Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VII 1579-1581
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre MXIII.
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Ga naar margenoot+lequel partit le premier de ce mois présent. Depuis avons eu responce du Roy, et Monsr m'a faict cest honneur de me monstrer une partie de sa lettre, en tant qu'elle concernoit le faict de la paix, portant qu'il prenoit merveilleusement à gré l'office que Monsieur a faict, et est malaisé d'exprimer l'affection grande qu'il monstre avoir à la paix, mais, comme il dict qu'il désire avoir une paix qui dure, et dont le deffault, si il en y avoit, ne soit imputé à luy ou à Monsr son frère, voilà pourquoy il ne veult passer l'article touchant la ville de la Réolle, ce qui a causé des grandes difficultés, jusques à penser rompre le tout. Je m'y suis emploié entre aultres et vifvement: finalement, en lieu de paix, a fallu prolonger la surcéance de guerre pour dix jours, surquoy de depuis le Roy de Navarre ne voulant riens promettre de la part des siens, est allé à Bergerac où Monsr le Viscomte de Turaine l'est venu trouver. Or aujourd'huy Monsr m'a envoié dire qu'ilz seront demain icy, et que la paix est entièrement acceptée de leur costé; de facon que j'espère que dorésnavant n'y aura plus nulle difficulté. Toutesfois durant ces tresves l'on n'a pas laissé de faire hostilité, car ceulx de la religion ont pris en Dauphiné la ville de Beaumont et pillée. De l'autre costé ils se plaignent que Monsr le Maréschal de Biron aye prins Francheville, mais là-dessus je respond qu'elle estoit abandonnée, et que ses soldats s'y sont mis dedans pour loger. Quoiqu'il en soit, il y a force plainctes de costé et d'aultre. Bref, je voy fort bien qu'il est du tout nécessaire que Monsr séjourne encoires quelque temps par deçà, pour effectuer la paix après qu'elle sera publiée, ce que j'espère s'en sera de brief... Le Roy d'Espaigne a promis sa seconde fille au Ducq | |
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Ga naar margenoot+de SavoyeGa naar voetnoot(1), mais estant encoires en doubte de son inclination, et voulant, comme il se persuade, tenir MonsieurGa naar voetnoot(2) en espérance, cerche des dilays par grands et subtilz artifices, qui seroient trop longs à escripre et ne convient pas par une infinité de raisons; quoyqu'il en soit, le Roy d'Espaigne jamais ne la donnera à Monsr en façon quelconcque; il y est délibéré, aussy Monsr n'y pense aulcunement, j'en suys bien asseuré, mesmes n'en a oncques esté traicté, quoyque l'on aie dict, saulf que depuis quatre ans quelque propos en fust jetté; mais j'espère quelque jour parler plus particulièrement avecq v. Exc. de cecy et de beaucoup d'aultres choses qui ne sont à escripre.... A Courtras, ce 17me de décembre 1580. De v. Exc. très-humble et très-obéyssant serviteur, Ph. de Marnix. |
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