Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VII 1579-1581
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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† Lettre CMXCVIII.
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Ga naar margenoot+sance et protection, et que son Alt., non seullement les a bénignement receuz, aiant accordé avecq leurs Députez (desquelz je suis l'ung) sur les poinctz et conditions qui luy ont esté proposez, mais se monstre aussy estre fort affectionné et zéleux à ceste cause, de laquelle non seullement dépend partie de sa grandeur, mais aussi le bien de la France et son entier repos et tranquillité, comme entendant très-bien que les maulx quy y sont ne peuvent estre remédiez, sinon en les jectant sur les vrays autheurs d'iceulx; voilà pourquoy il n'a rien tant à coeur que d'establir une bonne paix en la France, et jetter la guerre contre les Espaignolz, pour, par ce moyen, non seullement conjoindre et unir les dits Pays-Bas avecq la France d'ung lien indissoluble et par ce moyen désarmer ceulx qui sont les principaulx autheurs des troubles et guerres civiles, mais aussi s'unir inséparablement avecq le Roy de Navarre et ses adhérens, affin de commune main faire une guerre commune aux Espagnolz et leurs adhérens, ennemys communs de toute la Chrestienté. Or, comme c'est icy le vray et seul moyen de la dite seureté de la paix, voires beaucoup plus advantageulx que si vous aviez encoires cincquante villes en vostre puissance, je m'asseure que vous vous y trouverez tellement affectionnez, que ce bon Prince, Monseigneur frère unicque du Roy, aura occasion de se louer de vousd'avoir ainsy secondé sa bonne volunté et intention, chose qui redondera non seulement à grande édification, mais aussy à vostre grande louange et à la seureté de toutes les Eglises. - Pour ce mesme effect il a pleu au Roy de Navarre s'acheminer jusques icy, mais comme il ne veult rien conclurre en affaire de si grande conséquence | |
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Ga naar margenoot+sans voz bons advis, et que d'aultre costel l'affaire est extrêmement pressée, pour l'estat des occurrences des pays, quy ne seuffrent aulcun délay, pour petit qu'il puisse estre et mesmes qu'une heure seule nous importe ung an enthier, d'aultant qu'estant Cambray (qui est l'entrée du Pays-Bas) assiégée et pressée, l'occasion se pouvoit bientost rendre chaufve et le changement des affaires au dit pays causé par le dilay nous forclorre des fruyctz et effectz que nous espérons de ceste négociation; voilà pourquoy, Messieurs, j'ay bien voulu vous prier par cestes, comme celluy qui ay eu cest honneur entre les Députez du dit Pays-Bas d'avoir accompaigné son Alt. jusques icy, et qui puis estre tesmoing et plaigeGa naar voetnoot1 de son entière affection et bonne volunté, et vous en prie trèsaffectueusement au nom du Seigneur et aultant que vous aimez le bien et repoz des Eglises de Dieu, et de toute la France, et mesmes des Pays-Bas qui ont une mesme cause avecq vous, qu'il vous plaise incontinent, et postposant toutes aultres affaires, ordonner vos Députez qu'i se transportent icy vers son Alt. et le Roy de Navarre, pour ensamble prendre une bonne et salutaire conclusion pour toute la France, voires et pour toute la Christienté, et que surtout ne laissiez eschapper ceste belle occasion, laquelle et vous, et nous tous, et toute nostre postérité par cy-après, pourront en vain regretter..... Escript à Cortras, ce 16me d'octobre 1580. L'entièrement vostre très-affectionné serviteur, Ph. de Marnix.
A Messieurs des Eglises de Mont-Aulban, de Quercy, et de hault-et bas Languedocq. |