Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

Lettre DCCCXXXV.
Antoine des Traos au Landgrave Guillaume de Hesse. Nouvelles diverses (MS. C.).

*_** A. des Traos, Sécretaire du Landgrave, envoyé dans les Pays-Bas pour observer les événements.
Il est douteux qu'il y eut dans les Etats de Holl. et Zél. unanimité en faveur du Comte Jean de Nassau: p. 337. Ces Provinces, malgré la Pacification de Gand, se tenoient à part. Non seulement elles n'avoient pas reconnu D. Juan, mais elles n'obéissoient pas même à l'Archiduc. ‘Sy hebben noit eenig bevel van hem, noch van die van zynen Rade, 't zy in 't particulier of generalyk met d'andere Provincien aan hen gedaen, willen ontfangen; maer alleenlyk geobedieert de bevelen en dispositiën uitgegaen op den name van den Prince van Orangien:’ Bor, II. 92^a. En 1579 les Députés des Provinces-Unies observent ‘dat die van Holl. en Zeel. zyne Hoocheyt noch nyet geaccepteert en hebben:’ v.d. Spiegel, Onuitg. St. II. 63. Cette position isolée doit ètre attribuée en partie aux conseils du Prince (‘die van Holl. en Zeel. vonden om diverse oorsaken en merkelyke redenen, ook by advys van den Prince niet geraden om eenige gemeenschap van de lasten van der oorloge of andere saken te maken metten anderen Provinciën: Bor, I. 949_a). En partie elle résultoit de la tendance au républicanisme à laquelle se rapporte l'avertissement donné en 1579 aux Etats de Hollande par les Etats-Gén. dans un Mémoire, si non rédigé, au moins revu et corrigé par le Prince: “So veel als aengaet dese Landen te gouverneren by forme van Republyk, de gene die gelegentheid, privilegiën en ordonnantiën van den landen kennen, konnen lich-

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⁺telyk verstaen dat niet wel mogelyk en is, die sonder een hooft en superintendent te regeren:” Bor, II. p. 93^b. Ce même penchant à se gouverner eux-mûmes leur rendoit l'absence du Prince trèssupportable et les disposoit peu à lui choisir un Lieutenant.
André Kersten, envoyé par le Comte, comparut dans l'Assemblés des Etats de Holl. le 16 juillet (p. 329). La Proposition qu'il y fit, se trouve chez M. v.d. Spiegel, Onuitg. St. I. p. 83. On y traite, non pas d'un nouveau Gouverneur ou sous-Gouverneur, mais, en général, d'une Confédération entre plusieurs Provinces; ‘verhoopen zynre Gen. nyet alleene de Gelreschen, maer oock die van Overyssel en Vrieslandt tot zulcker naerder Unie en Conféderatie te brenghen:’ l.l. p. 84.

.... Quant à M^gr le Comte Jan de Nassaw, j'ai cognu que les Estats de Holl. et Zeel. désirent, en l'absence du Prince d'Orange, qu'il soit pareillement leur Gouverneur, pouvant aisément tenir les trois provinces tout ensemble, et luy ont offert tous les ans 18 mille florins de pension. Or, combien qu'il eut refusé ce party, si est-ce néantmoins qu'il y a despéché homme exprès depuis deux jours en çà, pour négocier encore de cest affaire avec les Estats dudit pays. Et, à ce qu'il me semble, il se lairra enfin persuader, estant incité par le Prince d'Orange, nonobstant qu'il eut une infinité d'affaire de régir et modérer seullement ceux de ce pays, quy ne sontz pas seullement revèsches et malaisez à manier, mais aussi la pluspart des principaulx des villes encore bien affectionnez à l'Espaignol; d'où il redoute grandement d'une mutation subitte quy pourroit advenir, si Don Joan avec son armée tournoit la teste ès quartiers de deçà....

....Le Duc d'Alençon a fait dire expressément qu'il ne vouloit avoir affaire avec l'Archiduc Matthias, mais avec les Estatz tant seullement. Ce quy apporta tel souspeçon audit

+ 1578. Juillet.

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⁺Archiduc qu'entendant ces nouvelles, il commença à pleurer⁽¹⁾, et demander aux assistans s'il n'y avoit moyen tirer telle force de l'Allemagne pour résister à l'Espaignol, que l'on se peut passer des François....

....Les principaulx du Conseil de Monsg^r Casimir sont Beuterich, Junius, et Seuleger, qui le gouvernent entièrement; et surtout Beutterich, soit ès affaires de guerre ou autres choses.... Zitfen, 15 juillet.

+ 1578. Juillet.

(1) pleurer. Sa tristesse n'étoit pas sans motif. En effet on se gênoit peu avec lui: ‘Si se patrocinio Alençonii subjecerunt, inhumaniter a Statibus ageretur cum Archiduce Matthia, qui eorum causâ totos jam decem menses magnas molestias et multorum odia sustinuit:’ Lang. Ep. s. I. 2. 751. Voyez ci-dessus p. 366. - L'Archiduc s'adressoit, mais, avec peu de fruit, à l'Allemagne. Le 15 août, ‘son Alteze a présenté à Mess^rs la lettre que Mons^s le Conte de Boussu luy avoit escript du camp, l'advertissant de la nécessité, misère, et extrémité qu'il y a entre les gens tant de pied qu'à cheval; à quoy sy son Alt. ne donne remède de bien brief, le désordre sera sy grand qu'après il sera irréparable. De sa part il a escript aux Princes Electeurs d'Almaigne, ses amys et parens, espérant qu'ilz luy donneront bientost moyen pour nous assister, ne espargnant travail ny soing pour le repos et bien du pays, requérant que venillions faire le mesme, par effect et non seulement de parolles. Surquoi les Estatz l'ont remercié très affectueusement du grand soing, paine, et vigilance qu'il monstre à la Généralité:’ Res. MSS. d. Et.-G.
Ut desint vires, tamen est laudanda voluntas.