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* Lettre DCCCLVI.
Le Prince d'Orange à Mr d'Espruneaux. Il est très-disposé à servir le Duc d'Anjou (MS. P. 8781).
*** En oct. et nov. une grande partie des troupes du Duc d'Anjou s'étoit joint aux Wallons. Le Duc, mécontent lui-même (p. 472, sq), favorisoit les Mécontents. Le 8 nov. il dit nettement aux Etats-Gén. qu'il croit qu'on fera bien de prêter secours contre ceux de Gand. ‘Hy merckte wel dat syn volck afgedanckt zynde, de Walen
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Ga naar margenoot+partye vercore, maer dat het hem also best dochte, omdat die van Ghent deden dat niet wel ghedaen en was; daeromme hem best ware de ander partye te stercken om de Ghentenaers beter wederstandt te doen; want alsoo de saecken beter souden zyn te vereenigen:’ v. Meteren, p. 144b.
Les Etats-Gén. le prièrent de suivre une marche plus directement pacifique. Leur anxieté se manifeste dans la réponse du 23 nov. au Sr d'Espruneaux. Reconnoissance sans bornes; pourvu qu'il rappelle ses troupes et mette fin à la guerre civile. Si la paix avec le Roi ne se fait pas avant le 1 mars, on lui offrira la Souveraineté; se fait-elle, à lui tout l'honneur; puis des magnifiques présents; des statues (‘eeuwelyck voor de Nacomelingen een Statue of Beelt van Coper, op de heerlykste plaetsen der Steden van Antwerpen en Brussel;’ l.l.); une couronne d'or chaque année; enfin ‘multa,’ dit Languet, ‘quae mihi potius ridicula quam honorifica videntur: Ep. secr. I. 2. 772.
Le Duc désira peut-être conquérir, à si peu de fraix, l'immortalité. Du moins se montra-t-il traitable: le 26 nov., Lettres du Duc d'Anjou, qui escript de faire toutz debvoirs pour appaiser les altérations survenuz entre les Gantois et Wallons, et qu'il a envoyé vers les François, pour les rappeller, un sien conseiller, et qu'il auroit communicqué avecq M. de Montigny, qui luy auroit communicqué certains articles qu'il trouve assez raisonnables.... Sera respondu que les Estatz le remerchient... et le supplient de vouloir continuer en si bonne et sainte intention:’ Rés. MSS. d. Et.-G.
La Lettre du Prince semble la preuve que cette requête ne fut pas vaine. - Quant à l'Assemblée solennelle (T.V. p. 490) des Etats-Gén., on avoit promis qu'elle se réuniroit, un mois après qu'il auroit satisfait à la condition; ‘om over syn verdiensten te resolveren:’ V. Meteren, l.l.
Monsieur, j'ai veu avec grand contentement la response de son Altèze sur les articles des Estats, car, comme vous sçavez que surtout j'ay désiré qu'on luy donnat satisfaction condigne à ses héroïques desseings, aussi ay-je été
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Ga naar margenoot+bien aise de veoir qu'icelle a prins de bonne part le devoir que les dits Estats y ont rendu. De ma part, puisque je vous tiens assez esclaircy de mon intention et zèle en cest endroit, n'en ferai aultrement, si non pour vous asseurer qu'il ne tiendra à ma diligence et sollicitation que l'assemblée générallc des Estats ne se convocque dans le temps préfix, à quoy je suis marry que les empêchemens qui s'offrent en ce pays ne me permettent d'y faire tel devoir comme je vouldroy bien, ores que j'espère qu'avec la grâce de Dieu le tout se remédiera de telle sorte que son Altèze aura toute occasion de s'en tenir contente.
Quant au faict du Sieur de Bonnivet, il sçait luy mesme combien il m'a despleu, et de quelle affection je désirerois que rayson luy en fut faicte, à quoy certes je tiendray la main, tant qu'en moy sera, comme je feray en toutes aultres choses qui concerneront le service de son Altèze, pour le regard duquel je suis bien aise que icelle s'emploie à bon escient pour faire retirer les troupes Françoises d'avec les Wallons, à cause que par cela les empêchemens qui retardoient aulcunement son service, seront en partie ostés, qui fera que je m'y puisse tant plus promptement et avec meilleur fruict employer. Tant, après mes très affectueuses recommandations à vostre bonne grâce, je prie Dieu vous donner, Monsieur, en santé, bonne vie et longue. De Gand, ce xii jour de Décembre 1578.
VostreGa naar voetnoot1 bien bon ami à vous faire service,
Guillaume de Nassau.
A Monsieur d'Espruneaux, Ambassadeur de Monseigneur le Duc d'Anjou.
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Ga naar margenoot+Déjà le 19 déc. plaintes nouvelles, entr'autres aussi sur le faict du Sr de Bonnivet, envoyé au commencement de nov. à Gand pour calmer les esprits (Bor, II. 6b). ‘Monsr l'Ambassadeur de France d'Espruneaulx, après avoir présenté la lettre du Duc d'Anjou, a proposé que son Alt. a trouvé bon qu'il aye un des siens par deçà pour traicter et négocier les affaires avecq Messrs les Estatz, comme estant défenseur d'iceulx et chief de leur armée; qu'il a trouvé aggréables les articles à luy dernièrement proposées, mais que depuis estoient survenuz quelques choses au contraire, assçavoir que à l'Ambassadeur de l'Empereur avons donné authorité d'accorder suspension des armes, sans son advis; ce qu'il treuve fort estrange, à cause que luy avons donné la superintendence des armes et de commander aux armées; et aussy qu'estions accordé de la place sans son sceu, ce que seroit contre les articles avecq luy accordez; non qu'il veuille empescher la paix, en voyant l'utilité, bien, et repos du pays. Que Monsr de Bonnivet, par luy envoyé à Gand pour leur remonstrer le mal et dangiers d'une guerre intestine, et appaiser le différent entre eulx et les Wallons, seroit esté desvalisé, déchassé, assassiné, et aulcuns de ses gentylshommes tuez contre le droict des gens; choses indignes à ceulx quy viennent pour nostre repos et comme amys. - A en oultre remonstré que son Altèze désire avecq
nous juger et appaiser l'affaire de Gand, et que sur ce il a attendu noz Ambassadeurs, sans qu'il aye eu autre advertence; que l'on est après pour accorder avecques eulx; que son Alt. a depuis envoyé vers les Wallons Monsr Fontpertuis, pour les appaiser et retirer les François. A aussy demandé sy Messrs sont intentionnez de donner contentement à son Alt. avant l'assemblée des Estatz Généraulx (de laquelle il demande que le jour préfix soit observé), ou après. Et enfin que, touchant le faict de la religion, il tiendra inviolablement ce quil sera ordonné par les Estatz, estant zélateur du bien, repos, et de la tranquillité du pays, et sans aulcune passion, combien qu'il soit de la religion Catholicque... Surquoy les Estatz l'ont remercié de si bonne affection et paines et travaulx pour nostre bien et repos:’ Rés. MSS. d. Et.-G.
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Ga naar margenoot+La Lettre 857 se rapporte aux griefs contre le Comte Jean de Nassau.
Les Etats de la Gueldre se plaignoient de lui amèrement. Ils s'adressèrent aux Et-Gén., disant: ‘'t Sedert de beëdinge van den Heere Stadhouder, syn de Remonstranten overvallen en gegreveert met verscheiden exorbitante nieuwigheden, die so lanx so groter zyn gewassen.’ Bor, I. 995.
La plainte n'étoit pas sans motifs.
Le Comte ne ménageoit pas ses antagonistes.
Surtout il ne protégéoit pas la Religion Catholique. M. van de Spiegel dit: ‘Graaf Jan, door al te groten yver voor den Hervormden Godsdienst, maakte zich zelven vyanden en bragt aan de Unie dikwyls nadeel toe:’ Onuitg. St. I. 169.
Les Réformés en Gueldre, et surtout ceux appartenant à la populace et à la soldatesque, se croyoient tout permis pour la foi.
Le Stadhouder, n'ayant pu établir la Réforme par voie légale (p. 449, sq.), ne réprimoit guère les mouvements irréguliers.
Il en fait implicitement l'aveu: ‘Aengaende de Religie, men soude eenige middelen voorwenden, daer met men vermoeden sol sulcx te behinderen, dat syn G. ducht onmogelyk; dat syn G. met vryer conscientie niemant de predicatiën conde verweygeren, wesende hy van deselve Religie, daer in hy metten selven hoopte salich te worden:’ Nyhoff, I 122. Et cependant, comme Gouverneur, il n'avoit, ni la mission, ni le droit de faire triompher la Réforme. Ce fut l'avis de Marnix, Villiers, et Taffin, dans un Mémoire au Comte en 1579: ‘Si qua provincia Magistratui... se regendam tradiderit eâ conditione ut sibi sua maneat integra qualiscunque religio ...., haud potest existimari.... jus habere, vel vi vel armis illam ad suam religionem traducendi, cum certum sit ejus potestatem ratis limitibus circumscriptam hucusque non porrigi; ac proinde nullam eum ad hanc rem habere legitimam vocationem:’ GerdesGa naar voetnoot(1), Scrinium Antiq. I. 1. p. 112.
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Ga naar margenoot+Il s'agissoit, non des sentiments personnels du Stadhouder, mais du droitGa naar voetnoot(1) des Catholiques. Le Prince d'Orange s'en est toujours souvenu: ‘Hoe wel dat wy niet en willen ontkennen dat wy niet uit ganscher herten en souden begeert hebben de vorderinge van der Religie, van dewelke wy, Gode lof, openbare professie doen, en verhopen 't selve te doen tot den einde onses levens, nochtans den eed gedaen hebbende, doe wy tot Lieutenant-Generael zyn gekoren, van de onderdanen des Lands gelykelyk in onse bewaringe te nemen, bevinden wy dat wy onse belofte wel voldaen hebben, noit toegelaten hebbende dat yemand eenig leed of ongelyk soude geschieden; .. ons selven altyd vast voor oogen houdende dat God gerechtig is, en dat hy genen valsen eed ongestraft laet:’ Bor, II. 97.b
Le Comte, dans un conflit apparent de devoirs, partoit d'une supposition erronée. Les Catholiques purent s'en appercevoir.
Il regrette les désordres. ‘Syn G. heeft gesecht id dede hem hartelyc leet, had ooc daer van niet geweten, ende volgensGa naar voetnoot1 syn dienaren uytgeschikt, alle kercken te bewaren:’ Nyhoff, Bydr. I. p. 120. ‘S.G. had wel mogen lyden dat id by beter midlen hier in de Kercke had mogen toegaen:’ p. 122.
Toutefois il excuse les Réformés; il attribue tout à la résistance des Catholiques. ‘Syn G. had wel gewilt dat de sake by ordening
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Ga naar margenoot+had mogen gaen, en dat de Magistraet ordonnancie gesteld had, dan wel te bedencken wat by Gemeenten aengevangen werde, wat daer van te verwachten:’ l.l. p. 120. ‘Dewyl de Magistraet allenthalven slaperlyck hierin geprocediert had, was de Gemeinte daerdoor veroorsaect geworden. Men behoorde sich daer op te bevlytigen om eendracht te maken, de religie en wol also niet geresisteert zyn:’ p. 122.
La disparution des images lui faisoit plaisir (p 484). Il n'est pas surprenant qu'on l'en accuse: ‘bedocht eenigen gantsch raetsam, soo de beelden storminge daechlycx meer ende meer, durch sonderlinge promotie syner G., inrydt, dat men in der yl ieder in 't syne aen den Ertzhertoch schryven ende sich ercleren sol:’ l.l. p. 129.
Il refuse de rétablir ce que la violence a renversé. ‘Sage s. Gen. ooc geen middel 't gene nu geschiet, al nu weder te veranderen:’ p. 120. Et cependant; ‘nemo est qui non intelligat haud posse censere abrogatum esse idololatricum cultum, quem, vel praesidiariorum militum vi et armis, vel plebis tumultuantis caeco impetu oppressum, restitutà denuo juris inter cives aequabilitate magna civitatis pars quasi postliminio repetit; nisi forte pro legitimo jure vim ac tumultum militarem libeat subrogare:’ Gerdes, l.l. p. 117.
Le Comte, en toutes choses, montroit beaucoup de décision et de vigueur.
Le Conseil Provincial lui étoit suspect. Il réussit à s'en débarrasser par un acte assurément très-vigoureux. - Le 18 août, sans même consulter Matthias ((Mr C.G. Hultman), Geschied- en Staatkundig Ondersoek over den tyd wanneer Philips II opgehouden heeft Heer der Ver. Ned. te zijn: Arnh. 1781, p. 45), il convoque les Etats en son propre nom; ceci avoit lieu d'ordinaire par le Gouverneur, le Chancelier, et ceux du Conseil. - Il ne s'en tint pas là; mit fin aux délibérations du Conseil en apposant le scellé à leurs papiers, prétendant être tenu à des mesures de ce genre par les articles de son Instruction, d'après lesquels les Conseillers devoient être ‘lantsaten, aldaer geërft, gegoet, ende genoechsam gequalificeert:’ Nyhoff, I, 111. ‘So vele gelanckt 't gene aen de Cantzelrye
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Ga naar margenoot+voorgenomen, syn G... hoopte doch niet dat men vermoede dat syn G. meineedich worden solde:’ p. 122. - La chose néanmoins éprouva des difficultés. Que faire? On tâcha d'intimider les Etats: ‘de Er.Ga naar voetnoot1 van Nymegen hebben gemeldet dat die van oer Quartier par force hebben wilden dat men vóór den avont Canceler, Raeden, ende Rekenkamer af hebben wolden:’ p. 117. Ce moyen et d'autres semblables n'ayant pas réussi, on eut en effet recours à la violence. Bientôt ‘heeftmen vernomen dat des Greffiers huys beset ende de Cancelrye toegesegelt was, des men groot wonder gedragen:’ p. 118. - De tels procédés causèrent un mécontentement très-vif. Les Députés des Villes se plaignirent, reprochant ‘die onordentliche nieuwerunge “so in der Cantzelrye ohn bewilligung ende consent der Steden is voorgenomen ende gestadet:” Hultman, l.l. p. 51. Le Comte convient lui-même dat de sake wel richtiger had connen toegaen:’ Nyhoff, p. 122.
Les Magistrats des Villes principales, Nymegue, Arnhem, Zutphen, et Venlo, contrarioient ses desseins. ‘In summa de gemeinte en anderen en suspireerdenGa naar voetnoot2 niet anders dan, dewyl de Magistraeten van den Coninck gestelt waren, dat sy ooc noch een Conincx herte hadden: syn G. wost wel wat men daer op sold willen ende connen seggen, dan id were also by de gemeinten niet te verduytschenGa naar voetnoot3:’ l.l. p. 123. Dans un Mémoriall und Verzeichnusz was ungefehrlich den Heren Printzen, etc. zu vermelden (publié par M. Hultman, l.l. p. 45), le Comte opine pour diriger les choses de manière que les Magistrats, ‘als mit welche ohne das die Gemeinden fast allenthalbe mehrertheils sehr übel zu frieden, abgesetzt, und also durch diss mittel desto füglicher und besser Garnison eingefüret würde:’ Hultman, p. 51.
On s'explique donc aisément l'irritation de la Magistrature, de la Noblesse, des Catholiques.
Le Comte aimoit assez les moyens décisifs. En sept. il fait dire au Prince: ‘der Her Stathalter were der meynungh das diejenige
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Ga naar margenoot+so Patrioten weren, sich zu samen thun, und öffentlich erkleren sollten:’ Hultman, p. 51.
En tout cas il semble que lui et les siens auroient pu montrer plus de ménagements, de calme, et de douceur. Des scènes violentes se passèrent même dans l'Assemblée des Etats. On en vint jusqu'à persifler les Catholiques. ‘Also de artikelen van den Religions-vrede gerepetiert worden, [is] daervan met lachenden monde by den genen die de nieuwe religie ter herten giet, meest of sy den spot met de sake hadden, gesproken; woe wel een Raetsvriend van Gelder met schreyenden oogen claechde dat 15 of 20 quaetwillige aldaer, met behulp der soldaten, al de kercken ingenomen hadden, frustrerende den Catholischen, die der wel 600 oft 700 waren, van oere exercitie, 't welck allet met lichtveerdicheit oversprongen waert, seggende id art. van de Religions-vrede mocht men in syn gedult verblyven laten:’ Nyhoff, I. 143. Le Comte de Culembourg, parceque plusieurs répugnoient à s'unir avec la Hollande, ‘vaerde daer heftich uyt, id quame her, dat een handt vol Gotsen afgeworpen weren, en daerom hielt men sich soo vreemt:’ p. 126. Et le Comte, ‘als eenmael vermaninge gedaen mocht werden van de Pacificatie van Gent, waert syn G. hevich, seggende, salft en smeert U met de Pacificatie van Gent, ick sie wel watter omgaet. Laet my noch 3 dagen beyden, ick sal dan sien wat ick te doen hebbe, ick wil op de vleyschbanck niet gebracht zyn; loopende ter cameren hen uyt:’ l.l.
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Gerdes. Ce Mémoire, très-judicieux et très-Evangélique, se trouve également aux Archives, signé des trois personnages susdits; Gerdes l'attribue donc à tort à l'Eglise d'Embden.
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droit. v.d. Mylen fit très-bien sentir cette distinction, en 1572, à l'Electeur Palatin: ‘Ille, Rem praeclaram esse solum verbum Dei in urbe aliquâ praedicari, solumque verum cultum exerceri. Respondi, praeclarissimum id esse; sed hoc efficere Principis esse, qui in ditione suâ imperaret, vel ejus qui arcu atque gladio suo provinciam subegisset, aliud esse ubi foedere inito diversae religionis homines convenirent, ut communem hostem atque tyrannum oppugnent, et suae quisque religioni cavet. Ad haec ille: Ja Ihr sagt war: ich bin ein armer Churfürst, könte ich aber mit Landt und Leut überein kommen, und composition machen, so wolte ichs warl ch halten:’ Epist. sel. Cent. 2. p. 573.
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voetnoot1
- vervolgens, daarna: c-à-d., ensuite; mieux eilt valu, auparavant
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voetnoot1
- Erentfeste, ernhafte: titre des Députés.
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