Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579
(1839)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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1577-1579. | |
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[1577]Ga naar margenoot+D. Juan fit ratifier l'Edit Perpétuel par le Roi. Le 7 avril celui-ci donna son approbation. On peut en deviner les graves motifs. Il falloit, par une résolution prompte, éviter que le mouvement anti-Espagnol dans les Pays-Bas ne prit un caractère décidément anti-royal. Malgré les stipulations favorables pour la Réforme, la Pacification de Gand sembloit avoir aussi pour la Religion CatholiqueRomaine un còté avantageux (T.V. p. 471). La Faculté Théologique de Louvain disoit: ‘Wy achten den vrede seer nut te wesen tot het Catholyk gelove:’ Bor, 766a. Et la Faculté de Droit:‘Het Tractaet strekt merkelyk en dient tot preparatie van restitutie en restauratie des Geloofs en Religie in de plaetse synder Maj. subject, in dewelke seer na hetselve Gelove en Catholyke Roomse Religie is vervallen en gedespereert:’ p. 766b. D. Juan et le Roi comptoient sur l'assemblée solennelle des Etats-Généraux. Le rétablissement du Papisme y seroit décrété; le Prince d'Orange et les siens refusant de s'y soumettre, on auroit recours contr'eux à la force. Les choses prirent une tournure bien différente; mais alors peut-être il étoit difficile de le prévoir. D. Juan dit en 1577: ‘de Coninck, noch hy in synen name, en souden de pacificatie van Gent nimmermeer hebben geaggreert, indien sy eenig achterdencken ter wereld gehad had- | |
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Ga naar margenoot+den dat de Staten in 't minste punt van de Religie en gehoorsaemheit souden gefalgeert hebben: maer dat sy liever lyf en leven daerom souden gewaegt hebben, ja syn Maj, om geavontuert hebben de reste van syne Ryken en andere Landen dan te passeren noch t'approberen 't gene datter in 't voorsz. placcaet gesloten was: p. 887a.
D. Juan et le Roi crurent à la paix. Les préparatifs de guerre cessèrent, même en Espagne. Schetz, Sr de Hoboken, écrit le 10 avril, de Madrid, aux Etats de Brabant: ‘On avoyt icy dénommé devant l'accord en Flandres beaucoup de Capitaines, mais sont en partie cassez, et ceulx que demeurent, ne se entend que levent anchiensGa naar voetnoot1 soldatz, nonobstant que on dict que le Turc descent à forche:’ Rés. d. Et.-G. II. 554. En cas que la ratification eût été une feinte, le Cardinal de Granvelle n'eût pas écrit, en 1578, avec désapprobation et regret: ‘D. Juan procura que le Roi confirma le malheureux Traité de Gand’ († MS. B.). Ni le 4 oct. 1584, dans une lettre en Espagnol: ‘Il n'est plus question de renouveller le maudit (maldito) Edit de Pacification que D. Juan a fait signer au Roi’ (MS. Brux. I, p. 325). La conduite subséquente du Roi n'autorise pas à le taxer en ceci de perfidie. C'est pourquoi Mornai, invoquanten 1585 et 1586, la tolérance pour les Huguenots, pouvoit le citer en exemple: ‘Le Roi d'Esp. quelque Catholique qu'il veille sembler,... fut contraint l'an 1576 d'accorder à ses sujets la paix, et par la paix leur laisser leur Religion entière:’ Mem. de Mornay, I. 440. ‘Le Roi d'Espaigne, qu'on nous baille pour le mirouër d'un Prince Catholique, pacifia l'an 76 avec ses subjets de H et Z., à condition non seulement qu'ils jouiroient de leur Religion, mais, qui plus est, que la sienne n'y seroit receue:’ l.l. 625. ‘Nous sçavons la Pacification de Gand, par laquelle ceulx de H. et Z. ont libre exercice de leur Religion par tout, et la Messe par exprès n'y est point restablie, et les biens de l'Eglise demeurent aliénés entièrement, et toutes les places que tenoit le Roi d'Espagne ès dits Pays, | |
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Ga naar margenoot+sont mises ès mains du feu Prince d'Orange: et le Roy d'Esp. l'a ratifié, l'a juré, l'a signé de sa main:’ l.l. 667.
D. Juan satisfit également à la promesse de faire partir les Espagnols: ‘Den 26, 27, en 28 apr. zyn alle de Spangiaerden getogen na Lutsenborg... en van daer na Italiën... met grote blydschap van alle de Nederlanders, dewelke tot dier tyd toe niet en hadden konnen geloven datse vertrecken souden:’ Bor, 807a. Si le départ n'eut pas lieu plus tôt, la faute en fut aux Etats. Le 8 avril ils écrivent au Prince: ‘Il ne reste qu'à nous que les Espaignolz ne se partent. L'inconvénient est qu'à très grande difficulté nous avons peu recouvrer les lettres de change pour les 3 cent-mille florins... Et qui pis est, quant nous lesavons rescouvré pour la pluspart et que quelques marchans ont requis avoir l'obligation particulière d'aulcuns Estatz et Provinces, quelques ung s'en sont excusez... Par-dessus tout cela, tombons court de 54 m. florins... Voilà les termes èsquelz nous nous retrouvons, à nostre très grand regret; tant y a que ne pouvons à la vérité culper son Altèze ny les Espaignolz qu'ilz soyent en aulcune faulte de tout ce qu'esté promis de leur part. Nous espérons ques. A. trouvera quelque moyen de s'accommoder en ce que dessus, selon que l'avons trouvé jusques ores bien affectionné:’ Rés. d. Et-Gén. II. 489. Loin de profiter de ces embarras pour chercher matière à un délai légitime, D. Juan poussa la complaisance jusqu'à prêter de l'argent aux Etats. ‘Het schorte daeraen dat het beloofde geld niet ten vollen en konde so haest opgebracht worden, sodat D. Jan verschoot voor de Staten wel 27000 gulden:’ Bor, 806a |