Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij* Lettre DLXXXIV.
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Ga naar margenoot+Madame de Hoorne, j'estois en paine de sçavoir ce que je ferois de ma fille, et au mesme instant je receuz nouvelles comme vous m'aviés faict ce plaisir de la envoier quérir par Madamoiselle van Roye, par où je vois de plus en plus la continuation de vostre bonne volonté et affection envers moy.... Quant à l'estat de ce pays, je ne vous en sçauroys pour le présent dire aultre chose, sinon que, depuis que l'ennemy nous a emporté par assault le fort de Bommenée, nous avons donné à cognoître nostre extrémité à la Royne d'Angleterre, laquelle nous a donné fort favorable audience, et a envoié pardeçà ung ambassadeurGa naar voetnoot(1) sien, affin de regarder syl y auroit moien d'acheminer quelque bonne paix, ou aultrement entendre et veoir de plus prez l'estat de noz affaires. Surquoy nous en avons commis quelques ung de par-deçà pour en communicquer plus amplement avec sa Majesté. Je ne sçay quelle sera l'issue, dont toutesfois je vous advertirai, aussitost que j'en sçauray quelque chose. J'ay receu nouvelles asseurées qu'en France les trefves ont esté conclues pour six mois, ce que j'espère tournera aussi à quelque soulagement des affaires de par-deçà. | |
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Ga naar margenoot+Il me semble que, ayant quelque moien d'argent, qu'il se présente à ceste heure une belle occasion pour l'avanchement de noz affaires, et me desplaist bien fort que, à faulte dudit argent, nous la laissons perdre. Et c'est que je vouldrois maintenant négotier avec Monsieur le Duc Casimir, affin qu'il nous volusse faire ce bien que de mener par-deçà, tous les gens de guerre, tant à cheval que à pied, que ledit Seigneur Duc debvoit mener en France; car, comme ilz ont faict la despense pour se monter et équipper, je pense que tant plus facilement on les pourroit induire, mais je vois peu d'apparence par-deçà pour l'effectuer, à faulte comme dessus. Néantmoins je ferai tout mon extrême debvoir vers les Estatz pour les induire, et ce que j'en aurai faict, le vous ferai sçavoir incontinent. Depuis la deffaicte de Monsieur d'Affensteyn (des particularités de laquelle toutesfois n'avons encore nouvelles sy certaines que l'on s'y puisse arrester) ay esté adverty que Monseigneur de Gast, Coronnel des Gardes du Roy, grand ennemy de ceulx de la religion, a esté tué à Paris en sa maison, sans que l'on puisse sçavoir qui en ont esté les autheurs.... Rotterdam, 29 nov. 1575. Monsieur mon frère. Je vous prie de me voulloir envoier le contract de mariage de moy et de ma femme, et davantaige je vous prie de vouloir assister Monsieur de MansardGa naar voetnoot(1), lequel j'envoye auprès de vous pour visiter | |
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Ga naar margenoot+mes papiers et pour en faire tirer des copies suivant ce que je luy en escritz. VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. La fuite du Duc d'Anjou avoit causé une grande alarme à la Cour, surtout aussi vû ses relations avec le Prince de Condé et le Duc Jean-Casimir: mais la Reine-Mère ‘le cajola si bien qu'elle le fit consentir à une trève de six mois, commençant au 22 de novembre:’ Mezeray, V. 202. Le 25 nov. il écrit de MontrenvelleGa naar voetnoot2 à Condé: | |
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Ga naar margenoot+c'est que je me réjouy de l'espérance de la paix qui se va monstrer par la treuve qu'on a présentement accordée, à ce que nous entendons. Dieu vueille qu'elles sortissent meilleur effect et plus ferme seureté que les accords auparavant faictz. Les mémoires tant fraisches ne vous laisseront estre abusés à crédit, comme j'espère; le sang espandu de vostre très honoré seigneur et père, après tant d'accords, vous endoctrine à suyvre la sagesse du serpent, et savons tous que beaucoup mieux vault la guerre ouverte que la paix fourrée. Les armes se voyent à l'oeil, de tant plus aisé c'est de s'en garder; le coeur se cache dedans où la veue ne pénètre point, dont le danger en est plus grand, tousjours pourpensé et jamais pourveu. Mais, comme j'ay déjà dist, j'espère que le tout est pourveu, et que vous autres Messeigneurs prendrés si bon ordre que, tout traihison estant bien esloigné, une ferme et bonne paix réussira, pour le bien de vos seigneuries et toute la France...’ (MS P.C. 399). | |
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