Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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† Lettre DCCCXXXIV.
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Ga naar margenoot+villes, le ruide traictement et insupportable vexation, la faulte de chastoy et de discipline, les correspondences d'Espaigne si tardives, et qu'il n'y a eu en Court gens de conseil des Pays d'embas, que tout se soit guidé par conseil Espaignol, et les dépesches principaulx faictz en leur langueGa naar voetnoot(1), la maulvaise opinion que l'on ha monstré manifestement avoir généralement de tous ceulx des Pays d'embas, soit cause de grands maulx; et combien que nulluyGa naar voetnoot1 n'auroit plus d'occasion d'estre irrité contre ceulx de ces dits pays que moy, pour les termes dont on ha usé en mon endroit, si est-ce que, ayant respect au service de Dieu et à la conservation de la religion, et au très-grand nombre des fort bons subjectz, et voyant le dommage que sa Majesté en tous ces affaires reçoit des altérations et guerres de ce coustel là, que en fin redonde au préjudice du Prince, ruynant les pays et ses subjectz, j'en ay tousjours escript à sa Majesté propre, et à ses ministres (quoy qu'en puisse advenir) franchement et rondement, pour la vérité et pour son service, et pour procurer que le tout se peult tost et paisiblement accomoder, et ne m'en repentz: vous sçavez ce que souvent je vous en ay diticy, et escript despuis vostre partement, tousjours d'une sorte, sans varier; aussi sçay ce que souvent vous m'en avez escript en mesme conformité. Les termes, où à présent | |
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Ga naar margenoot+l'on se treuve, sont si exhorbitans, scandaleux, et tant hors de toute raison, que je suis de la mesme opinion que contiennent voz lettres, que, si jamais Prince eust occasion de mouvoir cruelle guerre à ses subjectz, nous la voions maintenant. Combien que je impute principallement tout le mal au prince d'Orange, et à ses conseilliers héréticques, et aux abbez de Brabant, et aultres que, contre ce que souvent je leur ay remonstré devant mon partement des Pays d'embas, luy ont donné tant d'auctorité qu'ilz s'en treuvent oppressez (et combien de fois leur ay-je dit qu'ilz nourrissoient en leur seing le serpent qui leur rongeroit le cueur, ut caverentGa naar voetnoot(1) a puero male precincto), si est-ce que je ne puis sinon avoir une extrême compassion à plusieurs gens de bien, non participant de la culpe, et auxquels ce que passe, et mesme contre la religion, desplait amèrement, et toutesfois souffrent, et sont tenuz pour culpables, mais ainsi advient il nécessairement en cas semblables. Dieu, par sa grâce, veuille estendre la main de miséricorde pour donner à tout remyde, puisque je despère quasi des hommes, voiant le peu que s'est faict en cecy en tant d'années. Du Seigneur Don Jéhan je suis certain qu'il ha le cueur bon, et qu'il n'y aura danger qu'il craingne, pour parvenir à ce que convient au service du maître, et avoit si bien commencé, si on ne luy eust interompu le cours, que l'on pouvoit concevoir de sa façon de procéder tout bon espoir; et avoit tant compleu | |
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Ga naar margenoot+aux Estatz, les deschargeant de gens de guerre, chose par eulx tant desirée, et procurant encoires que sa Majesté conferma le malheureux traicté de Gand, que de raison l'on luy debvoit recongnoistre très-grande obligation; et puisque le Prince d'Oranges et ceulx qui luy adhèrent ont si exhorbitement contrevenu au dit traicté, l'on ha grande raison de le tenir pour non faict, sans jamais y retourner, et que, si l'on veult traicter, ce soit avec aultres et meilleures conditions. - Vous faictes grand fondement par voz dites lettres du nyd, comme vous dictes, quadrangulaire des quattre villes, Marienbourg, Philippeville, Charlemont, Namur, avec la suyteGa naar voetnoot1 du Duché de Luxembourg et la joincteGa naar voetnoot2 du Conté de Bourgongne que n'est loing, et aussi fais-je moy, mais je crains, comme j'ay souvent escript, la faulte de victuailles, pour la stérilité, mauvaise volonté des voisins, et ce que les rebelles sont plus fortz en la mer, et ne sçay que penser quand je considère une infinité de grandes et puissantes villes plaines de peuple, et le temps, gens, et fraiz que Harlem et Zirexee ont cousté avec si peu de fruict, et confie plus (après l'ayde de Dieu, que n'abandonnera, comme j'espère, si juste cause) en la discorde entre les Estatz, et que les pays tant destruytz ne pourront furnir aux fraiz, se continuant du coustel du maistre, suyvant les provisions que à cest effect l'on ha faict; pourveu que les résolutions s'effectuent à temps, et non comme du passé; à quoy pourra beaucoup servir l'empeschement du Turc en Levant, la ruyne de la France qu'a peu de moyen, quoy- | |
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Ga naar margenoot+que la volunté soit très-mauvaise, et espère que ce d'Alançon, selon les nouvelles que l'on en ha, ne passera avant; et quant à Casimirus, après la mort de son père, je tiens qu'il y a plus de bruyt que d'effect, ny n'ay jusque oyres entendu qu'il aye faict exploict de guerre d'importance, robbé et pillé si; et pressant le Seigneur Don Joan, et luy pillant et ruynant de l'aultre, je tiens que les Estatz s'en lasseront tost, et si la Royne d'Angleterre venoit à décéder, que plusieurs treuvent en danger d'estre [d'après hérétique, de devenir héréticqueGa naar voetnoot1], vous verriez et Casimirus et les Estatz bien esbéys. Pleut à Dieu que Monsieur de Champagney, que n'a pas faulte de bon esprit, et d'aultres qualités, fut moings amys de son opinion et qu'il creut ceulx qui luy veullent bien. Je suis asseuré que, s'il eust suyvy vostre advis et le mien, ses affaires se porteroient mieux. Rhoda et Sancho d'Avila luy ont fort faict la guerre, et il le sent, et le dommage que l'on luy fit en Anvers; vous sçavez ce que je vous en ay escript, et m'esbéys de ceulx qui pregnent mal ce que j'ay escript que je désire qu'il se justifie, et que, jusques je sçaiche ce qu'il vouldra dire pour ses deffences, je ne le veulx, ny condamner, ny absouldre; qu'est termes que, oyres qu'il se dit d'ung Turcq, ne se debvroit trouver maulvais, moings, à mon advis, d'ung frère; je tiens [à pisGa naar voetnoot2] d'ung qui l'a condamné par ses lettres escriptes à plusieurs, devant que de l'avoir veu et ouy, à la seulle relation et information de ses ennemys déclarez, ce que, estant venu à sa congnoissance, ha faict, comme je crains, | |
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Ga naar margenoot+plus de mal que de bien: l'on debvroit plus considérer ce que j'ay tousjours si expressément escript, que s'il ne se justifie, je ne le tiendray, ny pour frère ny amy..... [Rome] 14 juillet. |
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