Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
[pagina 121]
| |
† Lettre DCCXLI.
| |
[pagina 122]
| |
Ga naar margenoot+par cy-devant receveur-général de Cassel, affin que, jointement avec le dit Sr de St Aldegonde, il vous remonstre et prie de ma part, ainsy que je vous prie bien affectueusement, de vous vouloir souvenir de la ferme, estroitte, et solemnelle obligation de laquelle nous nous sommes, d'un costé et d'autre, obligez à garder et entretenir la pacification faicte à Gand en tous ses pointz; sans vous laisser transporter de ces prétextes empruntés que l'on cherche pour vous desvoier de ce quy est le vray et seul moien de redresser une fois nostre commune patrie en son ancien repos et tranquillité, et en sa vraie splendeur et prospérité; car j'estime qu'il n'y a personne de vous, Messieurs, lequel, quand il voudra balancer à la vérité toutes mes actions et considérer de bien près de quel pied je marche et ai tousjours marché, et le confronter avec les comportemens du dit Seignr Dom Juan, ne puisse bien aisément appercevoir que, comme tout mon bien et bonheur, tant en général pour le respect de ma patrie, qu'en mon regard particulier, gist en une paisible jouissance de l'unyon, repos, et tranquillité, aussi pareillement toutes mes pensées, desseings, travaux, industrie, ne tendent qu'à ce seul but, ainsy que par toutes [autres] propos et actions, on [doibt] remarquer. Au contraire, comme toute la grandeur de son Alt. gist au fait de la guerre et à se faire valoir par les armes, ainsi que lui mesmes en fait tousjours profession, n'abhorrissant riens tant que l'oisivetéGa naar voetnoot(1) et repos de ce gouvernement, aussy tous ses desseings, menées, et entreprinses faictes, tant auparavant de la pacification dernière de Marche en Famyne, comme | |
[pagina 123]
| |
Ga naar margenoot+après icelle, tant dedans le païs, comme dehors, allen droit des autres princes et peuples de la Chrestienté, rendent bien clair tesmoingnage qu'il ne tend et n'a oncques tendu sinon à nous povoir envelopper avecq noz voisins d'Angleterre et d'Escosse en nouveaux orages et troubles de dissentions et guerres civiles; ainsi que ses lettres, propos, menasses, et mesmes toutes ses actions donnent évidemment à cognoistre à tout le monde, et que pour tant il doit estre manifeste à un chacun de vous, Messieurs, que les accusations prétendues par son Alt. contre moy ne sont que couleurs et ombres empruntées pour colorer ce désir de guerre, et quand et quand couvrir l'appétit de vengeance et la hayne qu'il a conceue non seullementcontre moi et ceux de par deçà, mais aussi et singulièrement contre vous autres, Messieurs, desquelz il s'estime avoir esté autant ou plus grefvement offensé et traitté plus indignement que de moi, pour par ce moien ruyner et vous et nous tous ensemble, et, comme dit Escovédo, avoir la raison de tous, en chastiant les uns par le moien des autres; aiant pour cest effect, dès son arrivée, conformément au desseing contenu ès dites lettres d'Escovédo, tasché tousjours et par tous moiens de couver le feu des prétensions particulières par la jalousie artificieusement suscitée des uns contre les autres, au regard de la mutation des gouvernemens, tant d'Artois, de Tournay, du chasteau d'Anvers et autres, que mesme de Hollande et Zeelande, et maintenent, pour comble de ses desseings, versant sur moy et sur ceux de par deçà, le reste de sa colère, couverte soubz les favorables manteaux de la religion Catholicque-Romayne et de l'obéissance deue au Roi, espérant par la belle apparence d'iceux vous | |
[pagina 124]
| |
Ga naar margenoot+povoir désjoindre de nous, et par ainsi procurer par ensemble, et vostre, et nostre entière et généralle ruyne. Voilà pour quoy, Messieurs, je vous prie bien affectueusement et exhorte, autant sérieusement que je puis, de prendre regard à vous, et asseoir le jugement de choses de si grande conséquence, non point sur parolles, mais sur les faictz et actions d'un chascun, et quand vous aurez le tout de bien près examiné et entendu bien particulièrement de quelle façon je me suis tousjours comporté ès pointz desquelz on me charge, ainsy que le Sr Taffin et mesmes le Sieur de St Aldegonde vous réprésenteront de ma part, et l'aians mis en [parangonGa naar voetnoot1] avecq les actions et conportemens de s.A., vous aurez cogneue et veue la vérité, vous vueillez finalement et bientost prendre une ferme et vertueuse résolution, laquelle soit convenable au rang que vous tenés et à l'obligation que vous avez envers le corps entier et général de tout le peuple, duquel vous estes choisis de Dieu et des hommes comme chefz et protecteurs, assavoir de postposer tous autres respectz qui vous pourroient esblouir les yeux ou empescher le droit jugement, et procurer et maintenir virilement et magnanimement, par tous moiens possibles, le salut et conservacion de voz personnes, femmes, enfans, biens, possessions, libertez, droitz, et privilèges, en gardant que ce povre peuple qui a les yeux dressez sur vous, ne périsse et ne tombe, à l'appétit de ceux qui se voudroient faire grans à voz despens, en ung joug de misérable et indigne servitude, et finalement que toute nostre postérité n'aît occasion de se lamenter d'avoir, par la pusillanimité de nous autres, perdu les droictz et privilèges que noz ancestres leur avoient | |
[pagina 125]
| |
Ga naar margenoot+aussi bien conquis et délaissés comme à nous, et d'estre réduitz soubz la superbe et tiranicque domination des estrangers, ainsi comme l'on prétend de faire. Or, comme j'ai bien particulièrement discouru de toutes ces choses avecq le Sr Taffin, et mesmes en ai escrit an Sr de St Aldegonde, je me déporteray de vous ennuyer de plus long discours... De Medenblick, en Noort-Hollande, le second jour d'aoust 1577.
Vostre bien affectionné amy et patriotGa naar voetnoot(1) a vous faire service. D. Juan, en voulant trancher les difficultés, n'avoit fait que les rendre encore plus inextricables. S'appercevant de sa méprise, il n'épargna rien pour y remédier; et ce fut surtout après avoir, par son imprudence, provoqué la guerre, qu'il se montra jaloux de conserver la paix. | |
[pagina 126]
| |
| |
[pagina 127]
| |
Ga naar margenoot+gans, nunc publice, nunc singulis privatim ferventer commendabam, demonstrans nullam me videre rationem componendae controversiae quam ut his tam moderatis propositionibus acquiescant:’ Burm. Anal. I. 66. Il vante bien plus encore la modération des articles proposés le 11 sept. ‘Negotium eo provexi ut pacis conditiones conscriberentur, tales quidem tamque meo judicio moderatae et tolerabiles, ut minime dubitarem quin et legationi ego meae et Ordinum exspectationi satisfecissem:’ p. 73. Il exhorte à accepter ‘tam aequas propositiones:’ p. 77. Il observe que D. Juan donne la preuve de ses dispositions pacifiques par des actes: ‘multis argumentis clare et indubitate demonstrat belli consilia toto jam se animo abdicâsse:’ l.l. Il prie les Etats de considérer ‘quam benigne ipsis Deus.... gratificetur, qui Principis ipsorum animum..., tam variis de causis exacerbatum antea, tam inopinate et oportune mutârit ac mitigârit:’ p. 86. |
|