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Lettre DCCLXXXI.
Le Sr de St. Aldegonde au Prince d'Orange. Sur une Lettre du Comte de Lalaing.
*** Le Comte venoit de rendre au Prince un très-grand service. On avoit vouln, par le moyen de l'armée, se saisir de l'Archiduc (p. 216, in f. et 220); ‘maer de Prince heeft, door de ghetrouwicheyt van den Grave van Lalain en meer andere, hem ghevonden van den Legher in dat stuck versekert:’ v. Meter. 126a. Ensuite plusieurs avoient voulu marcher sur Gand: ‘hetwelcke apparent was te geschieden, hadde de Grave van Lalain met de syne daer so wel toe ghesint geweest als andere:’ p. 127a. Il agissoit, à ce qu'il semble, par divers motifs, car il n'aimoit pas le Duc d'Aerschot (‘hy en gunde den Hertogh sulcke eere niet:’ l.l.); il étoit fort porté pour le Duc d'Anjou (p. 185); il affectionnoit le Prince. Toutefois il ne pouvoit partager entièrement ses vues; l'attachement qu'il lui portoit, devant être subordonné aux intérêts du Catholicisme (p. 224). Strada le range, au commencement de 1578, parmi ceux qui étoient ‘alienato non parumanimoab Orangii consiliis:’ p. 560. Aussi n'étoit-il pas d'humeur à laisser empiéter les amis du Prince sur son autorité; le 3 janv. ‘est lue une Lettre de Monsr de Lalaing, disant se voulloir retirer en son
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Ga naar margenoot+gouvernement, se déportant de sa charge de Général, en cas qu'on persiste à assigner pour rendé-vous à Monsieur de la Garde quelque quartier de Haynnault; sur ce est dict de mander le dict Sr de la Garde pour parler à luy:’ Rés. MSS. d. Et.-G. - Le départ subit dont il est fait ici mention semble un indice que la marche des affaires lui avoit déjà fortement déplu.
Monseigneur! Depuis le partement de Monsr d'OheinGa naar voetnoot1, n'ay apprins rien de nouveau, seulement [Houblon] m'a donné la lettre cy-jointe de Monsieur de Lalaing, pour la adresser à v. Exc., laquelle, pour ce que j'estimoye pouvoir présentement servir, pour le service de v. Exc. et du bien général, savoir l'occasion de sa retraitte à Monts et son intention quant au retour, j'ay ouverte, me confiant que v. Exc. ne le prendroit de mauvaise part, veu que ne l'ay fait sinon en intention de pouvoir icy donner matière de contentement à ceux qui en parlent fort estrangement; supplie doncques v. Exc. me le pardonner... Escrit à Bruxelles, ce 6e de nov. 1577.
De v. Exc. très-humble et très-obéissant serviteur,
Ph. de Marnix.
A Monseigneur le Prince d'Orenge, Conte de Nassau, etc.
La nouvelle de l'arrivée de l'Archiduc à Cologne avoit causé une grande surprise et beaucoup de mécontentement parmi les Etats. L'Ambassadeur d'Elizabeth écrit, le 12 oct. ‘dat de Staten waren seer gealtereert geworden, en gevallen in twist en contrarieteit van opiniën: eenige seggende dat men hem most doen komen tot Nieumege, en andere lot Bergen in Henegouwen, andere dat men hem niet en behoorde te ontfangen om veel grote consideratiën en suspiciën, selfs niet in de stad van Bergen, wesende een
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Ga naar margenoot+plaetse van de meeste importancie, en andere van ander advys:’ Bor, 899a. Van Meetkerken, dans une conversation avec le Sécretaire d'Etat Walsingham, tâche d'atténuer la chose: ‘seide dat men hen niet en behoorde te verwonderen, so in eene so grote vergaderinge van Staten, somwylen verscheidenheid van opiniēn was...; dat men daerom niet en moet infereren eenige dissensie of oneenigheid:’ l.l. 900a. Malgré ces assertions, un peu diplomatiques, la désunion semble avoir été imminente. Le 9 oct. ‘sur ce qui a esté proposéGa naar voetnoot1 de bouche par le Sgr Ducq d'Aerschot que aulcuns. Seigneurs principaulx ayent trouvé convenir de mander le Prince Mathias, frère de l'Empereur, et qu'il seroit présentement à Cologne, l'on a advisé de requérir le Pr. d'Or. ét aultres Seigneurs de coucher par escript certaine instruction et poincts sur lesquelz on pourroit requérir le dit Sr Pr. pour en faire rapport aux Estats et en puis adviser sur ce qui sera trouvé convenir’. Rés. MSS. des Et.-Gén. - Le choix du Prince d'Orange n'est pas une marque de satisfaction envers le Duc d'Aerschot.
Surtout le peuple étoit mécontent. Encore en janvier 1578, Languet écrit: ‘Electio Matthiae est parum grata primariis urbibus:’ Ep. secr. I. 2, 335.
Plusieurs, ou craignoient, ou se flattérent que le Prince, blessé au vif, alloit retourner en Hollande. Méme l'Ambassadeur d'Angleterre transmit cette nouvelle: ‘dat de Pr. v. Or. wilde vertrecken na Holland, in meninge van niet weder te keeren:’ Bor, 899a. C'étoit deviner mal. Le Prince n'avoit pas coutume de laisser aisément le champ libre à ses antagonistes.
D'autres supposèrent qu'il alloit se déclarer contre Matthias. Mais le Prince prevoyoit les dangers que devoit amener une telle résolution.
D'abord, en renvoyant l'Archiduc, on s'attiroit infailliblement le courroux de l'Empereur et de toute la Maison d'Autriche. Rodolphe, même s'il avoit sérieusement désapprouvé la démarche de son frére, seroit indigné de le voir traité de la sorte.
Puis le parti de Matthias étoit assez puissant pour ne pas céder sans coup férir. Une rupture devenoit probable entre la Noblesse et
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Ga naar margenoot+les Communes, une guerre civile qui, d'une façon plus ou moins indirecte, raméneroit bientôt D. Juan.
Le Prince suivit une autre politique Il s'appliqua à calmer les esprits.
Déja le 11 oct. ‘est résolu touchant la venue de l'Archiduc Mathias, lequel on entend d'estre en chemin, qu'on le pourroit recepvoir comme frère de l'Empereur et Archiducq, et que ce pendant qu'on advisera si on le recepvra comme Gouverneur et sur quelle condition, qu'on feroit venir son Alt. à Mons ou à Gant. Depuis résolu de la faire venir à Mons en Haynault, et sont ordonnes pour rencontrer s. Alt., recepvoir et conduire, M. le Comte d'Egmont, le Sénéchal d'Haynault, et Willerval’ Rés. MSS. des Et.-G.
Le 19 oct. dans une Lettre des Etats-Gén. à ceux de la Gueldre il est dit: ‘eenighe goede personaigen (remarquons ici les épithètes), lief hebbers van den Lande, considererende die guede qualiteyten van den Eertshertoge Mathias, hebben onlancx geraden gevonden te versoecken dat syne Hoicheit hair soud n alhier vynden:’ Bondam, IV. 10.
En se prononçant pour l'Archiduc, le Prince écarta les inconvénients de cette intrusion subite. Il prévint la scission qui sembloit devoir infailliblement éclater.
Il réussit à ne compromettre aucun fruit de son labeur. Se rapprochant de l'Allemagne et lui donnant un gage de bonne volonté, il eut garde de rompre avec la France. Avant qu'on fut en règle avec Matthias, on redoubla d'activité pour se ménager ailleurs un appui; et mème, après avoir accepté le Gouverneur-G1, on conserva toujours des rapports avec le Duc d'Anjou.
Le Prince retira même de très-grands avantages de ces menées.
Un redoublement de crédit par son apparente modération.
De nouvelles garanties contre la Noblesse.
Un pouvoir auquel, sans intermédiaire ou prête-nom, il n'eût guère pu aspirer.
Matthias fut Gouverneur, et le Prince gouverna Matthias. Le Prince fut Gouverneur, et Matthias lui servit de Greffier: ‘eo
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Ga naar margenoot+paulatim progressum est ut populus eum Graffiarium Auraici vulgo nominaret:’ de Tassis, IV. 290.
C'est beaucoup de surmonter les obstacles, c'est plus encore de savoir en profiter. |
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voetnoot1
- Dohain. Il avoit ëté à Gand: ‘de Prince sondt na Gendt den Heere van Dohain om toe te sien’ (v. Meter. 126).
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