Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

* Lettre DCCXVII.
La Princesse au Prince d'Orange. Affaires particulieres.

Monseigneur! J'ay receu vos deux lettres, la première du 28^e de mars aujourd'huy, et la seconde advant-hier soir. J'ay esté très-aise d'entendre vostre bonne santé et

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⁺particulièrement de ce qu'il vous a pleu ni'honnorer de vos lettres, vous asseurant, qu'après l'assistence de Dieu, elles servent à ma convalescence plus qu'autre chose qui soit. Ce qui me faict vous supplier très humblement qu'en attendant que j'aye cest heur de vous revoir, il vous plaise m'escrire aussi souvent que vos affaires le permettront. Et quant à ce que Madame d'Aremberg⁽¹⁾ vous a prié de m'asseurer de sa part de la bonne affection et amitié qu'elle me porte, elle ne pouvoit trouver meilleur persuadeur pour me le faire croire que vous, Monseigneur, dont aussi je ne faudray de m'en tenir pour asseurée, aussi advant que vous en estes persuadé de vostre part. Je désireroye bien, à vostre retour de S^t Ghertrudenberg, entendre quel advancementily a au bastiment de la maison, et en général quel est en ce quartier là l'estat de vos affaires. Comme aussi ce me seroit plaisir de savoir si les Allemans sont sortis de Bréda⁽²⁾ et quelle apparence il y a d'en bien espérer. Quant à ma disposition, j'ay esté quelquefois en tel estat que j'y apprehendoye quelque danger, ce que me causoit de l'ennuy, singulièrement au regard de vostre absence, mais maintenant je ne sens plus d'occasion de craindre, ains plustost d'espé-

+ 1577. Avril.

(1) Mad. d'Aremberg. Anne de Croy, fille du Duc d'Aerschot. Le Comte d'Aremberg, envoyé en déc. par D. Juan vers l'Empereur et arrèté au nom des Etas, n'avoit été relâché que sous promesse et caution de se rendre à Bruxelles, ‘so verre men met D. Johan niet verdragen can:’ Bond. III. 54. - Il faut se rappeler ceci, et en général la nature peu cordiale des rapports entre les Maisons de Nassau et de Croy, pour apprécier dans cette phrase toute la finesse des expressions.

(2) Bréda. Voyez p. 18.

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⁺rer retour en santé entière, avec la grâce de Dieu; j'ay quelques fois des faiblesses, comme vous savez que j'y suis assez encline, mais j'espère que cela aussi se passera. Nos deux filles se portent fort bien, loué soit Dieu!.... De Middelbourg, ce 3^e d'avril 1577.

Vostre¹ très-humble et très-obéissante fame tant que vivera,

C. de Bourbon.

A Monseigneur le Prince d'Aurenge.

+ 1577. Avril.

1 Vostre - vivera. - Autographe.