Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Supplément
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij[1568]25.
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Ga naar margenoot+il est grand seigneur, laissez le dire, et en ce qu'il vous vouldra employer, faictes luy service: quant à ce qu'il dict de moy, je ne m'en soucie une prune, et vous prie non vous en soucier pour moy, ny que je vous ay escript; ne parlez de moy, comme si vous ne me cognoissiez, je me contente de les laisser dire, et de m'entendre avec mon maistre: tenez regard de servir et de complaire tant que vous pourez à tous, et de rendre vostre debvoir au maistre, en ce que l'on vous vouldra entremettre; sans prétendre plus avant: car c'est le plus court chemin pour parvenir, et qui veult aller aultrement avec ces gens, se forcompte; à la fin du jeu, l'on verra qui se sera bien ou mal conduyt. Pour Dieu, vivez allégrement et fuyez ceulx qui vous veuillent mettre peur et umbreGa naar voetnoot1; je me souviens d'avoir souvent crié à M. d'Arras qu'il estoit pusillanime et que omnia tuta timet; Dieu nous aydera, tout vient à temps à qui sçait pacientement attendre, mais chacun n'y est pas maistre, il le fault apprendre par long usaige, et ne vous fonder sur les creux discours [d'Aguilon], il en faict souvent à sa fantaisie.’ 28 janv. Philippe II à M. de Chantonay. Le Duc d'Alve lui a envoyé copie de la lettre que Chantonay lui avoit écrite le 28 sept., ‘avisandole de lo que haviades passado con el Emperador sobre la prision delos Condes Degmont y Horne, que, aunque fué algo duro, no me altero nada, porque siempre tuve por cierto que quando entendiesse la razon y justificaçion conque se havia hecho, la tomaria diferentemente, como mescrivis que lo yua ya tomando, y lo havra tomado de todo punto, quando aya visto 10 que le escrivi.’ 14 févr. (Rome). Le Cardinal à Belin. ‘Qui veult vivre en Court, il fault qu'il souffre beaulcoup, et avec bonne patience; et qu'il se saiche taire et dissimuler l'espoir, pour éviter les jalousies et traverses des émulateurs.’ 15 mars (Château de Béthune). [M. de la Thieulloye] au Cardinal. ‘Je prévois, si Dieu n'a pitié de ces povres pays, que tous seront pugnis en général pour la particularité de ceulx qui ont offencé. Je loue mon Dieu qu'en ce petit gouvernement qu'Il m'a préservé, qu'il n'y at eu âme vivante qui ait rompu aucunes église, ny fait presches sur iceluy.’ | |
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Ga naar margenoot+20 mai. Philippe Il à M. de Chantonay. ‘Quanto al particular del Pr. de Or., ledireis que puede responder y assegurar al Duque Augusto que por el de Alva se procede en mi nombre con tanto miramiento y justificacion que sino tuviere culpa no sele hara agravio, y que holgario yo muy mucho que el se hallasse tan libre della que sepudiesse purgar bastantemente, y volver a su Estado, y gozarlo como sus passados, y que si a caso seconosciesse alguna falta en el modo de proceder que se tiene en su causa, la mandaré encomendar, de suerte que podra estar muy assegurado que sele administrara justicia sin afficion ni passion, pues no ay aparencia para sospechar lo contrarie del Duque, ni de ninguno delos ministros que alli tengo.’ 5 juin. Belin au Cardinal. ‘Les Comtes d'Egmont et de Hornes sont morts Chrestiens, et maintenant leurs corps enterrés en l'Église de N.D. du Sablon; Dieu ait leurs âmes.’ 7 juin. Morillon au Cardinal. ‘Puisque Bordey advertit de justice ce que Morillon at veu ..., il ne veult user de répétition. Il at fort senti ce de Egmont et dit où il luy ha semblé, et tout [hault], mesmes à ce Duc, et escript à l'Archevêque de Cambray le grand regret qu'il sçayt Granvelle en aurat, aiant faict tant d'offices vers le Roy et plus peult-estre qu'il n'at heu de gré. Morillon a estè merveilleusement esmeu, mesmes de ce que les testes furent si longuement sur les estacquesGa naar voetnoot1. Lorsque Egmont sortit de Gand, tout le monde ploroit ... Telles sont les variétez de ce povre monde. ... [Hessels] m'at asseuré que, quant l'on at proposé au Duc la clémence, il at dit que la maladie qu'il avoit heu n'estoit procédée pour la deffaite de Frise, encoires qu'il sentit extrêmement la perte que l'on avoit faict à Mr d'Aremberghe irréparable; mais du respect qu'il avoit prins du commandement que luy avoit faict S.M. si exprès d'exécuter ceste sentence, et qu'il avoit procuré de tout son povoir la mitigation, mais que l'on avoit répondu que, si il n'y eut esté aultre offence que celle qui touchoit S.M., le pardon fut esté facille, mais qu'elle ne pouvoit remectre l'offense faicte si grande à Dieu, et j'entendz d'aucuns que son Exc.Ga naar voetnoot2 at jeeté des larmes aussi grosses que poix au temps que l'on estoit sur ces exécu- | |
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Ga naar margenoot+tions, ce que Morillon at faict sonner où il luy a semblé convenir, quia multorum animi exacerbati. Nostre doyen de St. GouleGa naar voetnoot1.... veit sur le marché de bled de Malines grande assemblée de gens mectans la teste ensemble sur ces nouvelles ... Il dit qu'il fut bien aise de passer oultre légièrement, pour les maulvais regards que l'on luy donnoit, véant facillement à sa contenance de quelle profession il estoit. Tout se impute aux prestres et n'est Granvelle oblié... 52Ga naar voetnoot2 est en opinion que Egmont soit esté aucteur de tout le mal; aussi la présomption et l'orgueil estoit insupportable; et quoy qu'il en soit, Morillon pense que ceste justice fera non seulement règner nostre Roy, mais aussi celui [de France], et ne peult estre que les [execudos] de Espaigne ne s'addoucissent [et conda uber l'amiral], et soient espantezGa naar voetnoot3 véant comme l'on a traicté celluy d'icy.... Berlaymont dit que le Prince et socii ne regretteront Egmont, mais en seront joyeulx, quia discesserat ab eis. Morillon l'at trouvé fort alteré, disant qu'il n'avoit rien sçeu de tout cecy jusques le jeudi après disner, lorsque au midi, où le vendredi la sentence s'estoit donné par le tribunal; combien que aulcuns dient qu'elle soit esté envoié de Espagne et que les advis que l'on at demandé sont esté pour sonder. Berlaymont adjousta qu'il véoitGa naar voetnoot4 bien que tous seriont mis au joug, et que des mercedes, dont l'on avoit tant parlé, il ne sortiroit rien que paroles, et que, pour cent mil escus, il ne sortiroit de son debvoir; avec aultres propoz apassionez; sur ce que Morillon luy dit doulcement qu'il ne debvoit prendre ces imaginations et qu'il debvoit croire ce que le Duc luy disoit de par le Roy, auquel il importoit de aussi bien traicter les bons comme il chastioit les malvais. Il réplicqua qu'il véoit [à] merveille; Morillon luy dit rondement qu'il falloit aulcune fois véant estre borgne, et le luy répéta, et qu'il ne se debvoit deffier de la bonté du maistre; certes ce sont povres et qui se troublent de peu; s'ilz fussent estez au lieu de Granvelle, il y at long temps qu'ilz heussent quicté tout: il faisoit grand fondement sur ce que Aerschot avoit esté présent à Gasbech, lorsque Egmont dit à Hochstrate, qui crioit “vive les geus,” que, s'il heut sceu qu'il debvoit user de ces termes, qu'il heut trouvé visaige de bois, et que ce n'estoient bons serviteurs du maistre qui en usoient | |
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Ga naar margenoot+ainsi; mais ilz ne dient point que [Egmont] at tousjours mis entre deux [cordes sur meure] et souvent faict oeuvres contraires, selon qu'il at esté ambidextre, pour se servir maintenant de l'ung, maintenant de l'aultre, selon qu'il viendroit mieulx à propos. Berlaymont et Viglius feirent quelque office vers le Duc et, ad ce que j'entendz, Viglius devisoit fort bien et au contentement de ceulx qui l'emploiarent en ce, l'affinité avec la maison [d'Austrice], les services, mais véant que tout estoit conclud, il procéda retenuement, de sorte que le Duc ne povoit estre offensé de cest office; et n'y heut faulte de réponse saige et prudente.... Ce n'est peu que si grand Roy traicte si amiablement le Cardinal, enchérissant luy mesmes si grandement ses services et mérites, en ce qu'il at bien grande raison, car je tiens que, sans la vigilance et prudent avis du Cardinal, que Morillon at tousjours noté avoir esté suivy par le Roy, l'on luy heut ici volé ses païs.’ 13 juin (Louvain). Morillon au Cardinal. ‘Morillon at parlé à IprensisGa naar voetnoot1, que luy at dit que d'Egmont n'at faict aulcune mention de Granvelle, qu'est merveille, puisqu'il at rendu si grand debvoir pour bien mourir, lorsque ne se debvoit oblier un poinct si principal, aiant esté si notoire la haine que l'on démonstroit contre Granvelle, mais, comme la cause n'y estoit, je veulx penser que ce soit plustost esté prétext que de verasGa naar voetnoot2, et que passé an et jour, Egmont en estoit revenu et heut désiré la réconciliation; plus suisje esbahi de Hornes, qui par ses escriptures et de paroles depuis sa prison perstitit in odio, duquel touttefois il n'at jamais sonné mot à son confesseur. Ad ce que je me suis apperceu, Yprensis tient la punition de Egmont très-juste et nécessaire pour l'exemple, et comme, pour le sonder d'advantaige, Morillon luy comptitGa naar voetnoot3 qu'il avoit tenu à peu que le Roy ne luy heut donné la mesme charge que au Duc d'Alve, il répondit que ce fut esté nostre ruine, adjoustant que Egmont s'estoit voulu fort découlperGa naar voetnoot4 par ses intentions pour avoir esté bonnes; ad ce qu'il avoit réplicqué que cela n'escusoit, quant les euvres n'estoient bonnes et que telle intention estoit erronée; il fault bien dire que, quelque bonne mine que Egmont ayt tenu, il se sentit coupable en sa conscience, puisqu'il at si peu | |
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Ga naar margenoot+réclamé de la sentence, se résolvant si tost à l'effect d'icelle. Yprensis at monstré à Morillon la lettre que Egmont escripvoit au Roy, [qu'estoit] de donner feuille de sa main, dont le sommaire vad cy encloz de ce que Morillon en at retenu. Le DucleGa naar voetnoot1 détient pour consoler la vefve et enfants.’ 27 juin. Morillon au Cardinal. ‘Il vient fort mal à propos que le viel Duc Henri de Brunsvic soit décédé, car aulcuns ont opinion que son filz, auquel il at lessé beaucoup d'argent, en vouldrat accommoder le Prince d'Oranges, pour les plaisirs qu'il lui a faict cydevant, l'aiant accommodé de deniers et crédit, jusques à avoir répondu pour ses debtes, de sorte que l'on dit que le jeusne Duc luy porte une affection incréable, et que sur icelle se soit appuyé ledit Prince, qui dit ung jour au Conseil d'Estat à Madame qu'il ne vouloit nyer qu'il n'heut très-estroicte amitié et correspondence avec aulcuns principaulx Seigneurs d'Allemaigne, mais le dit sieur Duc ne sera bien conseillé de l'adsister contre son Souverain; ce seroit bien assez que cy-après il luy rendit le mesme plaisir que le Prince luy a faict, l'aydant à vivre.’ 17 juill. (Rome) Le Cardinal à Belin. ‘Dieu pardoint aux exécutés. Et Dieu sçait que je sens extrêmement qu'en M. d'Aigmont (contre l'espoir que j'en avoys) ce soit trouvé cause pour procéder avec telle rigueur à l'endroit de sa personne. Je prie à Dieu qu'Il luy face mercy, comme j'espère, s'estant tant chrestiennement et catholiquement disposé à la mort.’ 26 juillet. (Madrid). Le Roi Philippe II au Duc d'Albe. Il luy annonce la mort de D. Carlos, dans les termes reçus en pareille occasion. ‘A faict une fin tant [chrestienne] et avecque telle repentance et contrition que ce m'a esté beaucoup d'allégement et consolation en ce travail.’ 14 août. Morillon au Cardinal. ‘Il y at longtemps que j'ay cogneu par vos lectres la peine que vostre Seigneurie at prins pour ayder le povre Conte d'Egmont et plusieurs le sçaivent icy: le bon seigneur avoit faulte de quelque barbes blanches, au lieu de tant de jeusnes gens, à qui il donnoit à manger. Dieu sçait s'il m'at aussi cousté des larmes: nozGa naar voetnoot2 pardonsGa naar voetnoot3 nostre noblesse; Dieu pardoint à ceulx | |
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Ga naar margenoot+qui en sont cause; je ne veulz nommer personne, mais il me samble que, si le Prince d'Oranges fut esté attraict par luy à la dansse, comme il at semé partout, que il ne feroit maintenant ce qu'il faict, emprendantGa naar voetnoot1 si ouvertement contre son seigneur souverain et semant des meschantz livretz que, ad ce que j'entendz, n'auront aultre effect vers gens de commun cerveau que pour manifester sa rebellion, confessant ouvertement qu'il veult promouvoir les sectes en ce pays. Ainsi que j'estois sur ce poinct, j'ay veu advertissement, venant de Maestricht, qu'il n'est si prest, ny fort, comme l'on crie icy hault; il y at encores partout de malheureuses gens, qui font grand fondement sur l'argent que luy furnit le jeune Duc de Brunswik, qui ne sera saige de perdre ce que son père at, avec si grand travail et dangier, ramassé, et que l'at maintenu en son estre.... L'on murmure icy de la venue du Roy; Berlaymont me dit luy avoir escript qu'il est plus que nécessaire, ou que le pays souffrira. L'on continueGa naar voetnoot2 la mort du filz du Roy et l'exécution de Montigny et Vandenesse; le triumvirat seroit parfaict si Benard y fut, mais il viendrat tout en temps; l'Archevêque de Cambray m'at comptéGa naar voetnoot3 que le Roy survint où il ouyt dire Montigny, sans estre veu de luy, que le Roy povoit faire ce qu'il vouloit, mais qu'il ne gaigneroit rien quant au Cardinal, et que les Seigneurs n'en vouloient poinct; aussi m'at-il dit que Berghes ne sceut jamais le desseing du Prince et que, quant il le sceut, qu'il s'en retira; je tiens que le Prince ne sçavoit le desseing de Berghes, car chascun alloit pour tromper son compaignon, mais en une chose estoient-ilz d'accord, qu'estoit de forclore le maistre. Aussi dit l'Archevêque que Berghes avoit démoré ferme en la religion, Dieu le sçait, et qu'il heut mieulx recouvert les affaires que Noircarmes, si l'on l'heut lessé faire. La mère de Noircarmes me feit grande caresse et me dit qu'elle doibt plus à v.i.S. qu'à homme que vive. L'Archevêque de Cambray et Atrebaten[sis]Ga naar voetnoot4 ont envoié une lectre au Duc, sur le pardon, de laquelle l'on m'at monstré copie, je suis seur que Granvelle ne gousteroit aulcuns propoz que y sont.’ 13 déc. Morillon au Cardinal. ‘Si le pardon général tarde trop, les affections se perdent.’ |
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