Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij* Lettre DLXXVII.
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Ga naar margenoot+devant la ville de Schonhoven, laquelle, ayant aussy serré de prez et battu d'une grande furie l'espace de deux jours, il l'obtint aussy par composition. Il est vray que de prime face cela estonna plusieurs, mais, reprenans incontinent couraige, ung chascun s'est mis en tel et si bon debvoir à fortiffier les villes et aultres places nécessaires et à pourveoir à tout aultre besoing pour la deffence du pays, que l'ennemy perdist bientost en ces quartiers toute envie de passer oultre et poursuyvre sa victoire, hormis qu'il est allé mectre quelques fortz devant la ville de Woerden pour la tenir ainsi serrée et séparée des aultres villes, en espoir de l'affamer avecq le temps; dont toutesfois nous espérons que le Sgnr Dieu préservera laditte ville. Depuis aussy, estimant l'ennemy faire meilleur prouffyct en Zeelande, a tourné une grande partie de ses forces vers ces quartiers-là, en intention mesmes, comme tous ses desseings ont assez démonstré, de prendre l'isle de Schouwen, et d'ung chemyn s'emparer de la ville de Zierixzee, laquelle il se promectoit, tant par les bonnes intelligences qu'il se vantoit avoir là- dedans, que par practycques: mais, grâces à Dieu, les Gouverneurs dudit quartier, avecq les Capitaynes et aultres, y ont miz tel ordre et se sont tellement deffenduz que l'ennemy a esté par deux fois repoussé comme il pensoit passer depuis Ste Annelandt, où il est logé, jusques en Duvelandt, ou les nostres sont, et cela avecq perte de quelques gens du dit ennemy, tellement que, comme les Gouverneurs m'escripvent, ilz ont bon espoir de tenir la ditte isle de Schouwen, moyennant la grâce de Dieu. Je leur ay envoyé quelques compaignies de ce quartier à leur assistance. Voilà, Monsieur mon frère, comme l'ennemy nous | |
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Ga naar margenoot+assault de tous costelz, nous ayant depuis aucuns mois ençà bien donné des alarmes et affaires. Nous nous deffendons le plus que pouvons et selon les moiens que Dieu nous envoye, puisque les hommes nous ont du tout abandonné, ce que toutesfois je crains sera encoires regretté cy-après par ceulx qui n'ont maintenant aultre soucy que se donner du bon temps: [deGa naar voetnoot1] nous, quand oires nous verrions non seullement délaisez de tout le monde, mais aussi tout le monde contre nous, pour cela ne nous laisseronsGa naar voetnoot2 jusques au dernier de nous deffendre, veu l'équité et justice du faict que maintenons, nous reposans entièrement en la miséricorde de Dieu, que, quand tout secours et espoir humain sera failly, Il nous assistera par la force de Son bras, tellement qu'Il nous relévera de tous maulx. Or, pour changer de propos, j'ay veu par voz deux dernières que demeurez toujours en la mesme peyne pour ne trouver moyen de remboursser le Conte Palatin, désirant à ce regard que je vous y assiste. Pour vous respondre à cela, je vous tiens mémoratyff des pregnantes raisons que, par aulcunes mes précédentes, je vous ay faict entendre, que pour lors il n'estoit au pouvoir des Estatz de ce pays de furnir à telle somme. Et veu les continuels assaultz que l'ennemy nous a donné depuis de tous endroicts, comme je vous ay escript cy-dessus, je vous puis asseurer qu'ils ont présentement beaucoup moindre moien à y satisfaire, desorte que je ne vous sçauroys encoires mectre en aucun espoir de recepvoir secours en cest endroict de ce costel, car ne sçauriez jammais croyre | |
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Ga naar margenoot+comme nos charges s'augmentent tous les jours, ce qui m'est bien une des plus grandes fascheries du monde, voyant que je ne puis vous relever de peyne, ainsi que je vouldroys bien. Quant aux affaires de celle de Saxe, ce seroit esté bien raison que ses parens eussent pourveu à son entreténement, ainsi qu'aultrefois je vous ay escript; mais veu qu'ilz en font difficulté, et que ce pendant elle demeure à vostre charge, je vous envoyeray mille florins pour en cela vous subvenir. Et entre taut me semble qu'il ne seroit hors de propos que vous eussiez toujours faict poursuycte vers les dictz parentz à ce qu'ilz pourvoyent à son dict traictement. Je vous prie m'envoyer par le premier le double de l'instruction donnée au Conte Wolff de Hohenlohe, lorsqu'il a esté envoyé vers le Duc de Saxe Electeur, et aussi ung du traicté de mariage passé entre moy et celle de Saxe... Dordrecht, 29 septembre 1575.
Depuis ceste escripte me sont venues nouvelles de Zeelande que l'ennemy, s'estant servy d'ung temps calme, a forcé noz gens en Duvelandt et s'est saisy de la ditte isle; ce que toutesfois ne s'est faict sans qu'il ayt perdu ung grand nombre de ses gens, mesmes bien de douze à quinze cens hommes, comme l'on me rapporte, pour la grande deffense que les nostres ont faict. Mais de nostre part y est demeuré mort Monsieur de Boisot, Gouverneur de WalcherenGa naar voetnoot(1), la perte du quel me poise beaucoup, poury avoir perdu ung gentilhomme saige, diligent, et aultant | |
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Ga naar margenoot+affectionné à nostre faict qu'aultre qui soit. Ce néantmoings, puisque la volonté de Dieu a esté telle, il nous fault conformer à icelle. J'entens au reste que ceulx de Zierixzee et aultres villes sont fort bien délibérés. Je vous advertiray de tout le succès. VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. A Monsieur, Monsieur le Conte Jéhan de Nassau Catzenellenbogen etc. mon bien bon frère. à Dillenborch. Le 30 septembre le Prince écrit de Dordrecht au Comte Jean de Nassau: ‘Monsieur mon frère, retournant présentement Monsieur de LeeffdaelGa naar voetnoot(1) vers Allemaigne, je n'ay voulu perdre si bonne occasion sans l'accompagner de ce mot de lettre, servant seullement pour tousjours me ramentevoir de tant plus en votre bonne souvenance, et d'une voye vous faire entendre de mes nouvelles, lesquelles, quant à ma santé et de ma femme, sont, grâces à Dieu, bonnes. Et au regard des affaires communes, l'ennemy nous assault de tous coustelz, et n'espargne forces ny moiens pour envahir nos places, ayant présentement tourné la plus grande part de toutes ses forces vers Zeelande, faisant tout effort pour s'emparer de l'isle de Schouwen. Nous nous deffendons le plus que pouvons, et selon les moiens que nous avons, ainsi que le Sr. de Leeffdael, ayant esté quelque tems icy et veu comment les choses se passent, vous fera bien entendre plus particulièrement, qui fera que, pour ne faire tort à sa suffissance, je ne m'extendray d'avantaige par cestes; seullement vous prieray le croire, sur ce qu'il vous dira de ma part, comme moy-mesmes (* MS).’ |
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