Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

Lettre DCCCLXXXVIII.
..... à W.v. Breyll. Siège de Maestricht; mort du S^r de Hierges.

*_** Le Prince fit l'impossible pour faire lever le siège d'Maestricht. Il avoit recommandé en avril aux Etats-Gén.: ‘que devant toutes choses soient trouvés moyens de secourir ceulx de Maestricht:’ v.d. Sp. II. 24. ‘So men daertoe onwillig ware,’ disoit le Prince, ‘wast geschapen alles verloren te gaen:’ Bor, 50b. ‘Sy mosten vooral daer toe arbeiden om de goede stad van Maestricht te ontsetten, 't welck niet en konde gedaen worden dan met goede ruiteren en soldaten, die men niet anders en konde willig maken dan met geld:’ l.l. 51^b. Ce raisonnement fort simple rappelle la remarque de v. Reidt: ‘Onder den Staten waren vele, die niet en konden begrypen dat het noodigh was het kryghsvolck fix te betalen:’ p. 25^a. - Les exhortations du Prince et du Comte Jean de Nassau restèrent presque

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⁺sans effet. Toutefois le Prince, ayant avis de Maestricht, du 19 juin, que la ville ne pouvoit plus tenir, ‘resolveerde dat men het most wagen en dede alle devoir dat mogelyk was:’ Bor, l.l. p. 65^a. Dans quinze jours, écrivoit-il, le 25⁽¹⁾ aux assiégés, ils auroient du secours. ‘Maer o lacy! sy waren so swak, mat, moede, en machteloos, door het gedurig waken sonder rusten, datse het qualyk langer konden herden:’ l. l. La ville fut prise d'assaut le 29.
Et cependant - ‘l'on impute à son Exc. la perte de la ville de Maestricht:’ v.d. Sp. II. 240.

Monsieur... Ceulx de Maestricht se portent encores à leur veille mode, sçavoir constans et vertueux aux affaires. Seulement qu'on dict l'ennemy avoir gaigné sur eulx ces jours passez la moitié d'ung boulevert et une pièce de rempart, et ceste petite porte auprès la grande porte où l'on va à Bilsen. Avec cela, dict-on, que l'ennemy a tant fait qu'il a trainé sur le rempart ou le boulevert trois pièces d'artillerie, mais comme j'entends, pour la diligence et défense dont les assiégez ont usé à l'encontre, ils ont peu profité contre la ville. Nostre Seigneur leur veuille donner force et sagesse! - Jeudy passé sur le soir Mons^r de Heyrsy, fils de feu Mons^r de Barlamont, a esté attaint d'ung coup d'harquebuse dont-il mourut sur la place, car il eust le boulet au travers du corps. Sa mort est grandement, non sans cause, plaincte, non seulement de ses Walons, mais des aultres nations estrangés. Les Espaig-

+ 1579. Juin.

(1) le 25. Il est assez singulier que cette lettre, signée par l'Archiduc et le Prince, (‘geschreven,’ dit Bor, ‘met een cleyn net handeken, groot omtrent de twee deelen van een half vel pampier’) se trouve aux Archives.

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⁺nols cognoistront avec le temps⁽¹⁾ leur perte qu'ils auront reçu d'avoir perdu ce personnage icy, car il leur dressa le pont à toutes bonnes entreprinses ..... Depuis la mort du dict Hiersy, les Walons se sont eslevés contre les Espagnols, mutinans de ceste sorte qu'ils ont esté en armes les ungs contre les aultres ung jour entier. Ils se sont reprochés les ungs aulx aultres beaucoup de vilenies, de couardises, et orgueils; j'espère que ceste leur esmeute ne sera pas la dernière.

Hier au soir l'on a rapporté pour asseuré que ceulx de la ville ont de rechef découvert une grande mine faicte en demy-lune ou croissant, et qu'ils y ont trouvé plus de 20 barils de pouldre à canon. Voilà comment nostre Seigneur veult, au défault du secours des hommes, conserver ceste ville! - Ces jours passés l'on a de rechef ammené de ceste ville au camp deux chariots et une charette chargés de pouldre à canon. Les bons patriots de ceste ville n'on point manqué icy de faire leur debvoir.

Naguères sont aussi arrivez en ceste ville six Frisons avec l'Evesque de Leuwarden; l'on soupçonne qu'ils ont eu quelque trahison devant la main, mais, à ce que j'en-

+ 1579. Juin.

(1) avec le temps. ‘Expiravit majori exercitus regii jacturâ quam luctu: quippe nondum extinctâ penitus invidiâ ob honores in patrem ejus a Rege congestos et post obitum patris in ipsum pari facilitate collatos. Quamquam muneribus uterque suis haberi par debuerat... Quinque supremis Belgii Praefectis operam suam peraeque probaverat, praeliis prope omnibus legionum ductor interfuerat:’ Strada, II. 139. - V. Reidt dit, à l'occasion de la mort du S^r de Hierges: ‘Dit quam den Gelderschen sonderlingh wel te passe, want hy hadde veel heymelyck verstandts in 't Landt, en soude een bequaem instrument gheweest hebben om die victorie te vervolghen:’ p. 22^b.

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⁺tends, déjà ung peu déscouvert. Ces sont les menées de Don Lopez⁽¹⁾! - J'entends aussy que le sécretaire de Mons^r de¹ est arrivé devant-hier en ceste ville. L'on dict qu'il ait esté au camp devant Maestricht; à quelle intention l'on ne sauroit dire. Il pensoit estre icy en cachette, mais bientost il a esté recognus d'aulcuns. Il me semble qu'il y a de la poison partout.

Nouvelles ces jours-cy estoient venu que les prisonniers qui ont esté détenus à Gand jusques icy, estoient eschappés⁽²⁾ de la prison, mais aujourd'huy l'on a dict qu'une partie a esté reprins à une lieue près de la ville de Gand, à scavoir deulx Evesques, Mons^r de Champaigny et ung aultre.. Nous sommes très-tous en la puissance de Dieu, duquel la volonté soit tousjours faicte, - Mons^r Daustenraidt est encores en ceste ville en mettant tousjours la main à la charue. Il fréquente souvent avec aulcuns de la part des Estats lesquels il pense estre de son opinion. Il s'efforce, comme il dict, de lever deniers icy pour secourir la ville de Maestricht. O! viell renard et routier!.... En haste, de Cologne, ce 24 de juin 1579.

A Monsieur de Breyllz, zu Arnhem,
ahn des Stattholders hoff.²

+ 1579. Juin.

(1) Lopez. Peut-être le même dont il est question dans une Lettre du Prince de Parme au Duc de Terra-Nova: ‘Negotium do Ferdinando Lopez ut numeret duos menses somatophylacibus tuae Exell.’ Acta. Pacif. Col. p. 89.

1 Mot raturé et inlisible.

(2) eschappés. Dans la nuit du 15 au 16 juin. La reprise eut lieu le 17; Rassinghen, v. Erpe, et Sweveghem échappèrent. Gh. Gesch. II. 145, sqq.

2 La signature est enlevée.