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† Lettre DCLXIII.
Le Prince d'Orange au Comte Jean de Nassau. Sac d'Anvers; arrivée de D. Juan.
Monsieur mon frère. Depuis mes lettres escriptes, comme nous estions du costel de Flandres faisans tout debvoir pour nous emparer et gaigner le Chasteau de Gand, il est advenu que les Estatz-Généraulx assemblés à Bruxelles, vueillans aussy de leur costel bien asseurer la ville d'Anvers, ont esté d'advis d'y envoyer, oultre les quinze compaignies du Conte d'Oversteyn, qui desjà auparavant estoyent dedans la ditte ville, quelques Srs, nommément Monsr le Conte d'EgmontGa naar voetnoot(1) Monsr le
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Ga naar margenoot+Marquiz de Havretz, et quelques aultres, accompaignez de vingt et une enseignes de gens de pied, et mille chevaulx, lesquelz aussy sont entrez en la ditte ville sans aucun rencontre. Mais, le deuxiesme jour après leur entrée illecq, les Espaignolz, estans en bon nombre au
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Ga naar margenoot+Chasteau d'Anvers, ayans apperceu que ceulx de la ville commencoyent à se retrancher et fortiffier contre le dit Chasteau, ont de cela prins occasion de faire une sortie le [4me] de ce mois, et commencher l'escharmouche contre ceulx de la ville, où les choses sont passées de telle sorte, qu'après quelque combat ceulx de la ville ont esté constrainctz de se retirer peu à peu. Ce que voyant l'Espaignol, les a si vifvement poursuiviz, qu'en bien peu de temps, tous sont esté miz en désordre, tellement que de ceulx de la ville en est demeuré bien grande partie, tant tuez que noyez. Le Conte d'Oversteyn se pensant sauver y a esté noyé; le Conte d'Egmont est prisonnier au Chasteau, avecq quelques gentilzhommes; aucuns aultres Srs et gentilzhommes se sont sauvez. Mais la pluspart de la gendarmerie y est demeurée morte avecq grand nombre des bourgeois, aussy une grande partie de la ville a esté bruslée, et la reste mise au sacq et pillaige, tellement que c'est la ruyne de la ditte ville, qui aultresfois a esté si opulente et florissante en toutes choses. - Troys ou quatre jours après, viendrent de tous costelz les nouvelles de l'arrivée de Don Johan d'Austriche frère bastard du Roy d'Espaigne, estant venu en la ville de Luxembourg, ce que de prime face estonna ung peu le peuple, mais toutesfois bientost après tout le monde reprint couraige, veu la grâce que Dieu fist aux Estatz de prendre l'onziesme jour de ce dit mois par composition le Chasteau de Gand, lieu très important pour tout le pays et singulièrement pour la Flandre; de sorte que, moyennant bonne
conduicte, est [à] espérer que les affaires réussiront encoir à heureuse et desiré fin. Du succès vons donneray seure advertence à toutes occasions. Je
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Ga naar margenoot+ne veulx aussy obmectre à vous dire qu'il a pleu à Dieu de remectre entre mes mains la ville de ZierixzéeGa naar voetnoot(1), Brouwershaven, Bommenéde et tout le pays de Schouwen, qui vient fort à proposGa naar voetnoot(2) pour tout le pays d'Hollande et Zéelande. Datum le xviij jour de novembre 1576.
Vostre bien bon frère à vous faire service,
Guillaume de Nassau.
Ga naar voetnoot1Monsr mon frère, puisqu'il a pleu à Dieu nous donner une paix, j'esper que aurei meilleur moien de déservir tant d'affections, travaulx, despences, que avés prins pour moy et ceste cause, et amvoie demain Monsr de Saint Aldegonde vers Brusselles, où les Estatz-Généraulx sont assamblées, pour les requérir de quelque chose qui, j'espèr, redonderat à leur service et à vostreGa naar voetnoot(3) bien.
Le 18 nov. le Prince d'Orange écrit de Middelbourg, apparemment au Duc d'Aerschot: ‘Envoyant Mr de Mont S.t Aldegonde vers Messieurs les Estatz pour leur remonstrer aucunes choses de ma part, j'ay bien voulu le vous adresser aussy, afin de vous communicquer le tont et user de vostre bon conseil... vostreGa naar voetnoot2 bien
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Ga naar margenoot+bon amy à vostre commendement, Guillaume de Nassau.’ (*MS).
L'Avis du Prince, présenté aux Etats par Marnix, le 24 nov. et publié par Bondam, I. 188-207, traite de la nécessité de
1.o | lever des troupes. Il faudroit tâcher de prendre au service des Etats le Comte de Schwartzbourg et le Colonel de SchwendiGa naar voetnoot(1). Bien que le premier soit son beau-frère, il ne peut laisser de le recommander dans des circonstances aussi critiques; vù sa bonne affection, sa valeur, son crédit en Allemagne; ‘wesende een deuchdelyc ende wys Heer, vyant van alle ongerechticheit ende tyrannie, ende niet behangen met eenige pluymstryckerie: men sal oorsake hebben in hem te betrouwen, als of hy selver ingeboren van den Lande were:’ l.l. p. 191. Et ‘Swenden is een out, ende geëxperimenteert soldaet van goede rade, autoriteit, ende experientie, bysonder seer wel bekent in de Landen van herwaerts over:’ l.l. p. 193.Ga naar voetnoot1 |
2.o | faire un emprunt en Allemagne et donner du waertgelt. l.l. |
3.o | avoir bonne correspondance avec les Princes Allemands; ‘om te hebben ende maintineren in Duytschland eene goede maniere ende stricte correspondentie met de Princen ende Steden van 't Ryck ende anderen omliggende; tot welcken einde hem dunct... seer goet te wesen te hebben eenigen Heer, Grave, ofte ander Edelman van autoriteit, residerende in Duytslant, seer wel bekent ende liefgetal onder Princen ende Steden:’ p. 195. |
4.o | ne traiter avec D. Juan qu'avec la plus grande circonspection; sur les bases de la Pacification de Gand; et par conséquent ne rien arrêter ‘niet te ramen, resolveren, noch sluyten sonder eerst ende voor al met den Prince ende de Staten van H. en Z. te communiceren, om daerop met een gemein advys t' antwoorden:’ p. 196. |
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5.o | Ga naar margenoot+prendre en considération la demande de ceux de Haerlem, qui ont particulierement souffert par la guerre: p. 200. |
6.o | lui remettre la ville de l'Ecluse; vû qu'il ne compte pas se rendre en Brabant, sans avoir le moyen assuré de revenir: p. 201. ‘Ten sy dat hy hebbe den sleutel van den vertreck ende den middel van de correspondentie in syn macht:’ p. 205. |
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voetnoot(1)
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Egmont. Philippe, fils aîné de l'infortuné Comte décapité en 1568. Il avoit séjourné en Allemagne. En 1579 il se réconcilia avec le Roi, et périt à la bataille d'Ivry. Il haïssoit les Espagnols comme son père, et doublement à cause de lui; mais son père lui-même n'eût pas continué à suivre le parti des Etats si, rassuré contre la domination des étrangers, il avoit vu péricliter le Catholicisme. - En prenant les armes en 1576, il paroit avoir agi contre les exhortations de sa mère, compromettant en outre les intérêts financiers de la famille. Sabine Palatine écrit de Cambrai le 23 septembre 1576 à Cathérine de Médicis: ‘Madame. Je n'ay voulu laisser d'advertir vostre Majesté la perplexité, en quoy je me trouve reduicte, ayant entendu que mon filz le Comte d'Egmont, contre ma volonté et la deffence expresse que luy avois faict, estant réquis et sollicité des Estatz du Pays, s'est joinct avecq iceux, tant pour délivrer la Patrie des estrangers, comme pour aultres
justes raisons, comme il dict, et que vostre Majesté poeult considerez [au l'émouvanteGa naar voetnoot1] et comme il a pleu à icelle de nous tant favoriser que de s'estre daigné de solliciter vers le Roy Catholique la libre restitution des biens de feu mon Seigneur et Mary (à quy Dieu face paix) j'ay de rechief prins la hardiesse avecq profondes larmes et très humbles priéres de la requérir et supplier voulloir continuer la dicte poursuicte, et de vostre benignité accoustumé voulloir en nos grandes extremités secourir, assister et aider, du moins pour moy, mes aultres fils et filles, et que la jeunesse peu advisée de mon dict fils ne nous puisse en riens intéresserGa naar voetnoot2, remectant le surplus à ce que le Sieur d'Alfeiran, porteur de cestes, vous pourra déduire’ (Ms. P.B. 8845Ga naar voetnoot3).
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voetnoot3
- La copie de cette Lettre m'a été obligeamment remise par feu M. le Conseiller d'Etat Stratenus.
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voetnoot(1)
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Ziericzee. Cette ville avoit demandé à rester neutre, et même on y avoit porté l'artillerie sur les remparts: ‘'t welk de Prince hen seer qualycken afgenomen heeft, en dreigde die stad tot eenen roof te geven:’ Bor, 727a.
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voetnoot(2)
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à propos. ‘Siet also kreeg de Prince met kleine moeite en acht dagen tyds sonder grote extraordinaris kosten wederom al 't gene den vyand met so grote periculen, moeyten, kosten, en verlies van volke in so langen tyd hadde verovert:’ Bor, 727a.
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voetnoot(3)
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vostre. Dans le Mémoire présenté par Marnix (p. 527), no. 3, le Prince avoit sans doute en vue le Comte Jean de Nassau.
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voetnoot(1)
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Schwendi. La Reine d'Angleterre eut la même idée. ‘Sy wenschte hun te gebruycken den raedt en assistentie van den Oversten Lazarus Swendi:’ v. Meteren, 115o.
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voetnoot1
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Dans les Rés.d. Et.-G.I. 154, au lieu de Lozero Muendez, lisez Lazarus Schwendi ou Swenden.
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