Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VII 1579-1581
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij[1581]No MXIXa.
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Ga naar margenoot+quartiers, avecq tout ce qui s'est passé à l'endroict du traicté de la paix et du succès quy s'en est ensuivy, et particulièrement l'estat auquel les affaires sont à présent. Que pour cest effect ilz veullent regarder de ne faire conclure, arrester, ny délibérer rien qui puisse aulcunement porter préjndice ou reculement aux affaires de s. Alt., soit en particulier ce que concerne la Flandre, ou en général en ce qui touche la paix et la tranquillité de la France. Et que pour cest effect le dit Sr Prince de Condé se veuille rigler selon les articles qui ont esté accordez et concluz de part et d'aultre, toutesfois soubz le bon plaisir du Roy, ne faisant nul doubte que le Roi ne les trouve bons; ou, s'il advient aultrement, ce ques. Alt. n'espère, ne pense en façon quelconque, que pour cela le dit Sr Prince n'en recevra aulcun préjudice pour ung dilay de si petite importance, ains plustost grand advantaige, d'aultant plus qu'il aura de tant plus justifié sa cause et faict paroistre à tout le monde qu'il désire la paix et la tranquillité de ce royaulme. Et après me sembleroit, soubz très-humble correction, que s. Alt. commandast au dit gentilhomme, ou aultre qu'il luy plaira envoier, d'aller premièrement vers M. l'Electeur Comte Palatin Ludwig, qui se tient là tout près. Et qu'il eût charge de luy déclairer en termes généraulx que, comme les Estatz du Pays-Bas se sont addressez par diverses fois à l'Empire pour exposer leurs justes plainctes et doléances des oppressions, foules et tyrannies qu'ils avoient et ont dès longtemps souffertes de divers Gouverneurs, tant Espaignolz qu'Italiens, qui n'avoient rien de commun, ny avecq l'Allemagne, ny avecq les dit Pays-Bas, ains seullement ung désir et envie de piller les | |
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Ga naar margenoot+dits pays et les priver de tous leurs ornemens, biens, prospérités, et richesses, ainsy que les effects en ont assez tesmoigné: que par après les dits Estats se sont addressez a s. Alt., et l'ont fort honorablement et instamment supplié de vouloir prendre leurs affaires en main et les garantir contre la tyrannie et oppression, remonstrans bien et au long tous les debvoirs et bons offices qu'ilz ont faict pour se réconcilier avecq leur Prince naturel, le Roy d'Espagne, et se tenir en la Maison d'Austrice, pour lequel effect ilz ont mesmes choisy et prins ung Gouverneur non seullement de la mesme Maison, mais aussy frère de l'Empereur à présent, ce qu'ilz ont bien amplement et particulièrement donné à entendre aux dits Srs. Princes Electeurs et aultres à la dernière diète qui se fit à Worms, là où ils avoient envoié leurs députez à cest effect, avecq bien expresses protestations que, s'il n'y estoit pourveu, que l'on ne trouvast estrange qu'ilz cerchassent secours partout où ilz en pourroient trouver. Or, après luy avoir donné bien amplement à entendre tout ce que dessus, s. Alt., pour plusieurs raisons qui à ce l'ont meu, et mesmes pour la justice de leur cause, qu'il a fort particulièrement cogneu, n'a pas peu omectre de prendre leur querelle et leur protection à coeur, comme de ses voysins et d'ung peuple auquel, pour diverses raysons, il se sent très-affectionné et obligé en conscience de ne souffrir à bon escient qu'ilz soyent oppressez ou accablez, ainsy que l'on cerche de faire. Et oultre ce quil touche aux dits Pays-Bas, il a mis en considération combien ce faict icy emporte au bien et repos du royaulme de France, en laquelle on sçait manifestement que le Roy d'Espaigne a suscité, practicqué, et | |
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Ga naar margenoot+entretenu par divers moyens le feu des guerres intestines pour embraser et ruyner ce royaulme, cependant que sans contredict il se rendroit du tout assubjectiz et mattez ceulx des dits Pays-Bas, pour par-après avoir tant meilleur marchié de la France et se faire Monarque de toute la Chrestienté, voire de tout le monde. Ce qu'il a donné manifestement à cognoistre estre l'unicque but de tous ses desseings et trames, lorsqu'au mesme temps et pour les mesmes effectz il a tâché de divertir aulcuns Princes d'Allemaigne de la commune société et confédération qu'ilz ont entre eulx, pour se les rendre obligez et serviteurs en particulier, semé des zizanies de discordes et dissentions en l'Empire, et quant et quant a suscité les subjectz de la Royne d'Angleterre par le moyen du Pape contre la ditte Reyne, ayant envoyé des gens de guerre en Irlande et mesme tâché par diverses practicques de faire révolter les subjectz de son royaulme contre elle. En oultre a envahy par force d'armes le Royaulme de Portugal, le droict duquel estoit, par commun consentement de ceulx qui y prétendoient et par le testament du dernier deffunct, remis à l'arbitraige des Gouverneurs du dit royaulme; mais le Roy d'Espaigne, sans attendre aulcune sentence de jugement de droict, a dressé une puissante armée pour les forcer et contraindre de luy adjuger le dit Royaulme, et les a tellement précipitez que la pluspart d'entre eulx, pour avoir ung chief qui les peult garantir contre ceste force qui leur estoit sur les bras, ont choisy pour Roy Don Antonio, lequel le dit Roy d'Espaigne a poursuivy par armes à toute oultrance, et a occupé le dit Royaulme, par le moyen de ceste inique oppression se rendant maistre non seullement de tout l'enclos, qui est | |
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Ga naar margenoot+entre les limites de l'Espaigne et de Portugal, mais de toutes les Indes tant Orientales que Occidentales, et par conséquent de toute la mer Occéane, pour par ainsy pouvoir donner loy à toutes nations et provinces de l'Europe quy trafficquent sur la dite mer, et envahir et oppresser ceulx que luy plairoit. Ce que considérant s. Alt. de bien près, et entendant combien cela pourroit préjudicier à toute la Chrestienneté en général et au Royaulme de France en particulier, auquel, après le Roy, son frère, Dieu l'a faict le premier, il a estimé que ceste insatiable ambition n'estoit aulcunement supportable, et que pour ce regard il debvoit en conscience, et selon Dieu, et selon l'équité, prendre le faict des dits Pays-Bas en main, et ne souffrir que, par l'oppression d'une province sy voisine et si conjoincte à la France, toute la Chrestienneté ne vint à péricliter. Cela l'a faict entendre sy avant en ceste cause, que il est finablement tombé d'accord avecq les Estatz du dit Pays-Bas, à condition que s. Alt. entreprendroit le secours et la deffense de ses dits pays, et qu'eulx se rendroient en son obéyssance, soubz les conditions dont par ensamble ils se sont accordez, et nommément qu'ilz demoureront soubz le St Empire, non plus ne moings et aux mesmes charges et conditions qu'ilz ont esté auparavant. Et comme s.A. est d'intention, avecq le bon gré du Roy son frère, de les secourir selon les moyens que Dien luy a donnez pour les rethirer de ceste inique oppression et obvier aux desseings du dit Roy d'Espaigne, que sont de si grande conséquence à toute la Chrestienneté, et que cependant il désire par tous moyens possibles entretenir toute amitié avecq le dit Sr Comte Palatin et | |
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Ga naar margenoot+aultres Princes d'Allemaigne, ausquelz il emporte grandement que le cours de ceste grandeur monarquicqueGa naar voetnoot1 d'Espaigne soit arresté et rompu, il n'a pas voulu entreprendre ce faict sans l'en advertir préallablement, pour le prier qu'il luy veuille de son costé aussy maintenir toute bonne amitié et correspondence et s'asseurer de la bonne amitié de s. Alt., et qu'il veuille considérer de combien ce que dict est touche et emporte à toute l'Allemaigne, et quelle ruyne généralle ce seroit, sy, en souffrant que les dits Pays-Bas fussent ainsy suppéditezGa naar voetnoot2 par les Espaignolz, comme ilz prétendent, le dit Roy d'Espaigne se fit maître de toute la grandemer, tant Orientale qu'Occidentale, ayant desjà le Portugal en sa puissance, et eût moyen de réduyre soubz sa main le Royaulme d'Angleterre, comme il prétend, pour par-après courreGa naar voetnoot3 sus à la France et l'Allemaigne, toutes et quantes fois qu'il luy plairoit. Et que, pour cest effect, il veuille non seullement trouver bon le desseing et la résolution de sa dite Altèze, mais aussi la faire trouver bon aux aultres Princes d'Allemaigne ausquelz l'on pourroit desjà avoir faict quelques impressions aultres que la vérité ne porte, selon que l'on est accoustumé en cas semblables d'accompaigner la violence et la tyrannie de calomnies et faulses accusations. Et comme s. Alt. a esté advertie que l'on devoit tenir une diète en Allemaigne pour traicter des dit affaires du Pays-Bas, et qu'il ne mect aulcunement en doubte que le dit Roy d'Espaigne n'y envoiera de ses gens pour charger les dits Pays-Bas de grands crimes, ainsy qu'il est accoustumé de faire, pour se purger et cacher les desseings | |
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Ga naar margenoot+qu'il a de se rendre Monarque de la Chrestienneté, s'il peut, et que mesmes il ne fauldra de calomnier ceste résolution ques. Alt. a prinse de secourir les dits Pays-Bas; S. Alt. a bien voulu prier le dit Sr Prince de voloir en la ditte diette favoriser la justice de sa cause, et ne donner aulcune foy ny créance à ce qui pourra estre allégué du costé du dit Roy d'Espaigne; mais, au contraire, que, considérant combien il est juste et raisonnable d'assister à ceulx quy sy iniquement se sentent oppressez par la force et tyrannie des Espaignolz et adhérens, il mecte quant et quant en considération combien ce faict icy est important, mesmes à l'Allemaigne, et que pour cela s. Alt. luy donne à penser s'il ne seroit expédient que l'on dressast, par le moyen du Roy son frére, une alliance commune du Royaulme de France avecq la Royne d'Angleterre et les Pays-Bas et aultres Princes de la Chrestienneté qui se trouveront affectionnez au bien et repos général d'icelle. Et comme en ce cas il seroit bien requis que les Princes de l'Empire s'y voulsissent conjoindre, affin de une fois rompre le cours des desseings des dits Pape, du Roy d'Espaigne, et leurs confédérés, que pour cest effect s. Alt., se confiant de tout au dit Prince Palatin, a bien désiré entendre là-dessus son bon advis et conseil, lequel il prie de luy vouloir impartir, pour entendre par quelz meilleurs moyens cela se pourroit effectuer. Remonstrant que le dit Sr Comte Palatin en cela fera une oeuvre aggréable à Dieu et ung grand service à toute la Chrestienneté, en empéschant que doresnavant, soubz umbre de la différence de religions, l'on ne trouble plus le commun repos d'icelle, et que l'on ne les prive de ses hommes, | |
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Ga naar margenoot+moyens, et forces, ainsy que l'on a faict jusques ores, pour la rendre tant plus foible et plus subjette aux invasions du Turcq, le commun ennemy de toute la Crestienté en général, et en particulier obligera s. Alt. à le recognoistre en son endroict. Les mesmes offices et remonstrances se feront au partir de là à Mr de Lantgrave Guillaume de Hesse, auquel en particulier l'on pourra remémorer l'amitié qu'il a avecq Monsr le Prince d'Orange; comment on tasche du tout d'opprimer et ruyner le dit Prince, lequel s'est tousjours fié en son amitié: et d'aultre costé l'on luy remonstrera en particulier combien il emporte à luy et à sa Maison que ceste grandeur d'Espaigne soit arrestée, et combien peu d'occasion il a de luy vouloir bien. Et, en cas qu'il le gouste bien, il ne seroit hors de propos de faire les mesmes offices envers ses frères. Et de là vers le Ducq Julius de Brunswich, auquel on pourroit communicquer les lettres du Roy d'Espaigne escriptes à son Ambassadeur Don Jéhan Borja; et là où le dit Ducq Julius de Brunswich y voulsist entendre, on pourroit luy mectre en avant, en cas que s Alt. eust besoing de lever quelque argent en Allemaigne, si le dit Ducq ne le vouldroit assister, et quelle asseurance il en désireroit avoir. Toutesfois il se fault souvenir que celluy qui ira par delà, en cas qu'il trouve Monsr le Ducq Casimir bien disposé à l'amitié de Monsieur, il luy communicquera ceste instruction, et en prendra préallablement son advis, mesmes à quelz Princes il se doibt addresser, luy offrant toute amitié de la part de s. Alt. Depuis ce discours escript, j'ay entendu que le Roy de | |
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Ga naar margenoot+Navarre a dépesché Monsr de la Rocque de sa part vers les dits Srs Princes, le Prince de Condé et le Ducq Casimir, luy commandant d'aller préallablement à la Court pour entendre la volunté du Roy sur l'approbation de la paix: parquoy je seroye plustost d'advis que sa dite Altèze feict ceste susdite dépesche vers Monsr le Lantgrave PhilippeGa naar voetnoot(1), premièrement usant les raisons et argumens cy-dessus touchez, et monstrant toute confiance en luy, mesmes désirant avoir sur le tout son bon advis et conseil, ainsy que cy-dessus a esté dict au regard de Monsr le Ducq Casemir. Dans les Etats-Généraux le Prince d'Orange luttoit, comme de coutume, contre l'égoisme des Provinces, l'irrésolution et les vues étroites des Députés. | |
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Ga naar margenoot+en besorgen de saeken van de landen ende quartiere van d'een off d'andere zijde van de Maese, daer den noot meest verheijsschen zal; ende, naer voorgaende inspectie ende inzien van voorsz. instructie, hebben de voorn. Gedeputeerden verclaert dat zij, bij gebreke van macht en authoriteijt van hun meesters weghe, nijet en vermogen deselve instructie advoijeren off approberen; ende alzoo dit is geschiet in 't bijwesen van mijnen Gen. Heere den Prince van Orangien, soo heeft zijn v.G. opentlijcken verclaert dat die voorsz. Gedeputeerden geen reden off oorsake en hadden om dese instructie nijet aen te nemen; aengesien dat die andere provincien, te wetene Brabant, Vlaenderen, Hollant, Zeelant, Mechelen, ende Vrieslant hun so verre hebben laeten bewilligen om die drije provincien te gerieven en accommoderen; begerende daeromme zijn Pr. Excie ontlast te worden voor Godt en de werelt van alle inconvenienten die zellen mogen spruijten en naevolghen, eest saeke die van Gelderlandt, Utrecht en Overijssel, hun nijet en willen accommoderen; te vrede sijnde dat sij eenen ander Heere stellen en committeren, in de plaetse van zijn v.G., om de saken beter te mogen dirigeren ende besorgen; verclaerende voortszijn Pr. Exc. dat die gemeijnte in dese instructie egeen swaricheden en soude maken, waer 't soo dat sommighe particulieren persoonen wilden getrouwelicken de saecken voordrijven om de beskermenisse van alle de geunieerde landen, 't gene nochtaus zij wel behoorden te doene, [omtrundtsGa naar voetnoot1] die drije provincien soo luttel opbrenghen tot behoef van de Generaliteijt in 't aenzien van d'andere provincien, ende is hierbij gevoecht geweest dat die van Geldrelandt hebben impertinenteliken geallegeert dat sij hiertoe egeen macht en hebben, midts de Staeten in Geldrelandt nijet en hebben vergadert geweest, sulcx dat de gedeputeerde van dezelve provincie zijn herschenen in de generaele vergaderinghe met eenen brief van credencie; waerop nae voorgaen vertreck, hebben dije Gedeputeerden van Geldrelant, Utrecht, ende Overijssel verclaert dat sij met d'andere provincien begeren vereijn-icht te blijven ende dijenaengaende nae hun vermogen te contribueren, hun zeer leet wesende dat sij nijet meer en connen uutrechten ende dat sij | |
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Ga naar margenoot+hun commissien in 't regart van dese instructie nijet en mogen excederen off te buten gaan.’ |
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