Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
[pagina 222]
| |
Lettre DCCLXXIX.
| |
[pagina 223]
| |
Ga naar margenoot+dubitare de omnium procerum fide, praeterquam de ipsius:’ Ep. secr. I. 2. 327. ‘Credo Hispanos expectâsse eventum proditionis institutae ab iis qui conjecti sunt in vincula Gandavi:’ p. 326. - Mais il est permis de douter de l'authenticité de la Lettre (p. 220). Peut-être ne dut-elle servir qu'à émouvoir le peuple. Il n'est guère croyable que, si l'on eût pu légitimer des accusations aussi graves, on les eût passées sous silence dans la Déclaration justificative, publiée le 9 nov. (Bor, 904b). En tout cas la Lettre même prouvoit, ainsi que Champagny le donne à entendre, quele Duc d'Aerschot n'étoit pas complice d'un tel dessein. On y parle de ‘myn Heere van Ognies, van Mocqueron, Swevegem, en President van den Rade, en alle de andere die gy weet dat van goeden wille zyn om den Hertog te helpen beleiden, om alles te doen daer men hem toe zal brengen, wesende van sulken humeurGa naar voetnoot(1) en gesintheid als u kennelyk is:’ l.l. | |
[pagina 224]
| |
Ga naar margenoot+plus dévonés: car la Religion Romaine étoit chère aux Srs de Hèze et de Glimes, aux Comtes d'Egmont et de Lalaing. Puis, en face d'événements comme celui de Gand, on pouvoit craindre, pour les privilèges de la Noblesse et l'autorité du Roi, un anéantissement complet. Monseigneur! Puisqu'il a pleu à v. Exc. donner responce aus miennes que j'escrivis à icelle doibs Guand (à quoy certes fus poussé par le zèle que j'ay au bien public, de plus qu'il me sembloit convenir au service de v. Exc. qu'elle fut advertie au plustost de ce qu'estoit advenu), aiant veu hier comme j'arrivey en ce lieu, joincte à celle de v. Exc., la copie de la lettre que l'on dict estre du Conseiller Hessel (laquelle semble havoir donné occasion à la saisine des détenus à Guand) [et que] v. Exc. m'a voulu faire tant de faveur que de me l'envoier, après lui en havoir baisé les mains, comme je fais très-humblement, je prendray l'hardiesse, soubs confidense qu'elle cognoit la sincérité de mon intencion, de dire qu'icelle lettre de vray, si elle est du dict Conseiller, le cherge fort, puisqu'elle déscouvre une trop grande malignité; mais quant à Monseignr le Duc d'Arscot, à mon petit jugement, elle est plustost à son advantage que autrement; et pour les autres qu'on a saisi, il n'y havoit matière sufisante tant qu'on trouvat plus certaine estoffe, joinct que l'on a espargné aucuns de ceus quy estoint nommés en la lettre, et autres sont esté pris qui n'i sont mentionés. Aussi en une assemblée si célèbre ç'at esté faire grand tort aus Etats-Généraus qui l'havoient convocqué, et au Comté de Flandres signament, de violer, sans plus de fondement, la franchise, avec si peu de respect au Clergey, à la Noblesse et aus députés | |
[pagina 225]
| |
Ga naar margenoot+des quatre membres des autres viles et chatélenies, qui estoient présens, et la vile y haurat possible peu d'honneur, où personnes privéesGa naar voetnoot(1) ont ozé et peu tant, sans autorité ou magistrat, tellement que nul y pensera estre assuré dores en advant; les voisins pareillement, et autres craindront le mesmes par tous les Païs-Bas, et noz ennemis blasonerontGa naar voetnoot1 partout ceste conduite et abonerontGa naar voetnoot2 la leur, qui semblerat havoir esté rejectée plustost par malice que par raison. Et ores qu'il se peut perdoner beaucoup à la juste doleur du peuple, si faut-il que ceste justice soit fort justifiée pour telle forme que on a tenu à Guand; du meingsGa naar voetnoot3 les auteurs de la commotion en debvroint respondre, s'ils sont cognus; autrement creiésGa naar voetnoot4, Monseigneur, qu'à la fin nulle qualité, estat, ni condition, ne serat assurée, s'il ne faut sinon crier au lévrier, pour faire courir sus à qui on voudrat. Et, si ceste liscense passe outre, à mespris des magistrats et de la forme légitime de la justice, qui a esté tant regrettée, je ne sçai à la longue si Dieu s'en contenterat, ni si ceus qui dissimuleront, y pourront mettre la bride quant ils voudront, ou se tenir assurés de semblables ou pires foules; car il faict à craindre que chasqu'un dresserat ses practicques sur ce pied; qui serat enfin venir aus meurtres de France et plus grande diffidense que jamais entre les naturels, quant on | |
[pagina 226]
| |
Ga naar margenoot+fut quite des estrangers. Aussi ne vois-je quasi nul qui ne soit enaisgri de ce faict et j'oyGa naar voetnoot1 des langages tant divers qui en chergent l'un et l'autre, que je crains une division ou aliénation des volontés, avec grandes ombres et soupsons qui refroidiront les contributions, et par là se pourroit trouver le nerf de la guerre absoluement retrenché, à la ruine de l'estat général de ces païs. - Quant à ce que v. Exc. dict qu'elle n'est secondée comme elle désireroit, je lui puis jurer sainctement que je n'ay peu apercepvoir jusques ici homme qui n'aye en admiration la prudence d'icelle, et qui ne lui soit affectioné pour celle-là, et en public, et en ce que j'ay veu traicter à part. Je voys que chascqun est pour lui céder par tout, où la religion Romaine ne recepvrat doubte, aus provinces où elle est réservée absoluement par le traicté de Guand; ou bien là où l'on n'at scrupule que la deue obéissanse et respect, que l'Union réserve à s. M., puisse estre violée. En effect, ces deus choses conservées, je voy que tous uniformément désirent servir v. Exc. et parvenir aus fins comprins aus dict traictés; ce que je représente ici à v. Exc. comme l'un de ceus qui plus promptement s'i emploierat jusques au dernier soupir, et qui puis asseurer v. Exc. de ce que j'aperçoys avec meings de passion, pour n'havoir autre prétention que, servant v. Exc. et ces autres Seigneurs, à parvenir au repos général, et de devenir casenierGa naar voetnoot2; aussi en ce particulier de Guand, v. Exc. peut assez sçavoir combien peu je doibs à ceus qui y sont plus intéressésGa naar voetnoot3, par où elle me peut donner, s'il lui plaict, crédit et foy, comme à celui qui n'en parle qu'au plus près de ce qu'il pense estre la raison. Monsigneur, nostre Signeur donne à v. Exc. | |
[pagina 227]
| |
Ga naar margenoot+bonne et longue vie, et je me recommende très-humblement à la bonne grâce d'icelle. De Alost, ce 3me de novembre 1577. D.v. Exc. très-humble serviteur, Perrenot. A Monsigneur le Prince d'Orenges. |
|