Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

Lettre DCCXV.
Le S^r de Hembyze au Prince d'Orange. Intrigues à Gand.

*_** D. Juan reproche au Prince ‘dat hy ook syn ontrouheid betoont heeft dat hy de stad van Nieupoort, die hem by de Staten-Gl in handen gestelt was,... niet tegenstaende hy voldaen was, userende en gebruikende vele frivole allegatien om syn refus en weigeringe te funderen:’ Bor, 886¹.
Le 14 mai Schetz et Léoninus rapportent: ‘Quant à la restitution de la ville du Nyeport, le Prince dict qu'il ne fera diffi-

1 Il manque ici niet wedergegeven heeft, on quelque chose de pareil.

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⁺culté, quand ses gens, envoyez en assistance des Estatz, seront payez.’ Rés. d. Et.-G. II. 558. - La Lettre de Hembyze donne lieu de croire que le Prince avoit encore d'autres motifs de refus.

Monseigneur! Il y a environ 8 jours que noz députez de Flandres advertirent les quatre membres que le conseil d'Estat estoit résolu d'envoyer en Flandres quelque bon nombre des Allemands, et entre aultres ceulx d'Anvers, d'aultant que Brabant estoit mangé et gasté, et, comme, passé 6 ou 7 mois, pour lever les Allemans estantz entour de Bruges et Westquartier on payoit grande somme, à condition que la court n'y mectroict en Flandres dorésenavant nulz soldatz, sur ceste remonstrance la dite résolution est encoire demouré en suspens.

Hier le S^r de Moscron nostre grand-bailly manda vers luy nostre canonier Guill. Sternus, affin qu'il auroit à luy donner par escript les pièces d'artillerie venues de v.E., et luy livrant le dit biljet, trouvant que aulcungs estoient à Burcht et Dendremonde, estoit marry pour ceulx de Dendremonde, demandant comment on polroit avoir incontinent icelles, disant que le S^r de Raesseghem luy avoit escript qu'on auroit de brief renvoyé à v. Exc. l'artillerie et l'infanterie affin de ravoir Nieuport. Surquoy je luy diz qu'il vauldroit premièrement mieulx la convocation des Estats-Généraulx pour d'aultant estre plus libre, mais il m'en donna nulle responce. Depuis j'ay entendu que le dit Moscron auroit requis affin que les dits 4 membres voulsissent meismes requérir, et à ceste fin escript à Bruges où les dit membres sont assemblés. Quoy advenant, aura grand estonnement et tumulte aux villes et entre le peuple, de tant plus que sommes seurement

+ 1577. Mars.

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⁺advertiz que les mandateurs et délateurs, estant en grand nombre, tiennent beaucoup des sinistres propos à Don Joan d'aucungnes villes et principalement de la nostre, et, comme on dit, si le Conte de Reulx ou bien Crecques⁽¹⁾ tiennent le chasteau avecq les Walons et mectant les Allemans à la ville, l'artillerie et secours vostre estant retiré, je laisse penser quel mesnaige et que on en doibt attendre.¹ En ce cas pro oculatis (s'ilz ne veullent estre des buffeliers) n'auroit que la recepte de la épidémie cito, longe tonde, mais vauldroit mieulx vertueusement empescher sà. Le bon Dieu veulle permettre et assister de son bras dextre, combien, sans plusieurs inconvéniens et grand secours, les affaires seroient mal à mener à bonne fin. Et comme à cecy emporte de beaucoup, ay bien volu advertir v. Exc., pour par vostre vertu à cest affaire estre remédié, comme par inspiration divine v. Exc. trouvera en conseil...... De Gand, ce 24 Martij 1577.

De vostre Exc. bien humble serviteur,

Hembyze.

A Monseigneur le Prince d'Orange.

+ 1577. Mars.

(1) Crecques. Eustache de Croy, frère cadet du Comte de Reulx, député avec l'Abbé de Maroles en déc. 1576 vers D. Juan.

1 M. de Jonge qui a bien voulu m'assister dans le déchiffrement de cette phrase, suppose que le sens doit être: En ce cas vous voyez (oculare pour videre se trouve chez Du Cange) ‘que les partisans de D. Juan n'auroient qu'a tondre (vexer) les Gantois vite et longtemps.’ Malgré ce que cette opinion a de fort ingénieux, il reste quelques difficultés; même, si par buffeliers on doit entendre semblables aux buffles, qui se laissent mener par les narines (T.V. p. 572), ce seroit plûtôt aux Gantois que la phrase sembleroit s'appliquer. ‘Il ne leur resteroit plus que des moyens extrêmes; mais il vaut mieux ne pas en laisser venir les choses jusque là; mais s'opposer dès maintenant anx desseins contre la ville et le châteu.’

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⁺Le 24 mars D. Juan fit dénoncer aux Etats-G. une conspiration contre sa personne. ‘S. Alt. a esté adverty que... aulcuns estrangers Françoys et Escossoys conjuroient sa mort... De six jours en çà elle a aussy estée advertye que les dictz estrangers, ayans changé ceste intention, s'estoient résoluz de escheller cette ville quelque nuyct et le prendre prisonnier pour le mener à la Rosselle avecq batteaux:’ Rés. d. Et.-G. II. 468. L'exécution étoit, disoit-on, confiée à deux Gentilshommes François, Bonnivet et Bellangreville, ‘verstand hebbende metten Grave van Lalaing en den Heere van Champangny en eenige andere van de Staten:’ Bor, 882^b. L'historien Cabréra dit aussi: ‘tocaba a muchos de los Deputados,’aant. et en inculpant le Prince, il ajoute que la chose se faisoit ‘por orden del Duque de Alençon:’aant. Istoria de Filippe II. (Madrid 1619) p. 909.
Plusieurs historiens ont considéré le tout comme une accusation calomnieuse, comme une fable inventée afin de pouvoir jeter les hauts cris. Bor dit qu'après une enquête ‘men daervan niet bevonden heeft in 't minste noch in 't meeste dat eenige apparentie scheen te hebben:’ p. 805^a. Mais on sait ce que signifient des informations dans les affaires de ce genre et quand des personnages influents sont compromis. Sil n'y a pas de certitude, il y a ici de la probabilité, et, sans déterminer la part plus ou moins active du Prince dans de tels projets, on peut se rappeler qu'en 1568 il vouloit se saisir du Duc d'Albe (T. III. p. 209), qu'en 1573 le Comte Louis de Nassau ‘tascha d'attraper Réquesens en chemyn’ (T. IV. p. 278), et que le Prince lui-même avoit conseillé, quelques mois auparavant, de se saisir de D. Juan. (T.V. n^o. 648). Pour d'autres, du moins pour le Duc d'Aerschot et les siens, le parti étoit trop violent, et il paroît que Mondoucet aussi n'osa point rester témoin passif: ‘(El Marques de lavrè i mos de Mondulcet avisaron a D. Juan:’ Cabréra: l.l. ‘El Abad de santa Gertrude, aunque amigo del de Orange, fue de parecer i otros que a tormentos hiziensen confesar el delicto tam grave para castigalle:’aant. l.l.
Peut-être n'est-il pas superflu de remarquer que Bonnivet semble avoir été rapport (Rés.d. Et.-G. I. 145) avec de Bloyere (T.V.

+ 1577. Mars.

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⁺p. 608). - Du reste, que la chose ait été véritable ou non, D. Juan en étoit fermement persuadé (Lettre 729).

+ 1577. Avril.