Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Supplément
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij24.
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Ga naar margenoot+glise et Religion catholicque, ensemble aussy la grandeur, puissance et asseurance du Roy, et signamment le bénéfice et augmentation de l'honneur et bien publicq detoutes les provinces et pays de la Germanie Inférieure ou Basse-Allemagne, etc. Item, premièrement et surtout, que le Roy face incorporer tout le pays et provinces de ce Pays bas, en ung corps de Royaulme et se face couronner Roy absolut du mesme royaulme, lui donnant le nom et tiltre de Royaulme de la Basse-Allemagne ou Germanie Inférieure, faisant de la ville de Bruxelles ung lieu métropolis, siège royale ou ville capitale du mesme royaulme, comme Paris en France, Londres en Angleterre, etc.’ ‘Item, pour le second poinct, que Sa Majesté face une certaine Loy politicque et universelle pour tout le royaulme touchant la conservation et tranquillité de notre religion Catholicque, et que telle loy soit faicte léallement, avecq le consentement national de toutes les nations et provinces de ce dit royaulme. Bien entendu que la dite loy généralle ne soit en aulcune manière appellée Inquisition, à cause que naturellement il n'y a chose qui soit tant odieuse à ces nations septentrionales que ce vocable de l'Inquisition d'Espaigne, nonobstant que la chose de soy mesme et de son commencement soit saincte et honneste etc. Item, pour le troisième point, que le Roy face érection d'ung certain nombre d'Évesques, qui soient tous personnaigesGa naar voetnoot1 et approuvés de bonne vie et doctrine Crestienne, aux quels sera ordonné qu'ils soient tousjours résidents aux lieux et provinces où ils seront ordonnés et de besoings, pour ce que naturellement il n'y a chose qui cause plus la désobéissance et insolence du peuple prophane que l'absence et négligence du bon et vigilent pasteur et Évesque qui n'est tousjours entre eulx à la main, comme par expérience nous avons veu en ce temps et calamités passées etc. Item, pour le quatriesme, que sa Majesté face abolir et anéantir, en toutes les cités et villes du dit Royaulme, la forme et manière qu'ils ont de Conseil qu'on appelle den breeden Redt, à cause que, par l'instabilité et variation de ceste manière de Conseil sont vrayement procédés tous les tumultes et rebellions populaires de ces jours | |
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Ga naar margenoot+passés; j'entends principalement ès villes d'Anvers, d'Amsterdam et de Valenchiennes, car ils étoient sibraves et arrogants en ceste leur manière de conseil qu'ils aspiroient contre toute raison donner et prescrire de faict loy à leur Roy et Prince, comme par l'expérience du temps on a bien [veu, etc.] Item, Pour le cinquiesme, que le Roy establisse et face un nouveau office en toutes les cités et villes de ce dit royaulme; assavoir qu'il ordonne et commeste en chascune d'icelles ung personnaige prudent et vaillant, que, pour le respect de son dit office et charge, soit appelé capitaine ou lieutenant du Roy; lequel, en vertu de son dit office, aura tousjours accès, entrée libre et siège aux consaulx et congrégations de telle cité ou ville, tant au sénat et collège des principaulx que au conseil du peuple, à cause que naturellement tel office d'explorateur du Roy causera tousjours tant aux grands qu'aux petits de consaulx et congrégations qu'ils seront tousjours attentifs et bien avisés de jamais prononcer ou faire chose que pourroit estre contre la volonté et authorité du Roy. Item, pour le sixième, que sa Majesté face ériger et bastir en aulcuns lieux convenables dont on pourroit avoir doubte, certain chasteaulx et fortresses bien fortes et seures, à savoir ès lieux où ils l'ont mérité pour chastoy de leurs follies et insolences, affin de par ce moyen asseurer ce pays des assemblées et rebellions à avenir, pource que naturellement il n'y a chose qu'à ung peuple insolent force plus obéyr à la raison et vouloir du Prince que l'entretènement et conservation des gens de guerre tousjours à leur nez et le baston en la main, pour mettre en repos ceulx qui cherchent trouble et inquiétude. Item, pour le septiesme point, que le Roy face prendre et oster à toutes les cités et villes en corps de ce royaulme les armes et artilleries qu'ils ont, exceptés les villes et places frontières, et que toutes les dites armes et munitions soient mis en lieu nettement gardés, dedans les dits chasteaulx et fortresses que sa Majesté fera bastir au corps de ce dit royaulme, à ceste fin que, en temps de nécessité, les dites armes et munitions puissent estre facillement distribuées et employées où il sera de besoin et plaisra au Roy, pour ce que naturellement il n'y a chose qui tiendra un peuple désordonné plus obéissant et pacificque que de veoir leur Roy bien servy et armé et le | |
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Ga naar margenoot+peuple bien vestu et désarmé, car c'est une règle générale que le peuple qui se sent pauvre des biens et riche et bien pourveu d'armes, désirent tousjours changer d'état: là où au contraire le peuple qui est riche et bien pourveu des biens et dépourveu d'armes, est désireulx de continuer et demeurer en le dit état. Item, pour le huitiesme, que sa Majesté face construire et bastir certaines formes d'armures d'armesGa naar voetnoot1, ce que c'est à dire ung lieu principal et bien fort pour y mectre les armes et munitions du Roy, prenant exemple aux semblables armures qu'on a à Venise, Constantinople, Lisbonne et Paris, lesquels en grande partie sont cause du sousténement des forces et valeurs des dits Royaulmes et que ceste fortresse ou lieu des munitions soit fondée et faicte en la ville de Malines, comme au cueur dudit royaulme et accommodée pour, tant par mer, par terre que par eau doulce, faire distribution des dites artilleries et armes par tout le pays où il sera requis, et que le mesme armure ou fortresse soit faict au lieu où pour le présent est le grand béguinaige de la dite ville, le quel lieu, à peu de despenses, se pourra faire la plus forte place de la Crétienneté, à cause de l'abondance de l'eau et marescaiges que y est; et par ce moyen le Roy sera asseuré de trois choses, savoir d'ung lieu très-fort et inexpugnable au cueur de son dit royaulme, et avecque ce aura munition et armes à souffisance pour former un camp royale de 40 ou 50 mille personnes en campaigne, et finablement sera asseuré que, étant son peuple au corps de son pays tousjours sans armes, ils ne seront si prompts ni habiles pour se révolter contre leur Prince, pour ce qu'on trouve que le peuple de ce pays en général est plus adonné et enclin à estre bien vestu et meublé en leurs maisons que d'estre bîen garnys et armés en campaigne; et veuillant sa Majesté procéder de ceste sorte, le nombre des religieuses du dit béguinaige se pourroit facilement partir et se pourveoir d'aultres maisons et aultres habitations de religion és aultres bonnes villes circonvoisines et, par ce moyen le Roy se pourra accommoder de la place et les bégines bien pourveues de leurs habitations. Item, pour le neufiesme, que sa M. face ordonner et dresser une armée marine en ce pays, au nombre de 20 ou 30 vaisseaux on. | |
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Ga naar margenoot+navires grands, moyens et petits; lesquels seront tousjours, tant ne temps de paix que de guerre, entretegnus en traieté et commerce universel de la marchandise do tout le royaulme, comme des charges tant de dehors que dedens, pescheries et asseurances avecq beaucoup d'aultres choses à ce appertenant; à l'exemple de tous les aultres princes, roys et potentats qui sont contigus et abbordant à la mer Océane, lesquels entretiennent bien certaines armées marines pour l'asseurance, tuition et deffense de leur royaulme; laquelle armée marine se pourra certainement dresser et entretenir en ce pays plus commodément qu'en nul pays aultre de la Crétienneté, et ce à cause de la grande abundance de négotiation et trafique qui est ici plus qu'en nul aultre pays du monde; car je dis et le peux prouver par expérience que des biens et richesses que les vasseaux et subjects de sa Majesté ont perdu seulement depuis sept ans encha en la mer, par la vollerie et larronnerie de la nation Angloise, on pourroit entretenir telle armée pour long temps, mesme aussi conquester quasi le royaulme d'Angleterre; à quoi pour le présent il n'y a nul remède ny apparence de pouvoir recouvrer quelque chose des biens et richesses perdues et desrobées, ce qu'est tant seulement advenu en effect par faulte de telle armée de mer, que aultres princes et potentats principalement entretiennent, et aussi naturellement ung Roy, pour puissant qu'il soit par terre, s'il n'a quelque puissance par mer, il ne se peult nommer entièrement Roy puissant, et seront par faulte de ce, ses basteaux toujours pillés et desrobés et au surplus vitupérés des aultres nations circonvoisines, et aucune fois perdront plus de biens par mer en une fois qu'ils pourront gaigner par toute leur vie en terre. Item, pour le dixième, que sa Majesté face furnir les chasteaux et fortresses qu'il fera bastir par le corps de ce royaume des gens de nations étrangères et principalement d'Espaignols, Italiens, Bourguignons, et Allemands, pour ce que naturellement l'étranger qui est au corps du pays au service et garnison du Roy, est beaucoup plus asseuré, plus léal, et plus serviciable que les naturels du pays; car nous trouvons tousjours que les gens de ce pays sont plus dédiés et affectionnés à l'industrie que à la guerre. Item, pour le onziesme, que le Roy fasse par tout le royaulme | |
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Ga naar margenoot+universellement visiter et renouveller tous les privilèges, et qu'il ordonne et face publier que par tout soit usée et entretenue une forme de loy, de privilège, de religion, et de cérémonies, et aussi une sorte de poix, de mesure et de monnoye en tout le royaulme; pour ce que ordinairement en ung royaulme où les poixs, mesures, monnoyes correspondent par ensemble et sont d'une mesme forme, cause que les couraiges et affections des gens sont plus conformes et léaulx, et principalement plus à repos et obéisant à leur Roy et à ses loyx. Item, pour le douziesme, que la Majesté du Roy face donner et confirmer à toutes les provinces et pays, mesme aussy en particulier à toutes les cités et villes de ce royaulme, aulcunes franchises et libertés, et ce pour l'augmentation et conservation du commerce, traficque et négociation publicque de ce pays; pour ce que vrayement on trouve par expérience que le nerf et soustènement de la richesse et opulence de ce royaulme ou république consiste et dépend effectuellement de la confluence et fréquentation de toutes les nations quasi de l'Europe, qui font ici leur traficque et marchandise, tant par mer que par terre, et ce à raison de l'assiète naturelle du pays et pour l'habileté et capacité qu'ils trouvent au peuple universellement aux négoces et affaires, tant par mer que par terre, plus qu'en nul aultre génération du monde. Item, pour le treiziesme et dernier point, que le Roy donne par tout le Royaulme une remission royale et pardon général à tout le même peuple de leur folie, ignorance, tumulte et erreur passée et face rappeler tous ceulx qui à ceste cause se sont absentés et enfuis de toutes les provinces, usant enfin de justice médiocre avecq ceux qui ont été chefs et principaulx autheurs des mutinations et tumultes passés. Bien entendu toutefois que la dite justice soit plutost mêlée de clémence et douceur que de cruaulté et rigueur, pour ce que cela appartient et convient à la prudence des Roys, mesme correspondent à ce proverbe de César par lequel il dit que la prouesse et grandeur d'ung prince magnanime consiste beaucoup plus en pardonner au peuple avecq amour, que en chastier icelly avec rigueur et chiedGa naar voetnoot1 bien à ung prince et monarche, tant grand qu'il soit, qu'il fasse l'essay de sa vertu et richesse et qu'il soit Seigneur par force et valeur, et | |
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Ga naar margenoot+que après il face le même essay de sa bonté et clémence, et que à la fin gouverne et commande avecq amour; et par ainsi je dis pour conclusion que, entre toutes les choses de ce monde, piété et justice fontles princes grands et vaillants.’ |
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