Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

Lettre DCCXI.
Le Marquis de Havré au Prince d'Orange. Départ des Espagnols.

*_** ‘Rex Havraeum tantâ gratiâ prosecutus erat ut Cubicularium suum (quod est in Hispaniâ summi favoris, authoritatis, ac fiduciae munus) crearet; quod ut fideliter exerceret Marchio, singulari juramento (ut moris) sese adstrinxerat. Caeterum num ita hujus beneficii praestitique juramenti memor fuerit, uti virum fortem ac praecipuum decebat, ipse viderit: simul atque enim Belgium attigit, ad res novas inclinare coepit, tantumque tandem in eo profecit, ut postea exprimis in eâ professione extiterit:’ de Tassis, III. p. 208. - Néanmoins, à cette époque, il semble, à l'exemple du Duc d'Aerschot (p. 21) un peu rétrograder: voyez aussi T.V. p. 567.

Monsieur. J'ay esté très aise quant j'ay entendu par le retour de Mons^r1 vostre bonne santé, et comme le docteur Léoninus vat vous trouver, n'ay peu

1 Indéchiffrable.

[p. 20]

⁺laisser de l'accompagner de ceste pour me raffreschir en vostre bonne souvenance, et vous dire l'ayse que, avec grandissime rayson, recevons de veoir ung si bon commancement à l'effect de nostre pacification, par la restitution des ville et château d'Anvers et sortye des Espagnolz des dits places, comme ils font demain le mesmes de Lière, pour incontinent achever en Mastricht, estant jà leurs descomptes achevez. J'espère que cela donnerat grande occasion de contantement au peuple, et qu'ilz auront astheure antière et souffisante preuve de la sincère et vraye affection des Seig^rs envers la patrie; à quoy certaynement je continueray à m'y employer de tout mon ceur, et perdré plustost cent vies, que de me laisser esbranler pour chose que me sembleroyt contraire à noz bones intencions, ou en la moindre soupçon; ayant tousjours désiré de veoir ce que, louange à Dieu, me semble antièrement estre en bons termes. Au surplus, Monsieur, j'espère que, après estre les affaires ancheminés, vous cognoistrez ceulx quy ont tousjours désiré de vous faire service; et, combien que plusieurs tâchent de vous le faire paroistre, si esse que de ma part n'en trouverez jamais plus affectionné et quy désire plus vostre bien, honneur et contententement; et, comme le Docteur est homme suffisant, et qu'il vous ferat entendre plus amplement ce que passe, ne feray aultre redicte.... De Louvain, ce 22^me de mars 1577.

Vostre humble cousin à vous faire service,

Charles Philippes de Croy.

A Monsieur le Prince d'Orenges.

+ 1577. Mars.