Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

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* Lettre DCCXXI.
⁺Le S_r de Hierges au Prince d'Orange. Désordre entre les gens de guerre.

Monseigneur. Depuis mon retour de Bruxelles ay esté entremis¹ en plusieurs affaires quy m'ont empesché de faire mon debvoir d'aller bayser les mains à v. Exc., ce que ne fauldray de faire en peu de jours, après avoir séjourné quelque temps à Bruxelles, vers où je me parte à cest instant, suppliant vostre Exc. me tenir au nombre de ceulx quy luy désirent faire très-humble service.

Le désordre est tel entre les gens de guerre, qu'il n'y at moyen à les tenir en discipline, ny de se faire obéir, et ce par faulte de payement⁽¹⁾ et d'entretenance, et vauldroit trop mieulx que l'on ne leurs eust tant promis, puisqu'on avoit sy peu de moyen d'y satisfaire. - Quelques enseignes de Bas-Allemans sont allées sans ordonnance au pays de Cuck, dont ayant esté adverty, ay faict mon mieulx pour les faire désloger, ce qu'ils m'ont promiz de faire..... De Venloo, ce 8^me d'avril 1577.

De² v. Exc. très-humble et obéissant serviteur,

Gilles de Barlaymont.

A Monseigneur le Prince d'Oranges.

Au commencement d'avril furent écrites les fameuses lettres de D. Juan et de son sécretaire, Escovédo, au Roi d'Espagne (Bor, 842 - 848). Strada dit: ‘hae literae variis commentationibus in

+ 1577. Avril.

1 mèlé

(1) faulte de payement. Voyez p. 3.

2 De - serviteur. Autographe.

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⁺majus auctae ab Orangianis:’ p. 526. Il semble en effet que, par les commentaires, on les a plus ou moins dénaturées.

D. Juan songe à se rendre dans un lieu où il soit plus en sûreté qu'à Louvain: ‘ik ben vast overdenkende hoe dat ik my stellen sal op eenige sekerder plaetse dan dese is:’ Bor, 846^b. Doit-on lui en faire un reproche, après ce qui venoit de se passer (p. 42)?
Il continue à suivre le systéme prescrit (T.V. p. 474, sqq.) de concessions et de douceur; avec répugnance, mais avec fidélité. ‘U.M. houde haer versekert dat, indien patientie dese wonde genesen moet, datse genesen sal; ten zy dat ik, door so seer te forceren myn condicie, niet siek en werde, of dat de natuerlyke genegentheid van de mensche my niet en forcere tot een ander sake:’ Bor, p. 844^a. ‘Ik hebbe myn selven geoffert en sal my noch offeren tot de wille van syne M., te wyle dat ik sal sien dat ik die doende, 't selfde niet en sal wesen directelyc tegen synen dienst:’ p. 847^b.
Il recommande les Espagnols, Mondragon, d'Avila, Montesdoca, Verdugo. Pourquoi non! Ils avoient fidélement servi; on ne pouvoit leur imputer les désordres des mutins (T.V. p. 386). D. Juan a promis qu'ils trouveront en Lombardie la récompense qui leur est dûe; il n'avoit donc aucune idée de les garder dans le voisinage⁽¹⁾, pour les faire revenir inopinément.
Il demande son congé, précisément parcequ'il sait que, vu la disposition des esprits, il faut persister dans ces voies. ‘De soetigheid van een vrouw of van een kind sal ongelyk veel beter te passe komen:’ l.l. ‘Myne conditie noch myn jonkheid zyn niet voor de ledigheid van dit gouvernement, noch om te lyden degene die men daer zal moeten verdragen sonder profijt:’ l.l.
Si le Roi ne lui permet pas de partir, ‘sal ik gedwongen werden,’ écrit-il à Ant. Perez, ‘te doen een sake die alle man stoffe zal geven van hem te verwonderen:’ p. 848^a. Qu'est ce à dire? Escovédo nous l'apprend, écrivant la veille: ‘D. Jan is 30 jaren oud....; ist dat hy siet dat U.M. hem geen bystand en doet (met

+ 1577. Avril.

(1) voisinage. V. Reydt dit ‘niet wyder als in Lombardyen:’ p. 16^a. Il semble que c'est assez loin; même aujourd'hui, que le transport des troupes est devenu plus facile.

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⁺zyn credit), achtervolgende 't geen hy vertoont van doen te hebben, hy sal vertrecken als U.M. minst daer op denken sal:’ p. 845^a.
D. Juan insistesur la nécessité deson départ dans l'intérêt du Roi: ‘Sy sullen verstaen dat S Maj. henlieden in goeden ernst vergeven heeft... Want gelyk henlieder misdaet seer groot is, so dunkt hen dat s. Maj. dat niet en sal laten ongestraft, en geloven sekerlyk dat ik desen blixem sal wesen: de persuasie van Orange en Engeland vestigt hen in dese opinie, die eenpaerlyk waken om het misvertrouwen en de quaedheid te houden staende:’ 847^b. - Il ne se loue, pas du Prince, mais avoit-il à s'en louer?

Malgré le ton vif et àpre d'Escovédo, lui aussi paroît vouloir se conformer aux ordres du Roi. Il se consume en efforts pour trouver de l'argent, afin que les troupes puissent quitter le pays; il juge qu'on doit, même en matière de religion, faire ‘alle 't gene dat goedertierlyk mogelyk zal zyn om dese saken te stillen met de minste quaet dat mogelyk zal zyn’ (p. 844^b). Seulement il est convaincu que finaelement les dispositions des habitants rendront tout effort inutile; il conseille de prévoir le cas où la douceur ne servira de rien; il vent que le Roi ne s'endorme pas dans une fausse sécurité: ‘U.M overlegge watter sal te doen zyn, ingevalle dat sy 't quaed ter executie willen stellen, vergetende God en uwe M., en wederkerende totter ketterie:’ l.l. C'est exclusivement à de telles éventualités, regardées par lui, il est vrai, comme prochaines et inévitables, que se rapportent les phrases vivement incriminées, sur la nécessité de s'emparer des iles, et de profiter des divisions entre Catholiques et Protestants.

+ 1577. Avril.