| |
| |
| |
† Lettre DCCXCVI.
Ga naar margenoot+Le Prince d'Orange au Comte Jean de Nassau. Nouvelles diverses.
*** Otton-Henri, Comte de Schwartzbourg, Maréchal de la Cour Impériale, étoit arrivé, de la part de Rodolphe II, pour témoigner aux Etats-Généraux sa sollicitude et les exhorter à maintenir la Religion Catholique et garder l'obéissance au Roi: Bor, 935.
Le Duc d'Aerschot et d'autres, frustrés dans leur attente touchant l'Archiduc, commençoient à se tourner vers le Duc d'Anjou. Le Prince dit dans son Apologie: ‘Ils appellent Mgr l'Archiduc; est-il venu, ils voyent qu'ils ne peuvent venir à leur but, ils le laissent, et sans l'advertir, vont quérir Mgr le Duc d'Anjou, ils l'ammènent, ils lui promettent merveilles;’ Dumont, V. 1. 400b.
...E.L. schreiben haben wir bey dieses zaigern empfangen, undt, soviel dessen von Schwartzenbergh ankhommen undt den misverstandtGa naar voetnoot(1) so die bürgerschafft darab empfangen, anlangt, haben wir vor gudt angesehen das sie sich nicht partheyisch, sondern sitlichen darin verhalten, auff das die Kay. Mat., wie zu besorgen, dadurch nicht offendirt werde. Sunst haben wir dessen von TannewitzGa naar voetnoot(2) wolmeinendt gemüdt von hertzen gern verstanden, undt ist nuhr das beste das E.L. in zu glegener zeidt mit allen guten mitteln undt vorschlägen dahin bewegen helffen, damit er in seinen guten vorhaben undt meinung verharren bleibe: doch das in dem allem
| |
| |
Ga naar margenoot+mit bestem glimpf undt gutem zeittigen rath gewircket werde; dan es zu besorgen, da der Hertzog von Arschott, SchampaignayGa naar voetnoot1, undt andere, insonderhaidt aber die geistliche, einig misvertrawen oder argwön auff i. Dt schepften, oder zuw haben verursacht wurden, das sie alsdan mit Franckreich einen heimlichen bundt und verstandt machen würden.
Anlangendt des Hispanischen kauffmans dhiener, bitten wir E.L. mit den zweyen burgemeistern derowegen zu handlen, und sie von unserntwegen zum vleissigsten ermahnen das sie darinnen ein guts einsehen haben undt vleissige information nehmen. Die 100.000 Gulden anlangendt, bitten wir gleichfals E.L. sie wollen bey dem Cantzler undt obgedachten burgermeister, auch andern guten freunden, die handt helffen anhalten, damit dieselbige zum ehisten mögen erlegt werden, auff das Graff GüntherGa naar voetnoot2 undt Graff PhilipsGa naar voetnoot3 zufriden gesteldt werden, dan das man Graff Philipsen jetzunder solte abzalen, würde, jetztdringender nottürfft halb, unwillen schaffen.
Ferner tzweiffelen wir nicht es werden nuhmehr der Marggrave von Havrech undt Abt von Marole zuw Antorff ankhommen sein, von welchen E.L. welcher gestaldt die gemeine Stende unsz die commission unsers Guvernements in Brabandt zugeschickett, verstehen werden... Datum zuw Gendt, ahm 11ten Januarij Ao 1578.
Ga naar voetnoot4Ich bitt E.L. wolle Grave Günthern und meine Schwester meinen dinst vermelden, und hoff mit Gottes genaden balt bei iren L. zu sein. Die von Brüssel haben mihr zwen afgefertiget, und mich hertzlich haben lassen
| |
| |
Ga naar margenoot+bitten das ich mich wolle lassen finden bei ire Dt, wan sie iren inritt zu Brüssel werden thun.
E.L. dienstwilliger Bruder,
Wilhelm Printz zu Uranien.
Dem wolgebornen unserm freundtlichen lieben Brudern, Hern Johansen, Graven zu Nassau, Catzenellenbogen, Vianden undt Dietz.
Jean de Noircarmes, Sr de Selles, fut envoyé par le Roi aux Etats. Il arriva en janvier, avec une Lettre du 18 déc. Amnistie complète, plus d'Espagnols, un nouveau Gouv-Gl (le Prince de Parme, l'Archiduc Ferdinand, ou mème l'Archiduc Matthias), Philippe accordoit tout, moyennant le maintien de la Religion Catholique et de l'obéissance légitime, comme au temps de Charles-Quint.
Les Etats se récrièrent. Remonter à Charles-Quint, c'étoit, disoient-ils, anéantir le traité de Gand: ‘openbaerlyk te niet doen de Pacificatie en wederom te keeren tot de strenge executie der Placaten:’ Bor, 940a.
Ce fut désormais un grief perpétuel. - Aldegonde l'expose à la Diéte de Worms: ‘Austriacus per cuniculos rem aggressus est et obliteratâ penitus pactionis Gandavensis mentione obtrusit nobis novam instaurandae religionis et observantiae formam’ (Scheltema, Geschied- en Letterkundig Mengelwerk, IV. 1. p. 110). Et les Etats prétendirent ensuite, ‘eam declarationem multas mutationes in singulis provinciis secutas fuisse, cum subditi inde occasionem arripuerint, quasi tractatibus istis amplius obstricti non essent:’ Acta Pacif. Colon. p. 33. Dans l'Apologie du Prince on lit: ‘le Roy nous a fait déclarer par le Sr de Selles qu'il ne vouloit garder la Pacification de Gand:’ Dumont, V. 1. p. 398b.
Des propos échappés au Sr de Selles semblent justifier ce reproche: le 24 avril les Députés envoyés vers lui rapportent, ‘quant à ce qu'ils disent avoir entendu verbalement, que S.M. ne veut entendre au contenu de la Pacification de Gand, pour y estre
| |
| |
Ga naar margenoot+aulcuns articles scandaleux, et que, icelle se maintenant, la religion se gasteroit:’ Rés. MSS. d. Et.-G.
Ajoutez y une dépêche du Marquis de Havré aux Etats. Il leur écrit, le 5 avril, que la réponse de Philippe II à la Reine d'Angleterre est en tout conforme à l'Instruction du Sr de Selles, ‘horsmisGa naar voetnoot1 qu'il ne faict aulcune mention d'entretenir la Pacification de Gand, lequel poinct n'est comprins en la Commission de son Ambassadeur D. Bernardino de Mendoza, et ce pour cause (comme il a dict à S.M.) que par vos dernières escriptes au Roy des 3 et 22 sept., n'en avez rien touché. Moy, pour vous excuser, ay respondu à S.M. que, pour estre la Pacification tant solennellement conclue et depuis par le Roy confirmée en tous ses articles, il n'estoit question de la rétracter ny entrer en nouvelle altercation sur icelle:’ (Arch. du Royaume, MS. Angleterre, ao 1576-1580). - Le Sr de Selles avoit déclaré que S.M. n'exigeoit rien qui ne fut conforme aux Lettres des Etats; mais cette déclaration signifieroit peu de chose, si l'on avoit voulu déduire de leur silence une renonciation tacite au Traité de Gand.
D'un autre côté le Duc de Terra-Nova, répondant en 1579 à cette accusation constamment répétée, affirme: ‘ipsâ veritate verius est quod sua Maj. nec non et Austriacus Gubernator-generalis, nihil unquam ardentioribus votis optârint quam pacem Gandavensem Unionemque subsecutam, unâ cum Edicto perpetuo, adeo sollenniter firmato, in omnibus suis articulis, nullo prorsus excepto, ad amussim, omni tempore et quâvis occasione inviolabiliter servare:’ Acta Pacif. Colon. p. 262.
Si le Roi vouloit anéantir la Pacification de Gand, on peut dire avec Languet d'une proposition pareille: ‘pacis conditiones ita rfuerunt absurdae ut ab omnibus riderentur:’ Ep. secr. I. 2. 360.
Mais il y a des motifs d'en douter. Tout au moins, si l'on admet qu'il ait entrepris la chose, il est à croire qu'appercevant l'irritation des Etats, il n'eût pas insisté.
Il désiroit la paix. ‘Quantum conjicere licet ex actionibus His- | |
| |
Ga naar margenoot+panorum, taedet eos diuturni istius belli:’ l.l. p. 359. ‘Puto Regem et Joannem Austriacum cupidissimos esse pacis:’ p. 364.
Le Traité de Gand, fidèlement exécuté, offroit des chances pour le rétablissement du Papisme.
Le Roi n'eût pas été en 1578 plus difficile qu'en 1579. Dans l'instruction secrète du Duc de Terra-Nova il lui disoit: ‘si in foedere non rescindendo provinciae immutabiliter insistant, haud gravate annuendum, quum hujusmodi multorum foedera per se ipsa casura demum sunt, ubi obedientia uni restituatur:’ Str. II. 100.
La Pacification avoit été diversement interprêtée. Probablement les explications verbales du Sr de Selles se rapportoient au sens qu'on prétendoit donner à quelques articles. Peut-être aussi donnoit-il à entendre que le culte Réformé en deux Provinces, la liberté de conscience dans les autres, concessions faites par mesure provisoire, ne pouvoient devenir les conditions d'un arrangement définitif.
Même en ce cas, la proposition, bien qu'elle ne fût pas dans un esprit hostile, n'avoit guères le mérite de l'à-propos.
Avant l'arrivée du Prince en Brabant, peut-être eût-on pu traiter sur ces bases: oubli du passé; départ des étrangers, rappel de D. Juan, maintien du Catholicisme-Romain, obéissance au Roi. Quatre mois après il étoit trop tard.
On répondoit aux Lettres des Etats; mais depuis ces lettres, écrites en septembre, les choses avoient bien changé. Les Etats-Gén.étoient dirigés et dominés par l'influence du Prince d'Orange, de la Hollande, et de la Réforme. ‘Occluserat Procerum aures ad concordiae voces tum gustata semel imperandi potestas, tum persuasio multorum nihil pacati sperandum esse ab offenso Hispano; instabatque rerum arbiter Orangius:’ Str. 590. Le ton conciliateur du Baron de Selles, excusant, autant que possible, la rude franchise de D. Juan, contraste singulièrement avec le ton des Etats, qui certes, dans une Lettre au Roi, n'est pas trop respectueux: ‘Indien S.M. persevereert te assisteren D. Juan, gelyk de apparentie is tot noch toe, so salt den Generalen Staten hertely- | |
| |
Ga naar margenoot+ken seer mishagen verdrukt te worden door S.M., den welken sy begeren in alle getrouwicheid te dienen, en sullen van noods wege bedwongen worden te persisteren, en te bidden God den Schepper en alle de vrienden die sy ter wereld sullen mogen vinden, ter adsistentie;’ Bor, 932a.
Le Roi avoit des arrière-pensées, même en ratifiant le Traité de Gand; mais le parti qui se trouvoit à la tête des Etats, n'étoit certes pas plus disposé que lui à en respecter exactement les limites. |
-
voetnoot(1)
-
misverstandt. On craignoit peut-être que cette mission n'eût un but caché (voyez aussi p. 201).
-
voetnoot(2)
-
Tannewitz. Apparemment le Sgr de Kalkreuth, Chambellan de l'Archiduc, le seul qui l'avoit accompagné: v. Meteren, p 120a.
-
voetnoot4
-
Le reste de cette Lettre est autògraphe.
-
voetnoot1
-
Il y a ici une faute de copiste, ou bien il faudroit admettre que le Sr de Selles avoit cependant fait quelque mention d'entretenir la P. de G.
|