Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij* Lettre DLXXIII.
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Ga naar margenoot+veto; ‘à cela jepense quece Roy ne consentira jamais, ou je me trompe bien’ (ci-dessus, p. 80). Les Réformés étoient également décidés à ne point quitter le pays (Lettre 517). Plusieurs alloient jusqu'à vouloir exiger du Roi, en Hollande et Zélande, l'exclusion du culte Catholique. C'est ce qu'on lit en toutes lettres dans une Instruction pour les Commissaires, qui, ainsi que Wagenaar (VII. 31) le remarque, ne fut probablement pas arrêtée, mais qui néanmoins contient sans doute les exigences de plusieurs personnages influents: ‘De Religie soodanighe als wy nu hebben, met de exercitie daervan, ende verbodt van alle andere exercitie:’ v. Meteren, p. 96a. | |
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Ga naar margenoot+Prince étoit las d'une lutte longue et périlleuse: p. 96. Les informations qu'il prend p. 88, l. 7, et p. 118, l. 10, montrent de nouveau qu'il étoit de bonne foi dans ses tentatives pour arriver à un accord.-Le peuple étoit las de la guerre Les liens d'affection envers le Roin'étoient pas encore brisés. On écartoit l'idée d'une séparation complète; on croyoit que tôt ou tard tout rentreroit dans l'ordre accoutumé. Cette attente perce souvent dans de petits détails. Par ex., on s'abstint d'ajouter aux noms des Commissaires leurs qualités, vû qu'il y avoit parmi eux des Gouverneurs de villes et ‘ten eynde by de vyanden daaruyt egeenen voet en oorsaecke genomen en werde om in toekomende tyden eenighe Gouverneurs in de Steden en Plaetsen van Holland en Zeelandt te stellen:’ Resol. v. Holl. 1575. p. 60. | |
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Monsieur mon frère. Par vostre lettre du xxiiije jour du mois passé j'ay veu en quelle peyne vous estezpour le dilay du payement des vingt et deux mille florins avecq le cours ou intérest d'iceulx, dont par vos dittes lettres faictes mention, et aussy par diverses aultres précédentes m'avez escript; de tant plus pour la vive et continuelle instance et poursuyte que faict Monseigneur l'Electeur Palatyn pour avoir le remboursement de la somme susditte, comme le double de la lettre qu'il vous a puis nagaires escript le démonstre. Pour à cela vous respondre, je ne puis sinon vous confesser ce que très voluntiers et de bon coeur je recognoy, assçavoir que tant moy, comme tout ce pays de par-deçà, sommes très obligés, non seullement de vous satisfaire en cela, mais aussy de faire chose plus grande par laquelle puissiez cognoistre par effect que n'avons mis en oubly plusieurs bénéfices qu'avons receu | |
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Ga naar margenoot+de vous et par vostre bon moyen; mais d'aultre costel il fault aussy que je vous tienne mémoratyff des urgentes et pregnantes raisons que précédentement, par plusieurs aultres lettres, je vous ay faict entendre, pourquoy il n'estoit alors en ma puissance, ny celle des Estats de ce pays, de pouvoir aucunement furnir à la ditte somme, ponr les grandes et excessives charges que jusques icy ceste guerre a amené à ce petit coing de pays, ayant esté constraint de porter seul une dépence si exorbitante contre les plus grans et plus puissans Monarques de toute l'Europe, résistant à telles et si effroyables armées que l'on a faict et faict encoires journellement venir contre eulx de tous les boutz du monde, sans que aucuns aultres pays ou Princes et Potentats, par l'espace de quatre à cincq ans, leur ayent aucunement tendu la main, ny faict la moindre assistence du monde, quelques grans zélateurs de la Religion Chrestienne qu'aucuns pensent et vueillent estre; horsmis Monseigneur l'Electeur Palatin, vous et mes trois aultres frères, lesquels, oultre leur boursse et tous les moiens que le Sgnr Dieu pouvoit avoir concédé, n'ont aussy espargné leurs vies, ains les ont libéralement sacriffié pour ceste juste et équitable cause; et je vous puis asseurer, Monsr mon frère, que les mesmes raisons sont à présent encoires incitantes aultant que jamais, car puisque la communication de paix est rompue, et que par dessus les forces que l'ennemyGa naar voetnoot1 il les augmente encoires journellement, chacun peult considérer que pour lui résister (à quoy tout le monde est icy aultant délibéré et résolu qu'il fust oncques) il sera besoing d'y employer bons et grans moiens. Qui faict | |
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Ga naar margenoot+qu'encoires à présent je suis constraint vous dire ouvertement qu'il n'est en ma puissance, ny celle des Estatz, de furnir à la somme par vous demandée, comme aussy depuis quelque tems ençà j'ay escript le mesme à Monsr l'Electeur Palatyn, suppliant son Exc. d'avoir en cest endroict esgard aux raisons que je luy alléguois; car aultrement (et n'estoit l'empeschement que nous donnent les difficultés susdits et celles que tant de fois je vous ay faict entendre) pouvez estre tout asseuré que jamais ne vouldroys vous laisser en peyne, mais chercheroys plustost tous moiens possibles pour vous en relever, suyvant mesmes l'obligation que j'en ay pour tant de bénéfices de tout temps receuz de vous; mais comme aux choses impossibles personne ne peult estre obligé, aussy je me confie tant de vostre prudence et bonne discrétion que, considérant, à part vous, tout ce que dessus et l'estat de noz affaires, vous tiendrez et les Estats et moy excusés si ne satisfaisons encoires à vostre bon désir, de tant plus puis qu'estez si bien certain que ce n'est par faulte de bonne volunté, laquelle, tant que l'âme me restra au corps, ne me mancquera pour vous aymer, chérir, et servir par tout où mon pouvoir se pourra extendre. Quant à ce que désirez sçavoir comment vous aurez à rigler allendroict celle de Saxe, jadis ma femme, et où vous prendrez son alimentation, il me semble qu'il seroit bien raison que les parens d'elle portassent ce soing: et pourriez à ce regard mettre en considération s'il ne seroit pas bon de l'envoyer vers eulx, et en cas qu'ilz font reffuzGa naar voetnoot(1) de l'accepter ou eulx entremectre d'elle, vous | |
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Ga naar margenoot+pourrez faire quelque petit estat de ce que vous semblera elle aura besoing pour son entreténement et de ceulx qui sont près d'elle; et m'envoyant le tout avecq vostre advis, je vous fera[i] puis après tenir l'argent. J'ay veu ce que de rechieff m'avez escript du Mareschal de Couloingne le Sr de Horst, surquoy je ne vous sçauroys dire aultre chose sinon que je prens Dieu en tesmoing du désir que j'ay à luy complaire et faire tout plaisir et amitié, comme cy-devant je vous ay assez escript; mais n'estant en ma puissance de luy accorder sa demande, pour y aller de l'intérest de tout ce pays, duquel je suis tenu et obligé de procurer le bien et advanchement, je me confie tant de la prudence du dit Sr Maréschal que, considérant la raison et équité de ce faict, il se contentera de la bonne volunté que j'ay à lui faire tout plaisir et service en tout ce que ma puissance se pourra extendre: à quoy je vous prie, Monsr mon frère, le vouloir induire par toutes persuasions possibles. Au regard de ce que m'escripvez du mescontentement que l'Evesque de Coloingne auroit conceu contre moy pour les rapportz que luy seroyent esté faictz de ce que, par ma charge ou commission, les pacquetz et lettres que le grand Commandador et aultres luy escripvent, sont journellement volez et détroussez, je vous puis asseurer, Monsr mon frère, ne sçavoir du tout riens de cela, et encoires moins de ce que dictes qu'on faict entendre au dit Evesque de Coloingne que je le feroys aguetter par les chemyns pour faire tuer ou détrousser sa personne, n'estant ny l'ung ny l'autre oncques tombé en ma pensée: vous priant à ce regard de désabuser de cela le dit Evesque, | |
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Ga naar margenoot+et luy faire entendre que de ma part je ne désire qu'à luy faire tout plaisir et service. Touchant le mariaige de Madamoiselle d'OrangeGa naar voetnoot(1), je luy soubhaitte de tout mon coeur quelque bon party et qui fust à son contentement, et me pourrez à ce regard faire entendre ce qui se présente par-delà. Vous sçavez, comme estant encoires hors de mon bien, je n'ay le moien de la doter ainsi que je vouldroys, mais toutesfois ne vueillant en son endroict obmectre chose qui soit en ma puissance, et pour advancher l'affaire, si aucun se présentoit, vous pourrez de ma part promectre ung don de quinze à seize, ou vingt mille florins, en attendant que Dieu me face la grâce de luy pouvoir faire mieulx. Elle a aussy par-dessus cela quelques bagues et joyaulx qui ne sont de petit pris. Je vous escripvizGa naar voetnoot(2) le vije jour de ce mois le peu des nouvelles qui estoyent pour lors par-deçà, et la perte qu'avions faicte de Bueren et de l'isle de Clundert; depuis il a pleu à Dieu nous donner une victoireGa naar voetnoot(3) sur les navires de noz ennemis prez de Rosendael, et en sont esté bruslées jusques à douze des dits navires de nos ennemiz, tellement que plusieurs de leurs desseings en sont esté rompuz, pour le moins retardez pour ung temps. - La communication de la paix est entièrement rompue, sans qu'il y ait à espérer aultre chose pour ce coup, et tout pour les mesmes diffi- | |
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Ga naar margenoot+cultez qu'aurez entendu de nostre beau-frère le Conte de Schwartzbourg. Ceulx du costel du Roy n'ont aucunement voulu entendre à noz justes et équitables demandes, et nous estoit impossible, sans de faict advisé nous précipiter en nostre dernière ruyne, d'accepter les conditions qu'on nous proposoit, lesquelles je vous ay cy-devant envoyé par escript, desorte qu'il n'y a présentement plus aucun propos de paix. L'ennemy est venu depuis planter ung camp devant la ville d'Oudewater, laquelle il tient estroictement assiégée depuis dix ou douze jours, sans toutesfois que jusques icy il ait commencé aucune batterie. Ceulx de dedans la ville, tant bourgeois que soldats, sont fort bien animez. Noz ennemiz n'ont encoires entreprins aultre chose qui soit d'importance, bien qu'ilz vont menassans nous vouloir assailir de tous costelz, mais nous espérons que Dieu nous gardera, comme Il a faict jusques icy. Je vous donneray, de temps à aultre, advys de tout succès, et sur ce, pour fin de ceste, je présenteray icy mes très affectueuses recommandations en vostre bonne grâce, suppliant Dieu vous donner, Monsieur mon frère, en parfaicte santé heureuse et longue vie. Escript à Dordrecht, ce pénultiesme jour de juillet 1575.
VostreGa naar margenoot1 bien bon frère à vous faire service,
Guillaume de Nassau.
Je vous prie présenter mes très affectueuses recommandations en la bonne grâce de Madame ma mère, | |
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Ga naar margenoot+Madame ma bonne soeur, et toute la bonne compaignie. Monsieur, Monsieur le Conte Jean de Nassau, mon bien bon frère. Dillenborch. Brunynck écrit au Conte Jean de Nassau, de Dordrecht, 30 juillet 1575: ‘Monseigneur, par une lettre qu'il a pleu à vostre S. me faire escripre le xxvje jour du mois passé, joinctement le billet y enclos, j'ay veu la peyne en laquelle vostre S. est pour les charges qu'elle a du payement annuel de diverses pensions des deniers levez à intérest pour le service de Monseigneur le Prince, lesquelles pensions vous désirez que d'icy en avant puissent estre payez par son Ex. Je n'ay failly [aucune] occasion de faire du tout rapport à son Ex., luy faisant mesmes lecture du billet susdit, et ayant son Ex. le tout bien entendu, me commanda d'escripre à vostre S. que vueillez par le premier envoyer à son Ex. une déclaration et spécification desdittes pensions, ensamble des sommes capitales, afin que le tout veu par son Ex. elle vous puisse mander ultérieure résolution, à quoy je ne fauldray tenir la main, en tant que me sera possible... (MS.). | |
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Ga naar margenoot+pouvoir indispensable à cet effet; ni plus ni moins que le salut du pays ne l'exigeoit; ‘hebbende syne Exc. van hem zelfs noyt meer authoriteyts gesocht te hebben, ofte te nemen, als tot versekertheydt ende prosperiteyt des Landes noodigh en was.’ Res. v. Holl., 21 mai 1575, p. 312. - Comme de coutume, on avoit longuement délibéré. Le sentiment du danger imprima quelque vigueur à la marche de cette affaire. A mesure que l'espoir de la paix vint à s'évanouir, on comprit l'urgence d'un parti décisif. | |
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Ga naar margenoot+Hollant en Zeelant te handelen, is voor als noch voor dat Quartier van Hollandt alleenlyck geauthoriseert:’ l.l. 20 sept. 1575 p. 647. L'Union, restreinte à la Hollande, produisit alors peu d'effets. En 1576 le Prince observe: ‘De vijand heeft gesien hoe lange de Staaten deses Lands alsdoen (in 1575) versamelt waaren en die altercatien, questien en geschillen tusschen henluiden gereesen:’ l.l. 13 mars 1576, p. 15. Et, parlant de la nécessité de s'unir, il ajoute: ‘sulks als eensdeels op den 4 Junij II. geadviseert... en daarna solenneelijk onderteekent is:’ l.l. p. 14. | |
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Ga naar margenoot+nuelle, surtout au milieu de circonstances pareilles, étoit de nature à multiplier les entraves et à causer des désagréments continuels. Il est vrai, peu de semaines plus tard les Etats se défendent d'avoir jamais eu des intentions de ce genre. Ils ont entendu donner au Prince un pouvoir complet; s'ils y ont joint quelques articles sur la forme du Gouvernement, c'est d'après sa volonté; s'il manque quelque chose à son autorité, on y pourvoira. ‘Sy willen als Gedeputeerden verklaren dat zy noyt van andere meeninge geweest en zyn dan dat U.F.G. soude bevolen zyn de geheele en volkomen Regeringe... onder sulcken Tytel als daertoe bekwamelyckst met de meeste aensien en authoriteyt soude mogen dienen, ja als Grave van Hollant, sonder dat syluyden verstaen hebben deselve Overigheydt ofte authoriteyt te limiteren met eenige voorwaerden, restrinctien ofte wetten.’ l.l. 20 sept. p. 649. Il nous semble qu'on peut sans injustice attribuer cette espèce de rétractation à la manière d'agir ordinaire des Etats, qui, s'habituant à commander au lieu d'obéir, étoient néanmoins respectueux envers le Prince, parcequ'ils ne pouvoient encore s'en passer. C'est l'aveu naïf d'un historien, qui est assez constamment leur avocat: ‘De Staten (A.o 1574) hadden voor zich 't stuk der Regeeringe meer en meer aan te trekken. De Steden maakten er vooral haar werk van; schoon zy, begrypende hoe noodig zy thans den Prins van Oranje hadden, hem zeer naar de oogen bleven zien.’ Wagenaar, VII. 6. | |
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Ga naar margenoot+beert, niet alleenlyck by de Magistraten en Schutteryen van de Steden, maer oock by de Gemeenten, om des te meer en beter gehoorsaem te hebben:’ l.l. 21 mai, p. 313. Les Etats ayant répondu qu'on s'étoit contenté auparavant de rassembler les Chefs des Bourgeoisies et des Métiers, le Prince exigea que du moins cette réunion eût lieu: l.l. p. 311. Jaloux de défendre les droits du peuple contre l'aristocratie croissante des Magistrats, il vouloit l'indépendance du pouvoir central relativement à la protection des intérêts communs; mais il vouloit aussi, autant que possible, l'assentiment de tous, et, disposé à suivre en beaucoup de choses l'avis des Etats, il ne pouvoit souffrir que les Régences, formant caste à part, devenant les maitres de leurs commettants, vinssent se placer entre la nation et le Souverain. De même en 1574, lors des délibérations sur les moyens de sauver Leide, il voulut que les députés fussent accompagnés de quelques personnes ‘van de principaelste uit de Schutterye en Burgerye der Steden, niet van de wette wesende, die bij de gemeene Schutters, Gildens, of Borgers... daertoe zouden werden verkosen,’ Bor, p. 508a. | |
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Ga naar margenoot+mée, trois ou quatre Commissaires ou surintendants politiques; n'admettant en outre aucun Collège ou Consistoire sans l'avis des Magistrats: Res. v.H., 18 mai, p. 297. Ceci revenoit presque à la soumission de l'Eglise au pouvoir civil. Le Prince combattit ce dessein avec énergie et persévérance: les Etats de leur coté, montrant beaucoup de ténacité, n'y renoncèrent qu'en 1576: v.d. Kemp, l.l. p. 269-284. | |
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Ga naar margenoot+surer à tout événement des secours, que d'arriver promptement à un résultat final. Il ne veut rien brusquer; il veut laisser au Roi, aussi longtemps que possible, la faculté de rentrer par un accord dans l'exercice de tous ses droits. Voilà pourquoi les dispositions relatives au gouvernement sont provisoires: ‘zoo lange de landen in oorlog of wapenen zijn;’ et les actes de souveraineté continuent, quant à la forme, à émaner du Roi. Et lorsque le 9 juillet on nomma dans les Etats de Hollande des Commissaires pour délibérer avec le Prince de quelle manière on s'adresseroit à des souverains étrangers pour en obtenir du secours, il est stipulé très expressément: ‘sonder nochthans eenighe Potentaten in den Lande te laten, ofte deselve Staten van de Koninghlycke Majesteit te mogen afsnijden en separeren, ofte onder protectie van eenighe andere Heeren ofte Potentaten hen te begeven.’ Resol. v.H., 9 juillet 1575. p. 482. Ce ne fut que trois mois plus tard qu'il fallut aborder franchement la grande question du changement de Souverain. |
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