Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+més d'Allemagne, dont la position vis-à-vis non seulement des Papistes, mais surtout aussi des Luthériens, devenoit bien difficile (T.V. p. 427), se tournoient plus encore qu'auparavant vers Elizabeth. La Reine désiroit ajourner les dangereuses disputes des Protestants et les réunir contre les Catholiques. Dans l'été de 1577 ses envoyés parcoururent l'Allemagne. ‘Fuerunt hoc mercatu duo Legati Reginae Angliae Francofurti. Qui prior venit, fuerat apud Electorem Palatinum et apud Ducem Joannem Casimirum. Egerat cum utroque fratre de ineundo foedere inter Principes Protestantes seu Confessionis AugustanaeGa naar voetnoot(1) et Reginam suam, quo possint conjuncti resistere conspirationibus Pontificiorum Principum... 23 sept 1577:’ Lang., Ep. s. I. 2. 320. Le Landgrave Cuillaume favorisoit ce dessein. Ce fut en vain. ‘Damals scheiterte Elisabeths und Landgrafs Wilhelms Plan zu einem Evangelischen Bund (Aufhebung aller religiösen Streitigkeiten bis zu einer Allgemeinen Synode, Anlegung eines Geldschatzes zu gegenseitiger Hülfe für den Nothfall) abermals an der Trennung des Kurfürsten von Sachsen, der Lauigkeit des Kurfürsten von Brandenburg, und dem dogmatischen Eigensinn des Herzogs von Würtemberg:’ v. Rommel, N. Gesch. v. Hessen, I. 543. Sire, ayant faict entendre à la Royne vostre mère ce que j'avois peu apprendre concernant le bien de vostre service, il a pleu à sa Majté me commander d'en escrire particulièrement à vostre Majté; pour satisfaire doncques son commandement, je prends la hardiesse de vous donner advis qu'ung Prince d'Allemaigne m'a escript que la Royne d'Angleterre faict une extrême instance aux Princes Protestants d'Allemaigne et aux Cantons des Suisses qui tiennent le Calvinisme, de donner jour à la journée de Basle, promise et accordée par leur députez et ceulx des Etatz du Pais-Bas en l'assemblée dernière tenue à Midel- | |
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Ga naar margenoot+burg, adjoustant que c'est à vostre Majté à y prendre garde, et d'adviser les moyens de la traverser et l'empescher à vostre possible; attendu qu'en icelle, sans aulcune faulte, il se conclura chose très-préjudiciable à vostre service, et au repos de vostre Estat. Et me mande en oultre que le Duc Jan-Casimir auroit escript à tous les Princes de la Germanie qu'il avoit envoyé son AmbassadeurGa naar voetnoot(1) pour vous remettre et terres et pensions, et toutes aultres charges et estatz dont vostre Majté l'auroit honoré, donnant à entendre à tous qu'il le faisoit à cause du manquement du payement promis à ses soldatz: mais que la maladie ne vinst poinct de là, ains de la reproche que la Royne d'Angleterre luy en a faict, par plusieurs lettres et ambassades, en luy promettant, s'il les quittoit, qu'elle le fera nommer et entretenir chef et général de tous les gens de guerre que les associez entretindront ou mettront ensemble à l'advenir. Or, Sire, combien que vostre Majté n'a poinct affaire de mon conseil pour donner ordre à l'affaire susdite, si | |
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Ga naar margenoot+n'ay-je voulu faillir pour mon debvoir de prendre la hardiesse de vous en toucher ce petit mot, et est, à mon advis, le plus expédient remède pour traverser la dite journée de Basle, de trouver moyen de nourrir, voire d'embraser davantage au cueur du Prince d'Orange et des Hollandois et Zélandois, la défiance, comme vostre Majté sçayt qu'ilz ont de Don Jan et de l'Estat Ecclésiastique du Païs-Bas, affin qu'il y aye du mal entendu entre lesdits Estatz et ledit Prince d'Orange. Car, si cette défiance prend pied, la susdite ligue ne se pourra establir avecques lesditz Estatz du Pays-Bas, qui en sont les premiers autheurs, et les Princes d'Allemaigne ne se ligueront pas avec les Hollandois, Zélandois, et le Prince d'Orange seul, de peur de desplaire à l'Electeur de Saxe, qui haitGa naar voetnoot(1) ledict Prince de malle mort, n'ayant ledict Electeur mesme voulu jamais accorder d'envoyer ses députez à la journée de Basle, si l'on ne l'asseuroit premierGa naar voetnoot1 que l'on ne parleroit de manutention ou conservation dudict Prince d'Orange. Et me semble estre chose très-aysée de nourrir une dé fiance au coeur dudict Prince, qui est de légière créanceGa naar voetnoot2 de son naturel, et cognoist les trahisons Espagnolles; ce qui se peult faire par les advis que pourroit donner audict Prince quelque personnage que l'on cognoistra luy estre confident: et ne fauldra qu'en donner l'alarme à Mr de Lumbres, qui est malade en ceste ville, et il n'a garde de faire faulte à la bailler encore plus chaude audict Sr Prince; oultre que l'emprisonnement de BonnivetGa naar voetnoot(2) et | |
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Ga naar margenoot+Baron d'Aubigny luy feront bien dresser les oreilles sans cela. Si au reste vostre Majté ne treuve à propos qu'il faille tâcher à désunir lesdits Estatz du Pays-Bas et Prince d'Orange, de peur d'oster une espine du pied au Roy d'Espaigne, vostre Majté se pourra servir du moyen que le Sr de Lumbres vous a discouru par ung certain mémoire qu'il vous a envoyé depuis dix ou douze jours, et dont il m'a parlé depuis: lequel, comme je cognois le naturel des Seigneurs du Pays-Bas, semble assez propre pour refroidir ceulx des Estatz de ladite journée et association, de laquelle ils se dégoustent desjà d'eulx-mesmes, de crainte qu'ilz ont d'estre de nouveau embarquez en guerre et despence. Or est le moyen susdit tel, assavoir qu'il fault faire proposer aux chefs desdits Estatz du Pais-Bas des alliances en France, sans toutesfois y engager la parolle de vostre Majté; comme ledict Sr de Lumbres, qui | |
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Ga naar margenoot+est allié de tous ces Seigneurs, et leur grand confidant, et bien fort habil homme, le pourra faire dextrement, sans que nul ne sache rien de son compaignon, ainsy qu'il est nécessaire. Et est d'advis ledit Sr de Lumbres de parler à Monsr le Prince d'Orange du mariage de son filz qui est catholique et de la seconde fille de LorraineGa naar voetnoot(1); à Monsieur le Conte [d'AigremontGa naar voetnoot1] de la fille de Monsr de NeversGa naar voetnoot(2); à Monsieur le Duc d'AscotGa naar voetnoot2 pour son filz de la fille de Monsieur de LonguevilleGa naar voetnoot(3): si vostre Majté ne luy commande de parler de quelques aultres. Ce sera après, quand vous en aurez tiré le fruict que vous en voulez tirer, en la volonté de vostre Maté et des pères et mères de faire sortir un effect tel pour parler de mariage, s'il est trouvé bon. Vostre Majté advisera, s'il luy plaict, lequel des deux moyens vous semble le plus à propos, ou bien si vostre Majté se veult servir de tous les deulx. Et si vous me commandez de faire ou l'ung ou l'autre office à l'endroict dudit Lumbres, j'exécuteray fidelement voz commandementz. Ledit Sr de Lumbres m'a aussy parlé du mariage de la fille du Duc de ClèvesGa naar voetnoot(4), qui est une des plus belles Princesses de toute la Chrestienté, avecques Monsei- | |
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Ga naar margenoot+gneur: et, si ledit mariage se pouvoit accommoder en la fasçon qu'il m'en a discouru, je ne vois pas (vostre Majté me pardonnera s'il vous plaist que j'en diz si librement mon opinion) party plus propre pour mondit Seigneur que cestuy-là. Or la fasçon qu'il m'a dict est que le père, par le contract de mariage, lequel seroit ratifié des Estatz des pays, donneroit à sa fille des trois Duchez (assavoir Clèves, Juliers, et Berge) les deux; à la charge, si le filz, qui est très valétudinaire, venoit à mourir sans enfans mâle, que le troisième Duché viendroict semblablement à ceste fille. Ledit Sr de Lumbres veult tramer cest affaire sans s'ayder de vostre nom; et quand vostre Majté verra que les choses sont disposées, ainsy que vous le pouvez désirer, ce sera alors que vostre Majté interviendra. Et ne désire point, asseur ledit Sr de Lumbres, aultre chose que de sçavoir si vostre Majté aura pour agréable qu'il s'advance tant que de parler de marier mondit Seigneur vostre Frère. Il avoit aussy pleu à la Royne vostre Mère me commander de sçavoir dudit Sr de Lumbres qui pouvoit mouvoir ledit Prince d'Orange de faire les préparatifs de guerre qu'il faict; et en ayant parlé audit Lumbres, il m'a monstré la lettre que luy escript ledit Sr Prince de sa main, par laquelle il luy donne advis en ces propres termes, qu'ayant des arguments sufficiants pour croire indubitablement qu'il y a de la brigue et menéeGa naar voetnoot(1) | |
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Ga naar margenoot+Romaine et Espaignolle pour le jetter hors de Zélande et Hollande, qu'il a si bien joué son personnage que lesdits Hollandois et Zélandois entretiennent cinquante compagnies de gens de pied, tous natifs des Pays-Bas, pour la garde des villes principales, et cinquante vesseaux en l'embouchure des rivières; licentians tous les Françoys, Anglois, et EscossoisGa naar voetnoot(1), pour ne donner subject aux aultres provinces de crier contre eulx à cause desdits estrangiers: adjoustant qu'il s'est saisy de Harlem et aultres places d'où les Espaignols [sont] sortis, et qu'il est sur la conclusion du traicté qu'il faict avecques ceulx d'Amsterdam, pour les faire joindre à ceste despence et entretenement des gens de pied et vaisseaulx. De fasçon que ledit Prince est assez empêché (par la défiance qu'il a) mes braves (?).de songer à se conserver, sans qu'il aye apparence que | |
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Ga naar margenoot+ses préparatifs soient pour aider et broúller l'Estat de vostre Majté. Mais bien est vray que les susdits Anglois, Escossois, et François, qui sont en nombre plus de 7000 hommes, ont envoyé par devers Monsieur le Prince de Condé offrir leur service et soixante vesseaulx des fleybeutersGa naar voetnoot1: ainsy s'appellent au Pays-Bas les escumeurs de mer, qui ont tousjours esté à la dévotion dudit Prince d'Orange. LeditGa naar voetnoot2 Lumbres m'a aussy déclaré en secret qu'il a veu ung mémoire, par lequel on donne advis audit Prince que les Huguenotz tiennent la paixGa naar voetnoot(1) pour faicte, disant qu'ilz sont asseurez que vous leur accorderez aysément le prêche, partout où ils sont asteur les maistres; et, quant aux aultres provinces, qu'ilz feront tout ce qu'ilz pourront pour faire accorder l'exercice à ceulx des villes, si ce n'est en toutes, pour le moings en quelques unes. Toutesfois que, plustost que de demeurer en la | |
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Ga naar margenoot+guerre, ilz se contenteront de faire permettre le prêche à la Noblesse, et lairontGa naar voetnoot1 là les villains et bourgois, pour lesquelz ils entendent obtenir la liberté d'aller ouyr le prêche chez lesdits gentilshommes; mais, si l'on vouldroict fourclorre les gentilshommes desdites provinces, où les Huguenotz ne sont les maistres, de l'exercice dans leur maisons, tant pour eulx et leur famille, que pour tous ceulx qui y vouldront aller, qu'ilz mettront le tout pour le tout, et qu'à ceste foire de Francfort ilz auront donné ordre à leur forces estrangières. Je ne veulx au surplus faillir d'advertir vostre Majté que le Sr de ClerevantGa naar voetnoot(1) me faict solliciter continuellement de luy obtenir ung pasport pour venir à la Court, affin de pouvoir solliciter ses affaires. Or, Sire, vous cognoissez que c'est ung des plus mauvais garçons et habilles hommes que les Huguenotz ayent: vostre Majté cognoist aussy d'ung aultre costé le naturel desdits Huguenots, prompt et enclin d'entrer en défiance de tous leur confrères, aussytost qu'il y en a quelqu'ung qui reçoive quelque bon visage de vous et qui communique avecques voz Majtez. Pour tant il me semble (sauf le meilleur advis de vostre Majté) que vostre Majté luy pourroit aysément accorder ledit pasport pour venir à la Court; car, le faisant, vous le rendrez suspect aux aultres, par conséquent les Ministres le tindront sur les rengs en tout leur escriz, ainsi qu'ils ont accoustumé de faire; et luy, qui est bien las et dégousté de consumer plus son bien pour la cause, | |
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Ga naar margenoot+sera bien ayse qu'ilz lui donnent quelque subject de les laisser. Et par ainsi vostre Majté leur ostera une des plus belles fleurs de leur chapeau et l'homme le plus entendu qu'ilz ayent pour les affaires d'Allemaigne. Si vostre Majté doncques trouve bon et à propos de luy accorder ledit pasport, et qu'il vous plaise me l'envoyer, je le remmeneray des frontières où je voisGa naar voetnoot1, quand et moy, et ma compagnie le rendra encores plus suspect aux dicts frères. En cest endroict je prie le Créateur, Sire, donner à vostre Majté ce que plus désirez, De Paris, ce 8me d'asvril 1577. De vostre Majesté très-humble, très-obéissant, et très-affectionné serviteur, Caspar de Schonberg. |
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