Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Lettre DLXVII.
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Ga naar margenoot+reste, malgré les négociations, la guerre, depuis son avénement, se continuoit partout. Monseigneur. Je répéteray en peu de parolles la cause et l'occasion pourquoy Monseigneur le Prince d'Orenge m'avoit dépesché ccs jours passez vers le Roy et le succès que j'ay eu de ma négociacion; car je m'asseure que ce gentilhomme frère de M. CapelGa naar voetnoot(1), lequel je trouvoy à la cour fort à propos, et auquel j'ay amplement exposé le tout, n'aura failly de le vous communiquer, suyvant la requeste et prière que je luy feys. Dont la substance est que, si comme le Roy avoit dépesché sur la fin d'avril vers mon dict Sr Prince d'Orenge le Seigneur de [ReversGa naar voetnoot1] avec créance et instruction pour le requérir et solliciter de sa part de s'entremettre et s'employer à la composition des troubles de son Royaume, son Exc. luy a faict déclarer la joye et grand contentement qu'elle a eue d'entendre l'inclinacion et disposition de Sa Majesté d'appaiser les troubles de son Royaume, de réconcilier ensemble en bonne union et concorde les volontez disunies et desjoinctes de ses subjectz et de leur accorder une bonne paix; en oultre luy a faict | |
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Ga naar margenoot+remonstrer non seulement qu'une bonne paix seroit pour son Royaume fort utile, mais aussi combien qu'elle est nécessaire qu'elle se face promptement, qu'il otte toutes occasions de deffiance et mescontentement, et réunisse les ceurs de ses subjectz, unicque moyen pour parvenir au comble de vraye gloire, victoire, et excellence; et finalement lui a faict dire qu'il s'estimeroit très heureux de pouvoir avancer par tous les moyens légitimes et honnestes une telle paix, et que, à ceste fin, il m'avoit dépesché pour faire déclaration à Sa Majesté de ce que dessus et entendre sur ce le bon plaisir d'icelle, et recevoir ces commandemens en ce quelle penseroit que le nom du dit Seigneur Prince ayt quelque vertu envers les députezGa naar voetnoot(1) de la paix ou aultres de leur parti, pour s'y employer fidélement de ceur et d'affection, suyvant sa charge, et en sorte que Sa Majesté en puisse recevoir contentement, et son Royaume, voir toutte la Chrestienneté (tant esbranlée par ces horribles divisions) fruyct et repos; me commandant que, si Sa Majesté déclaroit luy estre aggréable que moy, cogneu d'icelle et de ceux de la Religion, m'entremisse de sa part à la composition des troubles et traicté de la paix de son Royaume, je me y employasse en toute fidélité et rondeur Christienne, visant tousjours à la gloire de Dieu, advancement du règne de Jésu-Christ, à la conservation et heureux accroissement de la Couronne de Sa Majesté. Sur quoy le Roy, ex tempore, me donna ceste responce, suyvant laquelle a aussi esté dressée la dépesche, qu'il tenoit | |
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Ga naar margenoot+pour fort aggréable de voir la continuation d'une si bonne volonté et affection de Monseigneur le Prince envers luy, et sa promptesse; qu'il veoit bien par les effects qu'on n'a [ni] prouffité d'avoir volu oster à ceux de la religion de son Royaume de France l'exercice de leur religion, et pourtant qu'il a proposéGa naar voetnoot1 de gouverner ses subjects en toutte douceur et affection paternelle et de leur donner occasion d'estre aymé et obéy d'eulx, et conséquemment, nonobstant qu'il soit de la religion Catolicque, laquelle il debvroit avoir pour recommandée devant toutte aultre; que, pour obtenir l'effect susdict, il a accordé à ses subjects qui sont de la religion qu'on nomme réformée, beaucoup plus grande liberté de conscience et exercice de leur religion que jamais par cydevant a faict son prédécesseur, le feu Roy son frère; laquelle aussi il leur gardera et maintiendra fermement et infailliblement avec tous les aultres poinctz qu'il leur a accordé, dont il espéroit qu'ils se tiendront bien contens. Au demeurant que les députéz s'estoyent retirez pour faire le rapport à ceux qui les avoyent envoyez, qu'il eust bien désiré que je fusse arrivé devant leur département, ne faisant doubte que j'eusse peu faire des bons offices; touttefois qu'il prend la bonne volonté et promptesse du Seigneur Prince et la mienne pour l'effect. Voilà aussi en substance la mesme response tirée de la bouche du Roy que la Royne-mère m'a faicte et donnée à part. Et comme di scourant avec leurs Majestéz, entre aultres propos, je leur dys que Monseigneur le Prince d'Orenge et les Estatz d'Hollande et Zélande m'avoyent commandé d'aller trouver l'Empereur après que j'auroy | |
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Ga naar margenoot+exécuté ma charge en la Cour de France, ne leur célant aussi poinct la substance de nostre instruction à sa Majesté Impériale, leurs Majestéz, monstrans estre joyeuses de l'entendre, me dirent que en passant par Allemaigne je pourroy faire quelques bons offices, tant envers Monseigneur le Prince Electeur Palatin (dont ils sçavent que le crédict et autorité est très grande envers ceux de la religion) que envers vostre Exc., et requéroyent de moy bien expressément, en cas que le temps et mes affaires [le] souffrassent, d'aller en passant trouver vostre Exc. à Basle, à tout le moins je vous escripvasse et exhortasse d'accepter touttes les bonnes et raisonnables conditions de paix que le Roy vous a offert, et offre et présente, dont toutesfois on ne m'a oncques exhibé copie, mais bien dict de bouche les plus principaux. Or, Monseigneur, s'il y eust eu de la raison d'avoir faict difficulté de recevoir ceste charge, ce devoit estre (à mon avis) pour tant qu'il n'est pas en moy et en homme vivant de juger l'intérieur de l'homme qui consiste au ceur, dont Dieu seul est à bon droict appelé le scrutateur, et conséquamment que je ne puys sçavoir de quel pied on marche. Pour le second poinct que tant d'exemples et actes horribles de fresche mémoire, dont on a tant de fois rompus la paix, nous enseignent que tous ceux qui s'y sont meslez de telz traictez de paix, n'ont rapporté aucun honneur, ains plustost blasme; brief que le fondement de bonne asseurance est petit et au contraire l'argument de deffiance très grand; singulièrement d'autant que les aviz qu'on a receu de Rome portent que ce traicté de paix qui est en train avec ceux de la religion réformée de France, se faict et passe avec conseil com- | |
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Ga naar margenoot+municqué, et mesme avec aveu du pape, ennemy juré du règne de Jésu-Christ, de ses enffans, et du repos publicque. Mais d'aultre part aussi j'espère que vostre Exc., [et] tous Seigneurs et hommes de bon jugement qui me cognoissent et mes actions, jugeront que ceste même facilité et promptesse ne procède que d'un vray zèle et ardant désir, qui me pousse, de voir abbregé le temps et la fin de ces calamitez présentes, et de ne veoir point la totale et extrême ruyne de la povre France, dont elle est menassée, si la guerre se renouvelle; d'un désir, di-je, d'ayder à divertir ce grand orage et le faire tomber sur la teste de ceux qui ont esté les principaux auteurs de tous nos maulx et misères en France; brief d'un désir d'ayder fraudis fraude suâ prendi artificem, à quoy ayant trouvé les choses, tant en France qu'ailleurs, le mieux disposées du monde, je me soushaiteroy quelques peu d'heure auprès de vostre Exc. pour pouvoir discourir de bouche plus amplement avec elle touchant ce dernier poinct, dont je ne fay doubte elle prendroit bon goust et seroit d'iceluy le plustost persuadée. Mais le mal est que mes affaires ne permettent que je m'élongeGa naar voetnoot1 à présent de Heildelberg, d'autant que j'attens d'heure en heure nouvelles du arrivement de mes deux autres collégues et condelégués à Arnstat, ville de Monseigneur le Conte de [MargenbourgGa naar voetnoot2], qui est nostre rendé-vous pour aller de là de compaignie trouver l'Empereur. Mais si vostre Exc. se peult passer pour 7 ou 8 jours de Mr d'Argentlieu, l'envoyant icy à Heildelberg, j'espèreroy et mesme j'oseroy asseurer vostre Exc. que son retour luy apporteroit contentement et récompense du travail | |
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Ga naar margenoot+et du temps qu'il y auroit employé; car il apprendroit de moy choses dont je n'ose donner la créance au papier, et oultre ce tant l'estat des affaires de France (lesquelles j'ay apprins aucunement durant les 19 jours que j'ai faict séjour à la Cour) que entièrement celuy du Pays-Bas, duquel, durant trois ans, tant en ce qui concerne le faict de la guerre et de police, que le traicté de paix, qui est encores en train, pars magna fui. Or, espérant que vostre Exc. envoyera à veue de ceste le Sieur d'Argentlieu, je remettray à sa venue tout ultérieur discoursGa naar voetnoot(1). Le 6 juillet Schonberg écrit d'[Enckerich], au Comte Jean de Nassau: ‘Monsieur, je vous ay escrit par Docteur Junius, et supplié de me mander si les trois personnages de MayenceGa naar voetnoot(2), que sçavez, ont condescendu et entré en ce que vous doibviez offrir, affin que j'y fisse satisfaire, comme je suis tout prest de faire. Je vous ay aussi suppliéGa naar voetnoot(3) de vous trouver le 3m de ce moys à Coloigne; les eaux sont si basses qu'il m'est impossible de m'y rendre devant demain, vous suppliant encores ung coup bien humblement de vous y rendre dans demain au soir, ou après demain matin, car j'ay à communiquer avecques vous de chose d'importance, et désirerois bien que ce peult estre avant que de parler à Monsieur de Coulogne. L'espérance que j'ay de vous parler de bouche, me faict finir propos par mes plus humbles recommandations à vos bonnes grâces, priant Dieu, Monsieur, de vous donner en parfaicte santé, très heureux contentement.’ (MS.). |
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