ce qu'ils n'avoient pas pensé de veoireGa naar voetnoot2 advenir, de la main si forte d'un Roy qui la voulleroit [depérir], et avecques tant de prudans et après avoir échappé tant de dangiers en sa jeunesse, et si à propos pour le bien universel de toute la Chrestienté, et particulièrement pour les grandes affaires qui luy estoient sans cela sur les bras, qui ne luy | |
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Ga naar margenoot+signifioient rien moins que la perdition de l'Estat des Pais-Bas. Mais à ceste heure il est tout apparent qu'ils n'ont plus de sureté, ne en la campaigne ne aulx villes, les aiant ce seul respect tout à ung coup faict perdre toutes sortes d'espérans; le suppliant de bien considérér tout ce que je luy avois dict et me voulloir respondre, par ce que c'estoit négotiation qui ne comportoit nulle dillation; et aussi qu'il estoit nécessaire pour la satisfaction de vostre Majesté, il retirast les forces extraordinaires qu'elle avoit mise sur ses frontières, à celle fin que par tel moien chacun vist qu'il n'y a lieu de soubçon. De plus je luy voullois bien dire qu'il se publioit que le Duc d'Alve traictoit d'apointement avecques le Prince d'Orange, disant en avoir la puissance de luy, chose qui seroit trop estrange à croire, veu ce qu'il avoit tousjours conseillé à vostre Majté, attendu que nulle nécessité ne le presse à venir à ceste extresmité, comme elle avoit esté de son costé, ayant bien monstré à ceste heure ce qu'elle en pensoit, quant, après avoir donné tant de batailles et se veoir si mal assisté de ceulx qui avoient le mesme intérest, il luy avoit fallu dissimuler et conniver, jusques à tant qu'elle a monstré quelle estoit son intention, qui se voit bien conforme à tout ce que je disois syGa naar voetnoot1 de sa part, et bien esloignée des aparances des quelles l'on doubtoit tant les événements.’
Un an plus tard St. Goard écrit dans un Mémoire d'aucuns points et articles dont il a charge de faire entendre à leurs Majestés: ‘Le Duc d'Alve et D. Fédericq se justiffient de n'avoir trouvé moyen de réduire Harlem par composition et douceur, et s'excusent sur le mescontentement qu'ilz ont veu qu'avoit le Roy d'Espagne de la composition de Mons. Ils ont gens affidez pour tuer le Prince d'Aurange et néantmoings par, le moyen de l'Empereur, qui faict menerGa naar voetnoot2 soubz main envers les Princes Protestants, ilz cherchent de compozer avecq luy.’ |
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