Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+mois passé.... Or, pour respondre à vostre lettre, et, en premier lieu, à ce que dictes que plusieurs et mesmes aulcuns des principaulx en Allemagne treuvent estrange que les Estatz et moy n'ayons jusques ores donné à congnoistre nostre faict à l'Empereur, aux Electeurs et Estatz de l'Empire, pour leur faire entendre l'équité et justice de la cause que défendons: je vous puis asseurer que je n'en suis pas moyns esbahiGa naar voetnoot(1), de tant plus que cela avoit si seurement esté promis au Conte de Schwartzbourg, comme aussi Junius n'a sceu aultre chose, sinon que ceulxGa naar voetnoot(2) qui estoient députez avecq luy debvoyent suivre bien peu de jours après son départ; je sçay assez que ce grand retardement ne nous apportera en Allemagne grand advantage, et que ce pendant noz ennemiz se seront trouvés à Régensbourg de bonne heure pour leur persuader que le bon droict est de leur costé; mais toutesfois je n'y sçay remédier, car il y a plus de quatre mois que j'ay, non seulement tous les jours, mais quasi à toutes heures, sollicité et admonesté les Estatz afin qu'ilz dépescheroient celuy qui pour l'effect susdict deb- | |
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Ga naar margenoot+voit aller pardelà, en quoy j'ay si peu prouffité que, pour le présent, il est encores icy. Procédant ceste tardance, pour vous parler rondement, la plus grand part pour la seule faulte d'argent que nous avons, n'estants assistés de personne du monde, et accroyssans noz charges de jour en jour.... Par mes lettres auparavant escriptes, vous pourrez congnoistre ce que depuis quelque temps ençà s'est passé en ce pays, et par cela colliger dont procède que le susdict député ne soit allé plustost vers Allemagne; et toutesfois par ainsi grandes difficultez, j'ay tant pressé que nostre Député est prest à partir d'icy à quatre ou cincq jours, et, suivant que m'escrivez, je le feray marcher droict vers Arnstadt. Quant à ce que m'escrivés que journellement se présente en Allemagne plusieurs bonnes occasions qui pourroient grandement servir au bien de la cause commune, si l'on donnoit les moiens nécessaires à ceulx qu'on pouroit commectre à la conduicte de tels affaires, à cela vous diray que nous nous trouvons icy aux mesmes termes, et que ne se pourroient présenter meilleures occasions pour advancer nostre faict, grever et endommager nos ennemiz que celles que se sont offertes depuis quelque temps ençà, et lesquelles s'offrent encores présentement; mais, comme cy dessus je vous ay dict, la faulte d'argent où nous nous retrouvons, nous faict non seulement perdre toutes ces bonnes occasions, mais encores nous cause les pertes et dommages depuis aucuns mois advenues; car si nous eussions présentement renfort de trois ou quatre mille hommes, nous pourrions, avecq l'aide de Dieu, donner telle trousse à noz ennemiz, qu'ilz | |
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Ga naar margenoot+se repentiroient d'estre venuz en lieu où ilz se sont maintenant plantés; mais à faulte d'argent perdons toutes ces bonnes occasions, et en lieu de nous renforcer des gens de service, sommes journellement abandonnés de ceulx que nous avons et desquelz pourrions tirer service; comme encores depuis peu de tamps aucuns sont partis de Hollande, parceque n'avons le moyen de les entretenir, dont pourrez comprendre si c'est à faulte de bonne volonté que souvent n'acceptons les choses qui se présentent, ou plustost à faulte de moyen. Pour le regard de l'Evesque de Frisingen, vous avez fort bien faict de faire entendre ses practiques à l'Evesque de Coloingne. J'ay aussi par ung gentilhomme exprès le tout donné à cognoistre au Duc de Clèves, d'aultant que par certaines lettres du Grand-Commandeur, interceptés par aucuns de noz soldatz, j'avoys cognu tout ce faict et menée. Si je puis en chose que conque favoriser l'Evesque de Brémen, je le feray très voluntiers, et [ne] pourra [que] servir que de vostre costé le tenés aussi en bonne dévotion, et aussi l'Evesque de Couloingne. De ce que m'escrivez de Fredrich Speed, il est ainsi qu'il m'a faict offrir son service, mais il n'y a entamé aultre chose pour ce coup. J'ay voluntiers veu par vostre lettre que le mariaige du Conte Albert de Schwartzbourg avecq ma soeur Julienne prend si bon train, espérant que le Sr Dieu leur accroistra tousjours de plus en plus tout bon contentement, et tel que je leur soubzhaitte de tout mon coeur. Quant à mon filz Maurice, n'ayant à peyne attainct la huyctiesme année de son aige, il me semble encoires bien | |
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Ga naar margenoot+jeusne pour estre mené à Heydelberch, le remectant néantmoings à vostre bonne discrétion. Je vous prie me mander de temps à aultre le succès qu'aura la levée de Monsr le Duc Casimir, et si bientost ses gens seront en campaigne. L'on nous bruyt icy que ceulx que Monsr de Clervant et Affestein menoyent, sont deffaicts en France. Pour nouvelles de par-deçà ne vous en sçauroys dire aultres que celles que par mes susdittes précédentes, et aussi dernièrement par le dit Commissaire Stentzel, vous aurez entendu. Bien que le lendemain de son partement, assavoir le xxxme du mois passé, l'ennemy print le fort de Bommenée d'assault, mectant au fil de l'épée tout ce qu'il y trouvoit en vie, pour se revanger des respoussemens qu'en deux assaultz précédens il y avoit endurez. Je vous ay aussi mandé que ceulx de Zierixzée avoyent commencé à capituler avecq l'ennemy, mais estans depuis les autheurs de laditte capitulation appréhendez, et menez hors la ville vers l'isle de Walcheren, les aultres habitans de laditte ville ont reprins couraige, de sorte qu'avecq l'ayde de Dieu, et moyennant le bon debvoir que me promectent les capiteynes et soldatz qui sont là-dedans, nous espérons garder laditte ville. En ces quartiers de Zuythollande, l'ennemy ne se remue encoires, mais se tient tousjours à l'opposite de l'isle d'IsselmondeGa naar voetnoot1.... Rotterdam, 11 novembre 1575.
VostreGa naar voetnoot2 bien bon frère à vous faire service,
Guillaume de Nassau. |
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