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Lettre DCCCXXV.
P. Beutterich au Comte Jean de Nassau. Sur la nécessité de contenter promptement le Duc Jean-Casimir.
*** Dans l'automne de 1577 Beutterich fit un voyage en
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Ga naar margenoot+Angleterre: Lang. ad Sydn. p. 302, in f. Il y retourna en février 1578: ‘redennt ad vos clarissimi viri, Dom. Belus, Dom. Rogerius, ac noster optimus Beutterichius,.. boni viri ac mihi charissimi:’ l.l. p. 312 Apparemment il sut mettre Ie Duc Casimir dans les bonnes grâces d'Elizabeth.
Monseigneur. Sachant que v.S. est en Anvers, où elle peut beaucoup avancer nos affaires, je n'ay volu faillir vous escrire la présente, pour vous prier très humblement assister les porteurs de cestes de conseil, de faveur, et de toute bonne assistance envers Monseignr le Prince et les Estats-Généraux, attendu que c'est pour l'advancement du secours, duquel semble dépendre l'heur ou malheur des Pays-Bas. Il est nécessaire que sur la place monsterGa naar voetnoot1 toutes choses soyent tant claires, qu'il n'y survienne aulcune difficulté que retarde la monster, ou mette les soldats et gens de guerre en mauvaise opinion, en altérant leur bonne volonté. En un tel fait, duquel dépend tout le salut du pays, ne faut-il pas s'amuser à peu de chose. Les apostiles que les Estats ont mis en marge d'un escrit que MathieuGa naar voetnoot(1) leur a présenté, ont fort dégousté Monseigneur mon maistre, qui attendoit et espéroit, par le moyen de Mr le Prince, plus grand contentement; combien qu'il n'avoit envoyé le dit Mathieu à intention de proposer ces choses-là aux Estats, car l'on les eut autrement digéréesGa naar voetnoot2, ains seulement de demander advis à mon dit Sr le Prince de ce que se pouvoit faire et des moyens qu'il y falloit tenir; puis entendre de luy quel chemin nous devrions tenir pour descendre: nous avons
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Ga naar margenoot+estez frustrez en l'un et en l'autre point. La Royne a mandé à Monseignr que les autres vingt mille livres sont jà fournies. S'il n'y survient difficulté, cela advancera beaucoup nos affaires, et donnera courage à nos gens. Jamais ne fust mon maistre mieux disposé à faire quelque chose de bon, qu'il est maintenant. Aussy est il raisonnable que les Estats luy donnent contentement, et se disposent à mettre meilleur ordre à leurs affaires. Don Joan gagne tousjours et met le pied plus avant. La négotiation d'AlanzonGa naar voetnoot(1) ne peut qu'elle ne mette partialitez entre les Estats et division. Le remuement de religion, trop précipité, aménera du mal aussi, si la prudence de Monseignr le Prince n'y remédie. Sur tout vous supplieje de donner à entendre et asseurer mon dit Sr le Prince qu'il n'a meilleur, ni plus affectioné amy au monde que mon maistre, et qu'il désire que Mr le Prince et luy soyent deux testes en un chaperon. Ce sera le bien de tous deux, s'ils s'entretiennent par ensemble. In vertrawen kan E.G. ich underthenig nicht verhalten, das
nicht allein ich, sondern auch andere meins Herren vertrawte rhatt, allerhand nachdenckens haben, und hat esz das ansehen als wen mein Herren dem Printzen wider meines gn. F. und Hern waz eingebildet were worden, daz doch nicht sein solle, sonsten ligt der ein mitt dem anderen.
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Ga naar margenoot+Sie müssen zusammen halten, und alsz Teutsche Fürsten aufrichtig und recht handlen, mit einander halten und legen; darzu sollen die rhät beyderseitz daz pest reden, und den Frantzösischen practikhen und alles misztrawen sich eusseren. Wolte E.G. in underthenigen vertrawen nicht bergen, und bin dero zu dienen geneigt. Datum Lautern, den 6ten Junij 1578.
E.G. dienstwilliger undertheniger,
P. Beutterich.
A Monseigneur le Conte Jean de Nassau à Anvers, in manus proprias.
‘La négociation avec d'Alençon’ écrit Beutterich, ‘ne peult qu'elle ne mette partialitez enter les Estats et division.’
En effet ceci, dès le commencement, étoit facile à prévoir (p. 364, sqq.), et devenoit de jour en jour plus manifeste.
Le 28 avril, ‘le pensionaire de Douay a apporté lettres de St Ghislain du 26 d'Apvril, touchant l'entrée de la convocation avecq les députez du Duc d'Anjou, et des difficultez survenuz, dont il a fait rapport et leu l'instruction secrète; et dict en premier, que le dit Duc avoit tout son cas prest pour nous assister au plustost dedens douze jours, et que nous veult deffaire de la vermine qui nous ronge le coeur, et qu'il viendroit soubz tiltre de Protecteur:’ Rés. MSS. d. Et.-G.
Le 2 mai ‘adressé lettres à Messieurs les ambassadeurs de M. le Ducq d'Anjou, affin de se vouloir transporter en la ville de Bruxelles, pour illecq achever, si se treuve convenable, la communication encommencée:’ l.l.
Le 6 mai ‘certain gentilhomme de la part de M. le Ducq d'Anjou se présente aux Estats-G. exhibant lettres de son Sr et Mre, déclairant, oultre le contenu d'icelles, que les troupes du Sr Duc seroient jà ès frontières et mesme le régiment de sa garde, aiant
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Ga naar margenoot+esté mandé du quartier de la ville de Rochelle, aiant desjà passé la rivière de la Somme, pensant le Sr Duc que la négociation encommencée avecq ses ambassadeurs se pourroit achever en quinze jours ou environ, lesquelz néanmoins sont jà expirez, sans que la conclusion soit prinse. Au gentilhomme est faict responce que la communication est en train, soubz espoir qu'elle s'achevra pour le bien et tranquillité de la patrie:’ l.l.
Le 11 mai, ‘Mess. les Etats-G. ont, en ampliant l'instruction donnée à son Exc. etaultres leur députez à Bruxelles, authorisé le Sr Prince et députés de traicter avecq les Ambassadeurs du Duc d'Anjou, suyvant la dite ampliation, soubz le bon plaisir des Estatz de chacune Province et de leurs membres, et à condition que rien s'effectuera que préallablement les dites Provinces [ne] ayent presté leur consentement:’ l.l.
On se défioit de l'Artois et du Hainaut. De leur còté ces Provinces, favorisant Anjou, en outre exposées, sur la frontière, au mécontentement de ses soldats, se plaignoient de la lenteur des Etats- Généraux.
Le 16 mai, ‘receu lettres des Estatz de Haynault, en date du 13, responsives à celles de M. les Etatz-G., par lesquelles estoit porté qu'ils n'eussent rien à traicter particulièrement avecq les Franchoys au desceu des Estatz.’ l.l.
Le 24 mai, ‘Monsr [d'Angre] et de la Haye ont apporté lettres des Estatz de Haynnau du 22 de may, par lesquelles ilz demandent continuation du traicté encommenché avec les Ambassadeurs du Duc d'Anjou, pour éviter leur totale ruine et desgât du plat païs, comme les dits Srs ont plus amplement remonstré de bouche, aussy par charge de Monsr le Conte de Lalaing, et ont donné leur instruction par escript, ce qu'a esté remonstré au Conseil d'Estat par Monsr de [Baurepaire], Oirschot, [Camhaert] et Douffini,’ l.l.
Le 5 juin, ‘receu lettres des Estatz de Haynault pour radouber la conférence de France, accompaignées d'une copie d'aultres missives envoiées à son Alteze par les dits Estatz de Haynault, lesquelz envoient joinctement une copie des lettres que Mon- | |
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Ga naar margenoot+seigneur le Duc d'Anjou a envoié à ses conseilliers Rochepot, d'Espruneaux, et Mondoucet; desquels escriptz le Seigneur de la Haie, porteur, déclaire que les dits de Haynault n'atenteront jamais rien au préjudice de l'union, remonstrant que, en vertu d'icelle, on debvroit advancher la délibvrance des Srs détenuz à Gand, et joinctement des aultres Srs captifz en la route du camp à Giblou; déclairant de surplus qu'il convient aucthoriser aulcuns députez pour parachepver la susdite conférence de France, exhibant sur le tout son instruction. Surquoi est résolu que copie se fera sur toutes les susdits pièches, et que les originèles se communicqueront à son Alteze, son Exc., et le Conseil d'Estat; à quel effect sont dénommez les prélat de St Gertrude, les Srs de Beaurep[aire], et Caron, avecq les pensionaires de Gand, Valenchiennes, et Middelbourch:’ l.l.
Le Comte de Lalaing étoit suspect; probablement à tort, quoiqu'il favorisât Anjou et ne semble pas avoir été porté pour Matthias (p. 228).
Se croyant suffisamment autorisé par l'Instruction que les Etats-Gén. lui avoient donnée, il avoit introduit les François dans quelques Villes de son Gouvernement. On lui en voulut beaucoup. ‘Multi dicunt fabulam banc agi a Comite Lalenio contra voluntatem Statuum:’ Lang. Ep. secr. I. 2. 365. ‘Dicitur in tantam suspicionem venisse ut sit ei a Statibus adempta praefectura Hannoniae:’ p. 737. On n'en étoit pas venu jusque là; toutefois on avoit restreint son autorité.
Le 10 juin il écrit, de Mons, une Lettre assez vive aux Etats-Gén.: ‘par ce que je voy,’ dit-il, ‘plusieurs de ce pays me vouloir charger de me désjoindre de la généralité et union, mesmes que j'en voudroye distraire cette Province de Hainaut, par y vouloir faire mettre des François dessous le commandement de Mr le Duc d'Alençon; estant la chose procédée si avant que l'on me veut oster l'autorité qui m'appartient comme Gouverneur.... Et à cet effect on a escript à toutes les villes du Hainault de ne recevoir aucunes gens de guerre, sans l'adveu et le sceu préalablement de Mr l'Archiduc:’ Nyhoff, II. p. 34, sq.
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Ga naar margenoot+‘J'espère que maintiendrez mon bon droit contre ceux qui, aliénez de passion, me veulent calumnier à si grand tort:’ l.l.
De même le 20 juin, ‘lettres de Mr le Conte de Lalaing du 15 de juing, par laquelle il se plainct de la désobéissance que les capitaines de son gouvernement luy portent, demandant que son authorité luy soit maintenue suyvant l'union, ou que l'on veuille ouvertement déclrer pour quel l'on le tient, affin qu'il se régle selon la résolution;’ Rés. MSS. d. Et. G.
Le 23 juin, ‘M de Meetkercke, Conseiller d'Estat, a faict rapport de son voyage et responce du Conte de Lalaing, qui se mesconte fort que l'on a sy grande diffidence de luy, puis qu'il ne prétend rien avecq les Françoys que soit contre l'union ou bien et repos du pays:’ l.l.
Le Duc d'Anjou ne se laissoit pas rebuter. Par une Lettre du 12 juin, datée d'Alençon, il écrit aux Etats-Gén, qu'il n'a ‘pu comprendre le contenu des articles proposez en l'assemblée de vos Députez et des miens, estant si esloigné de l'amitié et bienveillance dont m'avez toujours asseuré:’ Nyhoff, II. p. 37. Il n'a pu ‘imaginer l'occasion de tel refroidissement d'affection et bonne volonté, lequel j'ay depuis entendu n'estre fondé sur aucune manvaise intention du général, ains plustost de quelque particularité... Ce que ne m'empeschera de continuer l'acheminement de mon secours, le plus diligemment qu'il sera possible:’ l.l.
On voit fréquemment des marques de désunion percer. Le 24 juin M. de Fromont et St. Aldegonde ‘ont proposé que un échevin d'Artois ayant esté en ceste ville, auroit, à son retour en Artois, dict, en plaine assemblée du conseil, qu'il y avoit grande division entre le conseil d'Estat et Messieurs des Estatz; que ung jour son Exc. seroit sorty de l'assemblée des Estatz-Généraulx fort malcontent, en colère; qu'il ne faict compte des pays d'Arthois et Haynnau, ains a seulement tout sa [cure] de Flandres et Brabant; qu'il tire toutz les deniers de pardeçà en Hollande; ce que luy ayant esté remonstré par quelcun, ne sçavoit que respondre: de façon qu'il veoit les affaires en tel terme qu'il n'estoit besoing
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Ga naar margenoot+envoyer d'Arthois ou d'ailleurs argent pour le secours de la généralité. Demandans que lettres soyent escriptes aux dits d'Artois qu'il veuillent empescher semblables discours et propos séditieulx et faulses:’ Rés. MSS. d. Et. G.
‘Le mouvement de la religion trop précipité aménera du mal aussi, si la prudence de M. le Prince n'y remédie’ (p. 378). Aveu remarquable de la part de Beutterich, qui certes n'aimoit pas le mouvement tardif.
Depuis quelques mois le nombre des Protestants avoit considérablement augmenté.
Bien des circonstances y contribuèrent.
L'influence toujours croissante du Peuple, parmi lequel se trouvoient presqu'exclusivement (p. 311) les partisans de la Réforme.
La présence du Prince d'Orange. Elle ‘reschauffoit ceux de la Religion qui restoient des persécutions passées:’ Vie de Mornay, p. 45.
La nouvelle Union, dans laquelle Réformés et Catholiques, pour la première fois dans les Pays-Bas, se traitoient presque sur un pied d'égalité (p. 311).
La nécessité de se servir de soldats Protestants, à qui l'exercice de leur culte ne pouvoit être interdit, et en présence desquels leurs coreligionnaires marchoient tête levée. ‘Alomme heeft men meest moeten gebruycken het krygsvolck van Hollandt en Zeelandt, en ander volck van de Ghereformeerde Religie, omdat men dagelycks veel onghetrouwicheyt onder de andere bevondt, principalyk onder de Walen, die, om de Roomsche Religie wille, D. Johan meest toeghedaen waren.’ v. Meteren, p. 136. ‘Hispani judicârunt Status non posse diu alere tantum numerum militum;... verum Deus haec consilia in ipsorum perniciem convertit; nam fiducià illarum copiarum populus factus est audacior in mutandâ religione;’ Lang. Ep. s. I. 2. 757.
Le besoin de se précautionner contre les Catholiques. Les défections avoient dû se multiplier parmi eux, non seulement après les excès et les violences des Réformés (p. 384), mais déjà par les
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Ga naar margenoot+événements de 1577, et surtout aussi en conséquence de la Bulle du Pape, datée le 18 janv. 1578, par laquelle indulgence plénière étoit donnée à tous ceux qui suivroient D. Juan: v. Meteren, p. 132a. A Maestricht on éloigne les Prêtres à cause d'une conspiration en faveur des Espagnols: ‘Monachi et Sacerdotes fuerunt praecipue authores istius conspirationis, ob quod facinus Trajectenses eos ejecerunt ex suâ urbe:’ Lang., l.l. p. 352. L'Evêque d'Arras et plusieurs Abbés, membres des Etats-Gén., passent à D. Juan: p. 354. En Frise l'Evêque de Leeuwarden est à la tête d'un projet pour livrer la Province à l'ennemi: ‘Episcopus ipse et alii plures ex conjuratis traditi sunt custodiae:’ p. 358. Delà une défiance envers le Clergé en général: ‘ob istas Episcoporum et Abbatum defectiones totus ordo Ecclesiasticus venit in suspicionem et odium:’ p. 354. On élisoit des Magistrats Protestants: ‘Om de ongetrouwicheit onder de anderen socht men de Ghereformeerde alomme in state ende officien te stellen:’ v. Meteren p. 136; ‘removentur a publicis functionibus ii omnes qui vel minimum rebus Hispanorum favere creduntur:’ Languet, l.l. On prenoit des mesures sévères contre les Ecclésiastiques. Défense de prêcher ce qui pourroit offenser le Prince d'Orange ou l'Archiduc; défense d'envoyer les Annates à Rome; obligation de prêter sérment au régime établi; expulsion des
Jésuites et d'autres religieux, pour refus de serment.
Les Etats-Gén., il est vrai, n'étoient pas disposés à tolérer le culte Réformé. Encore en avril, ils déclarent, par un Placard exprès, perturbation de l'ordre public ce culte et tout ce qui s'y rattache; ‘te weten de Predicatiën, Houwelyck, Doopsels, en andere exercitiën op de maniere van de Gereformeerde Religie:’ v. Meteren, p. 135b.
Mais la loi étoit sans force: ‘het Placaet en wierdt nergens onderhouden dan in 't gene de Gereformeerde voordeelig was:’ Ghendtsche G. II. 17.
Déjà en février le Prince d'Orange pouvoit à peine empêcher les prêches publics: ‘Audio Orangium vix jam posse impedire quin in aliquibus urbibus Brabantiae et Flandriae publice concionentur ii qui puriorem Religionem profitentur:’ Lang. Ep. s. I. 2. 344.
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Ga naar margenoot+Bientôt, en divers lieux, les Réformés commirent des excès trèscondamnables: ‘veel dingen,’ comme le disent les pétitionnaires Protestants, ‘die niet allen Protestanten lief syn:’ Bor, 969b.
En Hollande, spécialement à Amsterdam et à Harlem, vers la fin de mai; Wagen. VII. p. 203, sqq.
A Gand. Favorisés par le Collège des 18 (p. 266), les Réformés y dominoient. On s'y arrogeoit une grande autorité sur les villes circonvoisines. Déjà en mars ‘Gandavenses profecti sunt armati Aldenardam et Cortracum, et in utrâque urbe moverunt Senatu eos quos rebus Hispanorum favere suspicabantur:’ Lang. Ep. s. I. 2. 353. De même à Bruges: p. 354. ‘Cum audivissent Hyprenses inclinare ad Hispanos, monuerunt eos ne se jungerentGa naar voetnoot1 ab iis qui pro tuendâ Patriae libertate arma sumpserant; quod si facerent, minati sunt se eorum agros ferro et flammâ vastaturos:’ p. 355. - Delà, quelque temps après, les craintes et les réclamations de ceux de Lille: le 26 de juillet ‘receu lettres des Estatz de Lille, Douay, Orchies, portant crédence sur le Sr de Oyenbourg et Jéhan [Picanet], lesquels déclarent que ceulx de la ville de Gand sont intentionnez de faire le mesme en la dite ville de Lille qu'ilz ont faict en la ville d'Ypre, s'estant faict desjà presches en aulcuns lieux de la chastellenie du dit Lille, comme plus au loing est reprins en l'instruction des susdit de Oyenbourg et [Picanet], ce que se représentera à son Alt. et son Conseil, pour y mectre ordre que convient, par Messrs l'abbé de St. Ghertrude, Saventhem, Iman, et le Greffier de Brabant, avecq les susdits députez de Lille;’ Rés. MSS. d. Et.-G.
On imputoit au Prince ces mouvements désordonnés. - Granvelle écrit en avril à M. de Bellefontaine. ‘... Ceulx de nostre profession sont obligez de prier Dieu de prospérer les emprinses de Sa Majesté, pour secourir la religion, que se perd à grand pas, par l'industrie dont pour la renverser, use le Prince d'Oranges et les siens, ilz ont saisy toutes mes rentes, temporelles et ecclésiastiques, maisons et meubles, et ruynent tout...’ (MSS. B.B.I.
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Ga naar margenoot+p. 121). On l'accusoit d'avoir lâché la bride au peuple. Le Cardinal écrit le 27 mai: ‘....Me de Parme est encoires à l'Aquila et n'en bougera qu'elle n'aye responce de S.M.; il y a peu d'apparence d'accord aux pays d'embas, horsmis ce que l'on peult espérer pour les désordres et confusion, et le déscontentement que plusieurs prengnent du Prince d'Orange, pour non leur sembler que ses actions se réglent conforme aux courtois propos qu'il leur portoit, pour se insinuer en leurs bonnes grâces, et le tachentGa naar voetnoot1, oultre ce de la religion, du trop d'auctorité que, pour ses respectz, il donne aux communes des villes’ (MSS. B.B.I. p. 127). Mais il étoit presque contraint de chercher là son appui. Le Cardinal lui-même écrit le 3 mai, qu'en traitant bien avec M. de la Mote, ‘on pourroit avoir espoir que aultres Gouverneurs pourroient suyvre le mesme exemple; car plusieurs, mesmes de la Noblesse, se faschent du Prince d'Orange, s'apercevant maintenant de ses desseings, et se faschant aussy des contributions exhorbitantes et des desordres, s'apperchant aussy que à la longue les Estaz n'auront moyen de se soustenir et que les pays se destruyront sans remesde...’ (MSS. B.B.I. 123). Donc, haï de la Noblesse et du Clergé, il n'avoit pas le choix des soutiens. ‘Necesse fuit Auraïco Principi torrentem illum commotae plebis objicere sceleratis consiliis quae aula Romana suggerit principibus qui ei auscultant: nam adversus ea se et suos aliâ ratione tueri non potuit, cum ab omnibus esset desertus. Nemini autem mirum videri debet quod vir
magnanimus in gratiam adversariorum perire noluerit:’ Lang ad. Sydn. p. 337.
Le Prince se prononça toujours contre de tels excès.
En 1566 (T. II. passim).
En 1576. - Sous prétexte de justice, des Catholiques, en N. Hollande étoient en butte à la cruauté la plus atroce: le Prince fit suspendre la procédure; on les remit en liberté: Bor, p. 632, sqq.
Après la Pacification de Gand. - Les Etats de Hollande vouloient imposer un serment presqu'anti-catholique, comme condition de retour pour les émigrés; il les en détourna: Wagen. VII. 118.
De même en 1578. - D'après ses exhortations on continua long- | |
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Ga naar margenoot+temps à se réunir, dans des maisons particulières. ‘Senatus Gandavensis scripsit ad Orangium se non posse amplius intra privatos parietes cives continere; is autem respondit nondum esse tempestivum id quod moliuntur, et addidit esse consultius ut in pluribus privatis aedibus eodem tempore habeantur conciones:’ l.l. p. 353.
Il vouloit que du moins, pour obtenir l'exercice public, on suivit la voie légale. ‘Jam id agitur ut, ipsorum Statuum consensu et permissione, liceat iis qui puriorem Religionem profitentur, constituere suas Ecclesias et verbum Dei publice annunciare... 12 Apr.’ l.l. p. 356. Ne pouvant prévenir une démarche intempestive, il tâchoit encore de lui donner un cours régulier.
Le 22 juin les Réformés (déterminés, à ce qu'il paroit, par l'avis du Synode de Dordt, présidé par Dathenus) présentèrent leur première requête, et déjà quinze jours plus tard une seconde, à l'Archiduc et au Conseil d'Etat: Bor, 968, sq.
Plusieurs villes n'attendirent pas la réponse: ‘quaedam urbes licentiam sibi sumpserunt, non expectatâ Statuum concessione seu permissione, ut Gandavum, Aldinarda, Tendremonda, et quaedam aliae:’ Lang. Ep. s. I. 2. 740. ‘Antverpienses qui se hactenus intra privatos parietes continuerant, jam prodeunt in publicum, et jam habentur conciones in variis urbis locis, fitque ad eas magnus populi concursus:’ p. 741.
Ce fut alors que le Prince fit proposer une paix de religion; d'après laquelle le culte, soit Catholique, soit Réformé, seroit permis, partout où 100 familles en manifesteroient le désir.
C'étoit une concession forcée: ‘Ubique fere per Brabantiam et Flandriam instituuntur Ecclesiae ab iis qui sunt purioris religionis, et quia haec auctoritate publicâ non fiunt, quaedam fiunt interdum insolentius:’ Lang. p. 741. ‘Nostri nihil petunt quod sibi jam non sumpserunt, fitque ad eorum conciones incredibilis populi concursus. Longe tamen satius esset haec authoritate magistratuum fieri quam privatorum consilio:’ p. 745.
Les Etats-Gén. étoient impuissants. ‘Incipit esse exigua autho- | |
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Ga naar margenoot+ritas Statuum, populo abutente suâ libertate, et existimante sibi licere quidquid libet:’ Ep. s. p. 751.
Le Prince sans doute avoit un plus grand crédit: ‘Non dubito quin, quidquid decernant Status, praecipuae urbes sint Auriaco adhaesurae:’ Ad Camer. p. 261. Néanmoins il ne pouvoit réprimer l'essor général. ‘Quidam primarii viri ex urbis Antverpiensis magistratu cum Principe expostulârunt et petierunt ab eo ut conventus impediret,... qui respondit se impedivisse ne id fieret, quamdiu potuit, sed se non posse id amplius facere, istos enim jam non amplius obsequi:’ l.l. p. 741. ‘Videntur sumturi, etiamsi non concedatur, et praesertim ubi Casimiri copiae pervenerint in Brabantiam:’ Ad Camer. p. 260. ‘Consuli urbis cum dixisset Orangius, putasne eos reprimi posse? et ille subjunxisset se putare; tu igitur, inquit, reprime eos, ego enim id tibi permitto:’ p. 743. ‘Respondit Orangius ne Albanum quidem id potuisse facere, cum ejus res maxime florerent:’ ad Camer. p. 263.
On sentit qu'il falloit, pour ne point exaspérer les Catholiques, procéder avec une circonspection extrême. Aussi se garda-t-on de décréter la paix. Elle fut établie, il est vrai, provisoirement, le 29 août, à Anvers; mais du reste on la proposoit simplement aux Provinces. Elle ne devoit être obligatoire que ‘voor allen de Steden die dien Vrede begeeren souden:’ v. Meteren, p. 141a. l.l. ‘De Landen van Brabandt, Vlaenderen, Artoys, Henegouwen, en waren onder malcanderen niet verbonden, maer bleven vry onder haer te doene wat by hen bequaem soude ghevonden worden:’ l.l.
Toutefois, même la présentation d'un projet pareil devoit exciter une vive opposition.
La chose ne pouvoit être agréable à l'Archiduc. Aussi semble t-il avoir fait quelques tentatives pour la prévenir. ‘Quidam dicunt Matthiam et eos qui sunt ipsius factionis, maxime impedire ne ea libertas in religione concedatur:’ Languet, Ep. s. p. 740. Languet s'exprime plus positivement, le 10 juillet, dans une Lettre à un ami: ‘Austriaca factio id impedit, quantum in se est, ita ut multi jam
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Ga naar margenoot+existiment ideo praecipue in eas regiones venisse Archiducem ut purioris religionis progressum impediat:’ ad Camerar. p. 262. Ce ne fut qu'après beaucoup de discussions qu'on se décida à présenter le Projet ‘Nae langhe en breede beraetslaginghe;’ v. Meter. p. 141a.
Les Députés du Hainaut et du Tournesis résistèrent: Le 12 de juillet, ‘Monsr de Bevere, du Conseil d'Estat, at faict lecture des poinctz et articles concernans la religions vriet; laquelle faicte et acepvéeGa naar voetnoot1, fut résolu, par pluralité de voix, que son Alt. les envoieroit par les provinces, par l'advis des Estatz-Généraulx, n'estans les députéz des dits Estatz auctorisez pour faire le dit envoy, actendu que la remonstrance de ceulx qui désirent vivre selon la réformation de l'évangile ne s'est adressée aus dit Estatz, mais à son Alt. et le conseil d'icelle, suivant quoy sa dite Alt., par l'advis des dit Estatz, envoierat, tant les dit articles que la remonstrance, avecq lettres y servans, aux provinces, pour entendre leur résolution; bien entendu que les provinces de Haynault et Tournesiz sont d'advis que le dit envoy ne se doibt faire, ains que les susdit, désirans vivre selon la réformation de l'évangile, se doibvent adresser aux particulières provinces, et illecq faire leur prétension; protestans, de surplus, que encoires que le dit envoy se fit, la clause, par advis des Estatz, ne doibt estre insérée aux lettres de son Alt., veu que les deux susdits provinces n'y ont presté consentement; de quoy ont demandé acte en forme:’ Rès. MSS. d. Et.-Gén.
La mesure étoit contraire à la Pacification de Gand. Par ce pacte on avoit, non pas expressément stipulé, mais évidemment supposé, comme condition sine quâ non du Traité, le maintien du Catholicisme exclusif dans les quinze Provinces. Les promesses les plus solennelles à cet égard avoient déterminé l'adhésion de la plupart des Catholiques (T.V. p. 471, p. 589, sq. VI. p. 1). Depuis lors, durant près de deux années, on avoit, à chaque occasion, réïtéré eet engagement positif. - Un grand nombre de ces assurances se trouve dans deux pièces très-remarquables, et qu'il seroit difficile, sous ce rapport, de réfuter; la réponse des
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Ga naar margenoot+Etats du Hainaut, Bor, p. 991, sq. et la Requête présentée en août, d'après les conseils de M. de Champagny: l.l. p. 989. Ce manque de foi devint l'objet de reproches constants. ‘De Walen sustineerden dat de Religions-vrede was tegen de Unie van de Staten-Gen. en ook tegen de Pacificatie van Gent:’ II. 12. ‘dat het feyt van de Religie, buiten Holland en Zeeland, niet en soude eenigsins wesen in de dispositie van de generale vergaderinge der Staten wetlyk versamelt:’ p. 39b. Les Etats-Gén. se défendirent foiblement: l.l. p. 39-42. Ils se bornent à dire ‘dat dit wel einen schyn soude hebben,’ si depuis beaucoup de changements n'avoient eu lieu; qu'ils ne s'étoient pas liés les mains, et qu'ils ne faisoient qu'étendre le principe de la Pacification à des Provinces, où le nombre des Protestants étoit tellement accru qu'il falloit, ou les tolérer, ou mettre le pays à feu et à sang. - Mais c'étoit là s'excuser par la force des circonstances, ce n'étoit pas nier la violation du Traité.
On en étoit venu au point où tout nuit et rien ne profite.
L'exaltation, de part et d'autre, ne permettoit plus les termes moyens.
Egalement en horreur à la plupart des Catholiques et des Réformés, le projet ne put être momentanement admis que là où, se trouvant à peu près en forces égales, on désiroit une Trève, pour avoir ensuite plus de chances de succès.
Dans les Provinces Catholiques, les Etats eurent recours à des délais; en Gueldre ils repoussèrent toute innovation (Bor, p. 995b); à Utrecht, après quelque dissentiment entre la Noblesse et le Clergé, ils se prononcèrent également pour un refus (p. 991b); en Hainaut ils coupèrent court à toute délibération pareille, dans les termes les moins équivoques et les plus violents: ‘Onse intentie is, dat wy in geender maniere en verstaen of en willen daer af horen spreken: veel min geven eenige openinge, ingank, of consent tot sodanige requeste en articulen’ (p. 992a).
Languet écrit: ‘Hannonii et Atrebates nullam Religionis mutationem ferre volunt... Hannonii nuper satis rustice responderunt
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Ga naar margenoot+Statibus... Comes Lalenius, odio Orangii, suggerit haec consilia Hannoniis, quibus Ducis Alançonii praesentia et copiae addunt fiduciam.. 16 Aug.’ Ep. secr. I. 2. 750. Mais il paroit que, pour s'exprimer librement lorsqu'ils se sentoient profondément blessés, les Etats du Hainaut n'avoient besoin, ni d'être rassurés par la présence du Duc d'Anjou, ni d'être excités par la haine, d'ailleurs invraisemblable, du Comte de Lalaing, - Languet écrit encore: ‘Dissensio in religione res Ordinum reddit minus firmas: nam non desunt qui suggerant Pontificiis ipsis plurimum periculi imminere a nostris, quos dicunt, ubi vires collegerint, deposituros larvam illam moderationis animi quam jam prae se ferunt, et eodem modo cum ipsis acturos, quo cum aliis in Hollandia et Zelandia est actum. Halc suspicionem ipsis augent ea quae non satis moderate recens facta sunt à Gandavensibus et a quibusdam aliis:’ Lang. ad. Sydn. p. 333. Mais vraiment on ne sauroit être surpris de cette crainte; il y avoit ici plûtot certitude que soupçon.
En Hollande et Zélande on ne vouloit pas rétablir la Messe. A Gand on se récria également.
La Paix de religion ne fut pas la cause de la guerre civile (le feu devoit éclater), mais elle parut en être le commencement et lesignal.
Déjà ce que Languet écrit en 1579 étoit véritable. ‘Jam mutabitur in Belgio status causae, et qui conjunctis viribus antea de suâ libertate adversus Hispanos pugnabant, posthac de religione inter se pugnabunt, ut est factum in Galliâ et se mutuis vulneribus conficient:’ p. 391.
La guerre du Roi contre ses sujets, puis la guerre intestine, tel fut le double produit de la lutte entre le Papisme et la Réforme. Les Députés des Provinces-Unies disent en 1579: ‘de Conincklycke Maj. heeft in deser oirloge geen reden omme de wapenen jegens zyne Landen en Ondersaten te veuren dan van de alteratie van de Religie, gelyck men dat oock by experiencie heeft moghen sien in de Walsche Provincien, die geen ander pretext hebben dan van de Religie, daer onder zy pretenderen van de
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Ga naar margenoot+andere Provincien te scheyden en met de Con. Maj., volgende de Pacif. van Gent en Edict Perpetuel hun peys te maecken:’ v.d. Spiegel, On. St. II. 62.
Le Prince d'Orange mécontenta les deux partis.
Les Réformés lui adressèrent bientôt des reproches, dont van Reydt, par la manière dont il les expose, fait très-bien sentir l'absurdité: ‘Casimir hadde in synen Raedt P. Dathenus, die onder die Gemeente te Gent strooyde dat de Prins (willende den artyckel van de Ghentsche Pacificatie van bandt-houdinghe der Catholyksche Religie, staende houden, en segghende dat men t'ontyde en met onordeningh niets en behoorde te veranderen, en dat men besworene verbonden most houden, en dat Godt een vyandt van meyneedighe was) noch Godt, noch Religie en hadde:’ p. 20a.
Les Catholiques l'accusèrent d'avoir de longue main préparé la chose. Sans doute il avoit toujours eu pour but la tolérance envers l'exercice même public de la Religion Evangélique (p. 155): mais il ne jugeoit pas encore les temps murs pour une concession pareille (p. 386). S'il proposa entre les deux Religions un accord, ce fut parceque, cédant à la force et sans se faire illusion, il désiroit retarder, aussi longtemps que possible, le choc désormais inévitable des fureurs civiles. |
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voetnoot(1)
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Mathieu Carum (Lettre 826), ou du Carum: Bor, p. 987a.
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voetnoot(1)
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Alanzon. Peu de temps après, ‘werdt ein boexken vol lasteringhen teghens den Hertogh van Alenzon ghedruckt... Van welk boexken Doctor Peter Peutterich, Hertoch Casimirs eerste Raedt, den Dichter was, als daer nae bleek:’ v. Réydt, 20a. - Il manioit habilement la plume et l'épée; tantôt enfoncé dans les papiers, tantôt à cheval; equestris doctor, d'après l'expression de Sidney; Lang. ad Sydn. p. 303.
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